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Thierry Masson : "Chaque Français sait qu’il peut compter sur la France"

Fort de quinze années d'engagement auprès des Français de l'étranger, Thierry Masson, candidat représentant le parti présidentiel Renaissance, aux sénatoriales, souhaite poursuivre son engagement à leur service.

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Écrit par Damien Bouhours
Publié le 23 août 2023, mis à jour le 25 août 2023

Pourquoi souhaitez-vous vous présenter aux prochaines Sénatoriales ?

 

Après quinze ans d’engagement auprès des Français de l’étranger, mon parcours m’amène naturellement à être candidat à cette élection. J’ai la conviction que c’est au Sénat que je pourrai être le plus utile aux élus. 

J’ai commencé mon engagement à l’échelon local dès mon arrivée en Belgique : Membre de l’Union des Français de l’étranger, délégué consulaire en 2014 après une campagne passionnante dirigée par Jérémy Michel, puis conseiller consulaire au décès de Catherine de Vallois. Je lui dois mon engagement auprès des associations françaises en Belgique. J’ai d’ailleurs depuis créé un site internet qui les recense toutes. Nous en avons plus de 150 !

C’est en tant qu’élu local que je me suis rendu compte du pouvoir de changement de la politique, de ses lettres de noblesse. J’ai été contacté il y a quelques années par des parents qui venaient d’apprendre que leurs deux adolescents étaient atteints par une maladie génétique, une myopathie de Steinert. Pour continuer leur scolarité avec les autres enfants du lycée français de Bruxelles, ils avaient besoin d’un accompagnant d'élèves en situation de handicap.

Or, seuls les parents boursiers bénéficiaient d’une prise en charge de tels frais par l’État à l’époque. J’ai saisi la députée Samantha Cazebonne de ce problème qui proposa dans son rapport d’élargir cette aide aux familles non-boursières. Le 13 août 2021, une circulaire venait appliquer cette recommandation. C’est pour ce type de moments que je me suis engagé en politique et que je veux continuer.

Je poursuis cet engagement à l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE). Avec le groupe « Indépendants, démocrates et progressistes » que j’ai l’honneur de présider, nous sommes parvenus à porter à la présidence de l’AFE la première femme présidente, Hélène Degryse. Grâce à Jean-Baptiste Lemoyne, ancien ministre des Français de l’étranger, et à l’action des conseillers de notre groupe à l’AFE, nous avons débloqué 500 000 euros de projets pour les associations françaises à l’étranger que l’administration avait refusé de valider du fait d’une lecture restrictive des critères d’attribution. Nous avons obtenu d’Olivier Becht, actuel ministre des Français de l’étranger, que toutes les résolutions adoptées obtiennent une réponse. Nous avons réussi parce que nous étions unis et parce que nous consultons largement en amont et en aval les élus locaux, y compris les délégués consulaires.

Ces résultats concrets bénéficient aux conseillers des Français de l’étranger. C’est pour eux que nous faisons ce travail et devant eux que nous sommes responsables. Je souhaite mettre l’expertise accumulée au fil des années, cette culture du résultat concret et cette méthode collective au service des délégués consulaires et des conseillers des Français de l’étranger au Sénat. Avec Cynthia Hajjar, numéro deux sur notre liste, impliquée depuis plus de 30 ans à Los Angeles, et les autres membres de ma liste, notre candidature à l’élection sénatoriale est la continuité de notre engagement pour les élus des Français de l’étranger. 

Les pouvoirs de l’AFE restent limités. C’est seulement au Sénat que je pourrai le plus efficacement les défendre et obtenir des résultats tangibles pour renforcer leur rôle et leur statut.

 

C’est pour eux que nous faisons ce travail et devant eux que nous sommes responsables.

 

Sous quelle étiquette vous présentez-vous ?

Notre liste a été officiellement investie par le parti présidentiel, Renaissance. Elle est composée d’élus issus de différentes sensibilités de la majorité présidentielle et d’élus qui se sont présentés comme indépendants devant les électeurs. Un peu plus d’un an seulement après la réélection du Président, il est de notre responsabilité de préserver le cap qu’il a fixé.

Comme Emmanuel Macron le rappelait avant l’été, “l'unité est la clé de la réussite, collective et individuelle." Ceux qui spéculent sur l’après-2027 tout en se réclamant de ses soutiens portent des coups à la majorité qu’ils devraient pourtant soutenir. Le moment du choix du candidat à la présidentielle viendra plus tard et je recommande à tous ceux qui souhaitent que la famille politique incarnée par le Président perdure après 2027 de soutenir massivement notre liste. Ce second quinquennat doit être un succès. C’est ce à quoi s'attelleront les élus de ma liste.

Au-delà des étiquettes, la force de notre liste est la relation de confiance que nous avons pu bâtir avec les conseillers des Français de l’étranger et les délégués consulaires au fil des années et les liens étroits que nous entretenons avec les parlementaires des Français de l’étranger et les membres du gouvernement. Notre liste a également reçu le soutien de la majorité des députés des Français de l’étranger.

