Dans la nuit du 18 juillet 64 après J.-C. éclate un effroyable incendie à Rome, dans la zone du Circus Maximus. Après six jours et sept nuits de ravages, il reprend le 24 juillet : neuf jours en tout.
Au moment des faits, l’empereur Néron a 27 ans et entame sa dixième année de règne tandis que l’Empire romain est au maximum de sa puissance. Lorsque la catastrophe touche à sa fin, 12 000 immeubles sont anéantis, le nombre exact de morts n’est pas établi mais s’élève au moins à plusieurs milliers, 200 000 habitants se retrouvent sans-abris et seules quatre régions (quartiers) qui constituaient la ville demeurent intacts, à savoir I Porte Capène, V Esquilies, VI Alta Semita et XIV Transtévère.
Un feu dévastateur
À cette époque, Rome compte près de 800 000 habitants sur 13 kilomètres carrés. L’espace urbain est majoritairement occupé par des temples, des monuments publics, des palais sur la colline du Palatin ainsi que vers les Forums et la Via Sacra. Les rues sont extrêmement étroites pour la densité de population. Le peuple vit dans des immeubles très hauts appelés « insulae », surpeuplés et sombres. Aux derniers étages de ces immeubles se trouvent les habitants plus pauvres qui n’ont accès ni à l’eau, ni aux sanitaires. Alors, ils utilisent des braseros pour cuisiner et se chauffer, ce qui n’a pas manqué de causer de nombreux incendies auparavant. Seulement, ces derniers restaient autrefois confinés dans un seul et même quartier, ce qui ne fut pas le cas de ce Grand Incendie.
Le feu démarre dans une petite boutique près du Circus Maximus, vers la colline du Palatin où se trouve le palais impérial. Les six premiers jours, une partie colossale de la ville est ravagée par les flammes, de même que le palais.
Au début des évènements, Néron se trouve dans son domaine à Antium, sur la côte tyrrhénienne. Il ne rentre à Rome que deux ou trois jours après le départ du feu, après avoir été averti des risques qui pèsent sur son palais avec la propagation de l’incendie.
Incapable dans un premier temps de savoir comment réagir face à l’urgence de la situation, Néron prend finalement plusieurs mesures concrètes. Il offre à la foule de sans-abris un refuge dans les zones préservées à l’ouest de la ville (soit au Champ de Mars, soit sur la rive droite du Tibre – dans la région actuelle du Vatican –) où il possède des jardins. Il fait également construire des centres d’hébergements d’urgence tandis que les moyens de subsistance sont accessibles à tous à prix raisonnable, grâce aux apports massifs de blé en provenance du port d’Ostie et de la campagne avoisinante. Il paie également de sa poche pour aider les sinistrés du feu.
Honte à qui peut chanter pendant que Rome brûle
En dépit de ses efforts, Néron fait face à des rumeurs : l’empereur aurait, face à la ville en feu, chanté sur le thème de la prise de Troie, séduit par « la beauté des flammes » (d’après Suétone). Certains disent qu’il aurait fait allumer le feu lui-même, convaincus que Néron aurait profité des effets du drame à ses propres fins. Il aurait utilisé une portion conséquente de terrain brûlé après le désastre pour construire son nouveau palais et a fait reconstruire les rues de Rome de manière plus larges (peut-être une façon aussi de prévenir la propagation de futurs incendies).
Néanmoins, rien n’assure que le feu n’ait pas été un simple accident : ce n'était ni le premier, ni le dernier incendie accidentel que la Rome antique ait connu dans son histoire (en 80 après J.-C., l'empereur Titus connaîtra aussi un tel désastre). Aujourd’hui, les historiens soutiennent en majorité la thèse accidentelle.