Découvrez les 4 finalistes du Trophée Culture/Art de Vivre des Trophées des Français de l’ASEAN, parrainé par TV5MONDE.
Avant que les lauréats ne soient dévoilés lors de la cérémonie le 4 décembre prochain à la Résidence de France, découvrez les profils exceptionnels des 4 finalistes du Trophée Culture/Art de vivre des Trophées des Français de l’ASEAN, parrainé par TV5MONDE. Qui pour succéder à Guillaume Levy-Lambert ?
Quentin Delorme, fondateur d’ATH (Vietnam)
Quentin Delorme est un passionné de théâtre dont le parcours audacieux l’a conduit à transformer la scène culturelle du Vietnam, inspirant jeunes et adultes francophones à travers l'art.
Il quitte la France en 2010 pour s’installer en Asie du Sud-Est, désireux de transformer sa passion en opportunités professionnelles. En 2011, il ouvre des clubs de théâtre dans des écoles vietnamiennes et, deux ans plus tard, fonde sa propre école, l’ATH - pour Atelier Théâtre et Arts - pour les francophones de Hanoï. En seulement trois ans, l’ATH se diversifie pour inclure des cours de langues et toutes les formes d'arts de la scène, attirant un public de plus en plus large. En 2019, l’école compte 400 élèves inscrits et touche près de 15.000 jeunes à travers des ateliers et des camps “tout le principe d'ATH est basé sur le développement humain à travers les outils du théâtre” explique Quentin.
Son équipe s'agrandit au fil des années avec 15 enseignants et 6 membres du personnel administratif. Mais la pandémie de COVID-19 est un tournant pour Quentin Delorme et son équipe. Les défis financiers et logistiques sont immenses, l’équipe se réduit. Mais le passionné de théâtre réagit et réoriente l’école vers une double mission d’éducation et de production artistique, notamment grâce à une collaboration avec Primark, distributeur de vêtements.
En 2022, Quentin concrétise son rêve en ouvrant le premier théâtre indépendant de Hanoi, “la capitale vietnamienne est très pauvre à cet égard. La musique a du mal à survivre, le théâtre et la danse sont quasi inexistants. Au fil des années, nous avons réalisé une vraie proposition culturelle à la communauté française et vietnamienne et enrichi la scène artistique de Hanoi”. Je n'ai encore rencontré personne ayant réalisé le même type de projet” confie-t-il. En 2024, avec 22 ans d'expérience théâtrale, Quentin a dirigé 23 productions et enseigné à plus de 6.000 élèves, allant des jeunes enfants aux adultes, touchant toutes les classes sociales au Vietnam : “J'ai toujours pensé que l'art devait exister pour apporter du bien à la société et c'est à travers ce projet que j'ai pu réaliser ce rêve, celui de faire du bien.”
Gabriel Laufer, musicien Duo MADE (Indonésie)
Né à Bruxelles dans une famille franco-belge passionnée de musique, Gabriel Laufer a suivi un parcours exceptionnel où se mêlent musique, transmission et valorisation de la culture indonésienne. Percussionniste diplômé du Conservatoire de Bruxelles, il découvre la richesse de la culture indonésienne en 1996 et s’initie au gamelan, un orchestre de percussions traditionnel indonésien, grâce à une rencontre marquante avec le musicien balinais I Made Wardana. Ensemble, ils forment le Duo MADE et tournent en Europe et remportent le prix du meilleur spectacle de l’année en 2003 pour La Princesse de Babylone, décerné par le gouvernement belge. “J’aime partager ma passion au grand public et créer des ponts entre nos cultures en mettant en valeur tout ce qui les unit” explique notamment le musicien.
En 2013, Gabriel quitte son poste de percussionniste à l’Opéra Royal de la Monnaie pour s’établir à Jakarta, où il enseigne la musique au Lycée Français Louis-Charles Damais depuis 2014. Il y prend également le rôle de référent culturel et fonde le groupe jazz-musette Les Ronchons, intégrant des musiciens locaux et se produisant régulièrement dans des événements diplomatiques. Passionné par les échanges culturels, il s’attache à faire découvrir aux élèves la culture indonésienne à travers des journées thématiques, consacrées au gamelan, au wayang, à la danse balinaise et plus récemment à la culture Betawi propre à Jakarta.
En 2019, pour célébrer les 70 ans de relations diplomatiques franco-indonésiennes, Gabriel Laufer dirige Impressions Universelles, un concert inspiré de l’Exposition Universelle de 1889 où les danses javanaises avaient envoûté Debussy et influencé la musique moderne occidentale. Cet événement, soutenu par l’Institut Français et l’Ambassade de France, met en avant “la beauté et la force éblouissante des deux cultures forçant une admiration mutuelle” selon l’artiste. Soucieux de mettre “toute son énergie et sa passion pour lier les cultures françaises, occidentales et asiatiques indonésiennes par l’enseignement et les arts”, Gabriel est fait Chevalier de l’Ordre de la Couronne de Belgique en 2021.
En 2023, il concrétise l’un de ses projets les plus ambitieux en créant l’opéra Panji Semirang, une œuvre rendant hommage à l’histoire et aux traditions javanaises et balinaises, inspirée des contes Panji, inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Présentée en avant-première au Festival des Arts de Bali, cette création valorise cinq formes d’art indonésien et sera de nouveau jouée à Jakarta pour la célébration nationale du Hari Wayang en novembre 2024.