 

 

Je souhaite mettre en avant trois défis majeurs : l’amélioration de nos services consulaires, l'enseignement français à l’étranger et le rôle de l’élu.

 

Vous sentez-vous proche des Français vivant à l’étranger ?

Totalement, j’ai vécu toute ma vie professionnelle à l’étranger. Je me suis engagé dès mon arrivée en 2006 à Bruxelles auprès de mes compatriotes installés en Belgique dans les mondes associatif et politique. La Belgique accueille une importante communauté française, estimée à environ 300 000 personnes. Elle a des préoccupations qui lui sont spécifiques tout comme celles vivant au Royaume-Uni, en Côte d’Ivoire ou en Chine, que connaissent très bien mes colistiers, Patricia Connell, Bruno Martinato et Ludovic Bodin qui y sont élus.

Toutefois, nous partageons tous la même identité en tant que Français de l'étranger. J’ai rapidement souhaité aborder les thématiques rencontrées hors de Belgique. Je me suis ainsi toujours mis à la disposition de mes collègues élus pour les aider lors des élections partout dans le monde ou pour aborder leur mandat. Lors de mes déplacements à l’étranger, je rencontre à chaque fois que c’est possible mes collègues. J’ai ainsi pu aborder un large spectre des problématiques qui touchent les Français de l’étranger. En tant que président de groupe à l’AFE, j’ai également connu une grande variété de situations.

Deux écueils sont à éviter lorsque l'on évoque notre communauté : décerner des labels de "vrais" Français de l'étranger et créer une opposition entre ceux originaires d'Europe et les autres. Ma liste dépasse ces clivages, c'est pourquoi j’ai tenu à ce que notre liste soit menée conjointement avec Cynthia Hajjar, conseillère élue en dehors d’Europe, et maintienne une parité entre les élus de ces deux zones.

 

Les Français expatriés peuvent se sentir, à tort ou à raison, parfois oubliés par l’État français. Quel est votre sentiment ?

Si certains Français ont ce sentiment nous devons y être attentifs. Cela ne nous empêche pas de nous rappeler la chance que nous avons. Nous avons l’un des systèmes d’aides sociales et d’aide à la scolarité les plus généreux au monde, que nous devons préserver, et un réseau d’enseignement exceptionnel qui évolue dans un système fortement concurrentiel. Je pense notamment aux établissements anglo-saxons et chinois. En tant que Français, nous bénéficions aussi d’une représentation politique locale avec les conseillers des Français de l’étranger et nationale avec les parlementaires des Français de l’étranger. L’Assemblée des Français de l’étranger émet également des avis auprès du gouvernement qui l’a consultée encore récemment sur la résidence de repli. 

Dans les moments de crise, chaque Français sait qu’il peut compter sur la France. En cas de conflits parentaux, de violences conjugales ou de difficultés de recouvrement de créances alimentaires, lorsque des mineurs sont en danger ou si des Français sont en détention, à chaque fois, ils peuvent compter sur l’aide de la France. Pendant la crise sanitaire, le gouvernement a débloqué un plan d’aide historique de plus de 200 millions d’euros.

Le reconnaître, ce n’est pas nier la nécessité d’améliorer ce qui doit l’être et d’aller encore plus loin. Je souhaite poursuivre et accentuer la prise en compte des Français de l’étranger de façon transversale et systématique dans l’ensemble des politiques publiques. C’est le sens des engagements présidentiels sur l’extension aux Français de l’étranger du passe culture pour nos jeunes, du passe langue française et du service national universel. C’est aussi le sens de mon engagement aux côtés d’Isabelle Wandelst, conseillère des Français de l’étranger, pour ouvrir aux travailleurs transfrontaliers les aides contre les effets de l’inflation ou la mise en place d’un simulateur d’impôts pour les contribuables français non-résidents.

 

Quels sont les principaux défis des Français de l’étranger ?

Je souhaite mettre en avant trois défis majeurs : l’amélioration de nos services consulaires, l'enseignement français à l’étranger et le rôle de l’élu.

L’amélioration de nos services consulaires est souvent le premier sujet qu’abordent les compatriotes qui nous contactent. Dans un contexte budgétaire tendu, et après des années d'attrition et de mauvais choix opérés sous les mandats des présidents Hollande et Sarkozy, notre gouvernement a pris l'excellente décision de créer à nouveau des postes de fonctionnaires. Pour la première fois depuis 30 ans, les effectifs augmentent à nouveau.

Par ailleurs, pour la prise de rendez-vous au consulat et le renouvellement des papiers d’identité, un ensemble d’actions a été mis en œuvre : envoi sécurisé des passeports par courrier, mise en place progressive de Service France Consulaire pour un support téléphonique rapide (22 pays aujourd’hui), nouvelle application de prise de rendez-vous en ligne et expérimentation à partir de mars 2024 au Canada et au Portugal du renouvellement de passeport sans rendez-vous physique au consulat.

