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Augmentation significative des factures d’énergie en Italie

Mario Draghi en conférence de presse sur l'énergieMario Draghi en conférence de presse sur l'énergie
Écrit par Le Petit Journal de Rome
Publié le 2 mars 2022, mis à jour le 3 mars 2022

Le débat a enflammé la classe politique italienne. L’Europe n’avait plus connu une telle montée des prix depuis de longues années, et l’Italie est particulièrement touchée avec une inflation galopante dans le secteur de l’énergie. Mario Draghi et son gouvernement ont tenté de réagir avec de nouvelles mesures de soutien.

 

Une inflation sans appel

Tous les ménages italiens l’auront aperçu : l’inflation est à un niveau inédit depuis 1996, avec un taux de 4.8% pour l’année 2021. Certains secteurs boostent cette augmentation, notamment celui de l’énergie dont les prix n’en finissent plus de grimper. Ces derniers avaient déjà explosé de près de 40% sur l’année 2021. Or, cette tendance s’est accélérée depuis le début de l’année, les analystes financiers prévoyant une inflation qui n’avait plus été observée depuis longtemps pour les prix de l’électricité (55%) et du gaz (41,8%), et ce pour le seul premier semestre 2022 ! Cette augmentation a été si violente que certains monuments italiens, comme le Capitole à Rome ou encore le Ponte Vecchio de Florence, ont décidé d’éteindre leurs lumières quelques minutes pour protester contre cette hausse il y a dix jours.

 

Les annonces du gouvernement italien

Gilberto Pichetto, vice-ministre du Développement économique interviewé dans le Corriere della sera il y a deux semaines, prévoyait de nouveaux plans d’investissements sur le sol italien, dans l’énergie solaire notamment. Car le problème est profond. L’Italie, qui ne produit plus d’énergie nucléaire depuis plus de 30 ans, est très dépendante de ses importations. Or, le marché international de l’énergie est en tension, les économies sortant de la crise sanitaire étant très demandantes en énergie. Le prix du baril, aux alentours des 60 dollars il y a un an à la même période, tutoie désormais les 100 dollars. Face à la crise, le gouvernent doit donc également apporter des réponses à court terme. Pichetto annonçait il y a deux semaines un soutien à hauteur de 5 milliards pour les ménages et les entreprises. Finalement, les dépenses devraient plutôt se rapprocher des 6 milliards. Cette rallonge, qui couvrira la période avril-juin, viendra s’ajouter aux 4.2 milliards dépensés en 2021 et aux 5.2 milliards pour le premier trimestre 2022.

 

Un risque pour la reprise

Si le gouvernement a choisi de prendre en grande partie la charge du prix de l’inflation plutôt que de l’imputer aux ménages et aux entreprises, c’est parce que Mario Draghi sait qu’elle peut compromettre le plan de relance italien. Les enjeux portent aussi bien du côté de la demande que du côté de l’offre. Les autorités publiques redoutent que cette baisse de pouvoir d’achat des ménages ne se reflète sur la consommation nationale. Mais l’augmentation des prix de l’énergie touche également les entreprises, dont la hausse incompressible des coûts de production menace la compétitivité italienne. Les nouveaux rebondissements de la crise ukrainienne et les sanctions économiques à venir de l’Union européenne (l’Allemagne a déjà annoncé qu’elle suspendait le projet Nord Stream 2 qui devait lui assurer un meilleur approvisionnement en gaz russe) ne devraient pas améliorer une situation déjà critique.

 

Clément Lefebvre

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