Le scoutisme en Pologne, un mouvement intemporel qui regroupe 157.000 adeptes

Un peu d’histoire entre Robert Baden-Powell et Andrzej Małkowski 

Le scoutisme est un mouvement de jeunesse créé en Angleterre par Robert Baden-Powell au début de 20e siècle. Basé sur les idées de solidarité, d’entraide et de fraternité, il avait pour but d'éduquer les jeunes et d’encourager leur développement personnel : physique et mental.

Andrzej Małkowski est quant à lui considéré comme le fondateur de harcerstwo, la variante polonaise du scoutisme. Déjà en 1909, quand les informations sur les idées de Robert Baden-Powell sont arrivées en Pologne, Andrzej Małkowski participait déjà aux organisations indépendantistes. Puisqu’en ces temps-là, la Pologne était rayée de la carte après les Partages (Partitions), ces associations illégales avaient pour but former les jeunes Polonais pouvant réupérer l’indépendance et mener la nation. Comment ? En les faisant s'entraîner sur des aspects comme l’endurance, le sport, l’importance de la volonté, l’abstinence, on formait une génération forte et coopérative. C’est ainsi qu’ont été créés les premiers groupes de scouts - Andrzej Małkowski ajoutant au scoutisme cette idée de lutte pour l'indépendance de la Pologne.

Les scouts polonais ont joué un rôle important pendant la Seconde Guerre Mondiale. Auprès de la collaboration avec l’armée et les actions militaires prises envers les nazis, même les adolescents s’engageaient dans la lutte. Ils sabotaient la propagande allemande (affiches, dépliants ou drapeaux), aidaient aux dépôts d’armes ou en tant que secouristes, ou encore ils menaient des centres d’aide aux orphelins polonais, comme la femme d’Andrzej Małkowski, Olga Drahonowska-Małkowska.

 

Qu’en est-il pendant le communisme du scoutisme ?

Le scoutisme a continué durant la PRL (Polska Rzeczpospolita Ludowa), toutefois le gouvernement a commencé rapidement à intervenir. Au fil du temps le mouvement est devenu un outil des Soviets pour influencer les jeunes, fonctionnant de plus en plus dans les écoles, avec des chefs scouts remplacés par des enseignants communistes. En signe de protestation contre la propagande, ont été créés des groupes de scouts illégaux.

 

Et aujourd’hui : comment ça se passe ?

Le scoutisme polonais d’aujourd’hui est sans aucun doute plus diversifié, au niveau des traditions, pratiques, uniformes et activités. Le plus souvent, on parle des deux associations nationales les plus grandes : ZHP et ZHR. 

 

En additionnant leurs statistiques de 2022, le nombre des scouts polonais est d’environ 157.000, sans y compter des organisations locales : au champs d’activité concentré dans une ville ou une municipalité. Par exemple, le cercle des scouts Drzewo Pokoju, d’environ 150 membres, qui marche à Gdynia et à ses environs depuis les années 2000.

 

Les scouts polonais fonctionnent en groupes de 15-30 personnes : drużyny, divisés encore en zastępy de 5 à 10 scouts. Leurs rencontres, chaque semaine, consistent en des activités différentes : chasse au trésor, premiers secours, histoire de la Pologne ou de sa ville natale, exploration de la nature, feu de camp… Elles sont organisées non seulement par les chefs scouts adultes, mais parfois aussi par les enfants de douze ou quatorze ans, qui « mènent » leurs zastępy (patrouille). Voilà comment les jeunes apprennent très tôt à gérer une équipe et à organiser le temps aux autres.

Pour chaque scout le point culminant de l’année c’est sûrement le camp d’été. Dans la forêt profonde, au bord d’un lac ou d’une rivière, ils sont livrés à eux-mêmes. Des tentes militaires avec des lits bricolés avec des branchages, la cuisine au feu et deux ou trois semaines sans électricité ni eau courante : pour les non-initiés c’est la torture, pour les scouts, de merveilleux souvenirs…

 

Les scouts sont-ils religieux ou marqués politiquement ?