Pom Madendjian, fondatrice du Festival international des Auteurs francophones en Malaisie (Malaisie)
Pom Madendjian a grandi dans un environnement international. Expatriée jusqu’à ses 18 ans (Arabie Saoudite, Yemen, Vanuatu, Luxembourg et Liban), elle rentre en France pour ses études et début une carrière dans la publicité et les médias (Groupes Publicis et Lagardère). Mais le virus de l’expatriation ne la quitte pas, cette fois-ci en tant que conjoint-suiveur, et lui permet de se réinventer: “J'ai profité de notre installation 2 ans au Mexique pour me réorienter vers une passion ancienne : l'écriture. J'ai lancé un blog lifestyle et familial (maintenu sous différentes formes jusqu'à ce jour) et réussi à faire éditer mon premier roman (La Folle Aventure d’une Mère de Jumeaux, Ed. Infolio)”. Chaque nouveau moment de vie à l’étranger lui a permis de réaliser d’autres projets comme la création d’une agence de voyage en Afrique du Sud.
Un festival pour « soutenir tous les auteurs francophones habitant en Malaisie »
La littérature redevient sa priorité après son arrivée en Asie : “Arrivée au Vietnam en 2021, j'ai choisi de reprendre le chemin de la culture en acceptant de prendre le poste de Responsable Asie de Rencontre des Auteurs Francophones, réseau littéraire international francophone majeur dans le monde. J'ai alors lancé le premier Salon du Livre Francophone de Ho Chi Minh en mars 2022, dont l'équipe restée en place prépare actuellement la 4ème édition.”
Installée depuis 2022 à Kuala Lumpur, Pom devient rédactrice en chef de Gazette, le seul magazine francophone de Malaisie et se décide à adapter le succès de son festival littéraire : “J'ai continué sur cette lancée de développement de la francophonie et de soutien de la culture en français en Asie du Sud-Est, avec la mise en place du premier salon du livre francophone de Malaisie : le "Festival international des Auteurs francophones en Malaisie" qui a eu lieu en mars 2024.” Devant le succès de la première édition, le deuxième est déjà annoncé pour mars 2025. “La francophonie en Asie du Sud-Est est quasi inexistante. Avoir réussi, en seulement trois ans, à mettre en place et pérenniser deux salons du livre francophones (Vietnam et Malaisie, les seuls de la zone), financés par les institutions françaises et francophones officielles mais aussi les entreprises privées qui croient en la puissance d'un écosystème francophone culturel et économique renforcé, est je crois une très belle performance.”, se réjouit-elle.
Betty Tuffé, fondatrice de Studio BTY (Singapour)
Betty Tuffé est architecte diplômée de l'ESA à Paris. Arrivée en 2019 à Singapour, elle perd son travail à cause de la pandémie. Elle décide de monter son propre studio, en septembre 2020. Studio BTY est une agence pluridisciplinaire où elle continue son activité d'architecte mais aussi de design avec une approche locale et « made in Singapore » de produits qu'elle dessine et fabrique sur le territoire. “En créant mon studio, je me suis rappelée pourquoi j'aimais tant mon métier!
Remettre l'humain au cœur de ma profession, la pluridisciplinarité de l'architecture, avec de l'histoire, du dessin, du travail manuel, de l'informatique me permettent de passer des journées stimulantes et passionnantes.”, explique-t-elle.
Betty a également imaginé un workshop dédié aux 8-17 ans durant lequel, les élèves découvrent le métier d'architecte à travers une initiation à l'architecture d'une semaine. De quoi créer des vocations et promouvoir une approche durable de l'architecture pour les jeunes générations. “C'est une chance de pouvoir enseigner l'architecture à des enfants de cultures différentes, grâce à leurs expériences passées à travers le monde, ils ont déjà pleinement conscience que la culture, le climat, l'histoire modulent le paysages des villes dans lesquelles ils sont passés. Valoriser le travail manuel de la maquette en appliquant la théorie de l'architecture est un des points forts de l'atelier. A travers la culture architecturale, des plans et la maquette, mes petits prodiges imaginent leur propre projet d'architecture.”, souligne-t-elle. Son travail pédagogique se poursuit aussi au plus haut niveau : “J'ai aussi pu encadrer des futurs architectes à l'université Polytechniques de Singapour (SP) lors de workshops.”
Studio BTY se développe aujourd’hui avec de nombreux nouveaux partenariats : avec les écoles internationales telles que l’IFS, Stamford American International School et Dover Court qui permettent aux enfants de découvrir le monde de l’architecture de manières ludiques avec des ateliers après les cours ou pendant les vacances scolaires. Ensuite les institutions gouvernementales singapouriennes qui commandent régulièrement des ateliers afin de promouvoir le patrimoine local: NPArk et l’UNESCO ont organisé des ateliers sur un bâtiment du botanic Garden en juin 2024. La National Library a organisé une exposition sur le patrimoine brutaliste en mars 2024 et Betty a pu imaginer et créer de nouveaux ateliers autour de ce thème.