Je sais qu’il reste des problèmes dans plusieurs postes. Nous en avons souvent parlé à l’Assemblée des Français de l’étranger. Si je suis élu, cette préoccupation sera ma priorité et je suivrai de près, avec le Gouvernement et les élus de l’étranger, les avancées dans ce domaine qui est le cœur de ce qu’attendent de nous nos concitoyens à l’étranger.

Dans l’enseignement, nous devons mener à bien l’objectif du doublement du nombre d’élèves d’ici à 2030. Outre le maintien du soutien puissant de l’État – un demi-milliard d’euros y est consacré cette année – nous devons utiliser l’ensemble de notre réseau et sa diversité : les établissements en gestion directe mais aussi les conventionnés et les partenaires.

Il faudra mieux accompagner les établissements candidats à l’homologation, mieux former le personnel tout au long de leur carrière, notamment du fait de l’augmentation de la part de personnels de droit local, valoriser les carrières des personnels détachés à l’étranger et trouver de nouvelles sources de financement. Enfin, alors que le nouveau ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, a décidé de s’attaquer au harcèlement scolaire, nous ne devons pas oublier cette question et celle de la santé mentale de nos élèves, à l’étranger également.

Concernant le rôle de l'élu, faisons le bilan de la loi Conway. Elle a permis d’élargir le collège électoral des élections sénatoriales. Il faudra certainement aller plus loin pour empêcher les pratiques frauduleuses. Mais elle a également affaibli les élus avec des moyens réduits et des compétences mal délimitées . La présidence des conseils consulaires par l’administration est aussi quelque chose sur laquelle la majorité actuelle a dû revenir au profit d’élus

Frédéric Schauli, conseiller élu au Luxembourg, a coordonné un travail sur plusieurs mois pour notre groupe à l’AFE. Je souhaite partir de là. Nous devons  mieux définir les compétences des élus pour éviter les différences d’interprétation entre les élus et l’administration. Je souhaite que les avis des conseils consulaires soient davantage considérés par l'administration dans leur domaine de compétences, et que l'AFE ait un véritable contrôle sur son propre budget. Avec Noémie Green, membre de notre liste élue en Suède, nous voulons mieux associer les élus locaux aux évènements qui touchent la communauté française. Enfin, nous devons réévaluer les indemnités des élus pour que les frais réels engagés dans le cadre de leur mandat soient couverts et l’inflation prise en compte.

 

Dans les moments de crise, chaque Français sait qu’il peut compter sur la France. En cas de conflits parentaux, de violences conjugales ou de difficultés de recouvrement de créances alimentaires, lorsque des mineurs sont en danger ou si des Français sont en détention, à chaque fois, ils peuvent compter sur l’aide de la France.

 

Comment voyez-vous le rôle de sénateur ?

Je souhaite mettre fin à une vision clientéliste du rôle de sénateur. Je perçois le rôle de sénateur comme celui d'un véritable vecteur de changement systémique. Il ne s'agit pas simplement pour moi de répondre à des besoins individuels ou de régler des problèmes isolés. 

A l’image du travail mené par David Franck, numéro 3 sur notre liste, lors du rapatriement des Français d’Ukraine, mon objectif, en tant que sénateur, sera de chercher des solutions qui s’attaquent à la racine des problèmes avec les élus  afin d'apporter des changements durables et profonds. Je travaillerai avec le gouvernement en amont pour mettre en œuvre des solutions horizontales dont les conseillers pourront se prévaloir auprès des concitoyens, en réponse de leur cas individuel.

Je suis par ailleurs convaincu de la nécessité d'intégrer les innovations technologiques dans le travail sénatorial, en particulier les technologies civiques (civic tech). Ces outils ont le potentiel de renforcer la participation des élus locaux et des citoyens dans les débats et décisions du Sénat. En les utilisant, je souhaite rendre le travail sénatorial plus transparent, inclusif et démocratique, tout en garantissant une collaboration efficace et une meilleure représentativité des élus.

Enfin, la dimension de contrôle et de surveillance est essentielle dans le mandat sénatorial. À titre d'exemple, je souhaite relancer l’idée émise par Anne Genetet, députée des Français de l’étranger, d’une mission parlementaire dédiée à la Caisse des Français de l’étranger. Aujourd’hui, le Liban, comme me le soulignait notre colistière, Rola Assi, et la Thaïlande sont victimes des errements dans la gestion de cet organisme avec un changement de zonage responsable de remboursements à la baisse.

La mission pourrait, par exemple, examiner l’évolution de la masse salariale à la lumière de l'automatisation de certaines tâches et évaluer la pertinence des investissements financiers. Il est primordial de veiller à ce que les institutions et organismes qui servent nos concitoyens, ici ou à l'étranger, fonctionnent avec efficacité, transparence et dans l'intérêt de tous. C'est avec une telle rigueur que je compte exercer mon rôle de sénateur.

 

 

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