Les associations en Pologne sont toujours apolitiques, mais la réponse à la deuxième partie de cette question n’est pas si simple. En général le scoutisme est catholique, mais cela dépend tout de même de l’organisation. Par exemple, au sein du ZHP, les scouts peuvent choisir leur promesse avec ou sans le fragment : « servir Dieu » tandis qu’au sein du ZHR, les chefs scouts sont toujours religieux. Pourtant, même en promouvant la foi entre les scouts, personne n’est exclu à cause de l'appartenance à une autre religion.

 

Paroles de scouts : pourquoi le scoutisme attire-t-il tant de jeunes… et les adultes continuent la tradition ?

Wiktoria, 13 ans et guide depuis 2 ans explique : 

« J’ai découvert les scouts par mon amie et j’ai rejoint l’organisation à l’initiative de ma mère. Tout simplement, j’adore être guide : j’adore les gens là-bas, toutes les rencontres et les voyages faits avec eux. En plus, je suis fière d’être patriote, de connaître l’histoire de la Pologne, et de pouvoir faire quelque chose pour mon pays. »

Du côté de Witek, 14 ans : « Dans ma famille on a toujours apprécié les scouts, donc quand mon cousin a trouvé un groupe, j’ai décidé de l’accompagner. Après 4 ans je n'en ai toujours pas marre, car c’est un endroit où je rencontre plein de gens supers, avec les mêmes valeurs dans la vie et avec lesquels j’adore passer du temps ».

L’ambiance familiale, la fraternité, des amitiés pour toute une vie… ce ne sont pas les uniques raisons qui poussent les adolescents à rejoindre les scouts. Nombreux sont les adultes qui continuent à être scouts, en tant qu’animateurs, organisateurs ou même cadres. 

Voici Zuzanna, présidente du cercle Drzewo Pokoju : « Dans notre communauté nous avons un impact réel sur son développement. Malgré les apparences, cette situation est assez rare dans la vie d’une jeune personne, on peut y apprendre beaucoup. Je peux ainsi développer mes compétences de gestion, d’organisation, de travail en équipe et être satisfaite de co-créer un changement social réel. C’est ma motivation : rendre le monde meilleur est possible. »

Quant à Tobiasz, 23 ans, dont l’aventure avec les scouts dure déjà presque 10 ans :

« Dans ma vie en tant qu’adulte je veux montrer aux jeunes les valeurs qui sont importantes pour moi. C'est pour cette « mission pédagogique » que je continue d’être scout. Pour moi, le scoutisme, c’est la proximité avec la nature, Dieu, le patriotisme et la famille, et ce tout définit la manière dont je veux me développer et aider les autres à le faire. Une autre raison : les scouts sont les personnes avec lesquelles je me sens bien et avec lesquels mon « service » n’est pas un devoir, mais un plaisir ».

En plus, le scoutisme c’est aussi le développement de soi-même, ajoute Hania, 22 ans. Pour elle, les scouts forment « La communauté qui me donne un sentiment de sécurité, et où je peux compter sur le soutien de plus expérimentés. C’est mon endroit idéal pour progresser. Ici, les erreurs sont une nouvelle chance et l’occasion d'apprendre ; au lieu de parler de problèmes, on pose des défis. Grâce à cela, je peux m’améliorer. »

Hania argumente, consciente que tant qu'on n’a pas vécu l’expérience du scoutisme, vu de l’extérieur cela peut paraître sectaire :

«  Le phénomène du scoutisme et son ambiance spécifique n’est pas facile à expliquer. Il faut peut-être l’expérimenter soi-même, au clair de feu de camp, en chantant avec ses vrais amis… Nous espérons que vous y arriverez une fois cette occasion ! »

 

Czuwaj!  Toujours prêt!