Aujourd’hui, Giulio Regeni aurait fêté ses 33 ans. Pourtant à la suite de sa disparition le 25 janvier 2014, son corps sans vie et torturé a été retrouvé le long d’une route égyptienne.
Le meurtre de Giulio Regeni continue d’indigner les Italiens qui, depuis presque cinq ans, demandent justice. L’étudiant italien à l’Université de Cambridge a été capturé et torturé à mort pendant près de 9 jours par, semble-t-il, les services de sécurité égyptiens. Son corps a été retrouvé le 3 février 2014 le long d’une route reliant le Caire et Alexandrie. Il sévissait alors en Égypte pour y effectuer des recherches dans le cadre de son doctorat et s’intéressait notamment aux syndicats égyptiens, un sujet épineux et délicat pour le pays.
Des enquêtes infructueuses
Depuis 2014, les polices égyptienne et italienne enquêtent sur les causes et le motif de la mort du jeune étudiant italien. La première enquête menée par la police égyptienne a justifié les blessures et la mort du chercheur par un accident de la route, une conclusion rapidement évincée. Par la suite, les enquêteurs égyptiens ont abordé l’hypothèse d’un crime à caractère sexuel, version également abandonnée. L’enquête a pris un tournant grâce aux résultats obtenus suite aux autopsies. En effet, le rapport des médecins légistes italiens a mis en évidence de nombreuses marques sévères de tortures, des lésions notamment provoquées par des coups ainsi que le recours à des armes blanches et des bâtons. Des marques et des techniques de torture qui seraient employées par les services égyptiens. Puis, le 24 mars 2016, la police égyptienne a arrêté et abattu quatre hommes, ces derniers étaient accusés d’être responsables de l’enlèvement de l’étudiant. Néanmoins, ces conclusions ont été, dans un second temps, démenties par le bureau du procureur du Nouveau Caire.
Des tensions entre l’Italie et l’Égypte
Alors que les rapports entre l’Italie et l’Égypte étaient auparavant cordiaux et déployés vers des accords économiques, la découverte du corps de Giulio Regeni a avivé de nouveaux conflits sur le plan diplomatique. Le ministère italien n’a cessé de demander des réponses et des explications auprès des autorités égyptiennes sur la cause de la mort de l’étudiant, un crime qui a par ailleurs été sévèrement condamné par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Angelino Alfano. Dès le début de l’enquête, l’Italie a reproché aux autorités égyptiennes un refus de coopération et a soutenu que les éléments donnés aux enquêteurs italiens avaient pour but de brouiller les pistes et d’étouffer l’affaire.
Nonobstant les contraintes, l’investigation italienne sur les circonstances de la mort de Regeni n’a pas été close et un rapport détaillé a été présenté auprès du parquet du Caire. Un compte rendu qui incrimine les services secrets égyptien d’avoir arrêté l’étudiant en l’accusant d’être un espion. Il aurait été ensuite emmené au siège de la sécurité nationale où cinq agents l’auraient torturé afin d’obtenir des aveux et finalement tué. Des accusations qui ont été démenties par le procureur chargé de l’enquête, ce dernier soutenant que cette hypothèse vise à nuire aux rapports diplomatiques et aux relations entre l’Italie et l’Égypte. Le parquet égyptien a finalement donné son verdict le 30 décembre 2020 en annonçant qu’il dédouanait les cinq policiers mis en cause pour le meurtre. Effectivement, les accusations portées sur les policiers ont été jugées comme étant infondées, voire illogiques et qu’elles étaient le résultat de conclusions erronées. Malgré le refus des accusations portées contre les services secrets égyptiens, les autorités égyptiennes ont admis que Giulio Regeni avait été placé sous observation par les services de sécurité. Cependant ils soutiennent également que cette thèse avait ensuite été abandonnée.
Une vague d’indignation
Nombreux sont les Italiens qui ont été choqués et se sont révoltés depuis la découverte du corps mutilé de Regeni. Récemment, la remise de la légion d’honneur au président égyptien Al Sissi le 7 décembre 2020 a provoqué une nouvelle vague d’indignation en Italie. Afin de rendre hommage à la mémoire de Giulio Regeni, l’écrivain italien Corrado Audias a rendu sa légion d’honneur donnée par l’État français quelques années auparavant. Une action choc qui a pour but d’interpeller la politique menée par l’État français et qui interroge les rapports entre la France et l’Égypte.
Le meurtre du jeune étudiant est un événement tragique qui a réuni à la fois des personnalités politiques, des intellectuels, des étudiants et qui est sujet à une campagne menée par l’association Amnesty International. Le 6 janvier 2021, les parents de Giulio Regini ont portés plainte contre le gouvernement italien, l’accusant d’avoir violé la loi interdisant la vente d’armes aux pays ne respectant pas les droits de l’homme. Une chose est sûre : leur indignation n’est pas près de s’arrêter.