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Un vagabond dans la langue : le nouveau livre de Matthieu Mével

Matthieu Mével sur scène à RomeMatthieu Mével sur scène à Rome
Écrit par Le Petit Journal de Rome
Publié le 18 janvier 2022, mis à jour le 19 janvier 2022

Matthieu Mével est un acteur, metteur en scène et écrivain français. Parti vivre à Rome il y a quinze ans avec sa famille, il dirige depuis sept ans les cours adultes du théâtre de l’Institut Saint Louis. Il a réalisé ses études à Paris, au théâtre de la Main d’Or, puis suivi les classes de Jacques Lasalle, avant de devenir acteur, metteur en scène et surtout écrivain. Il sera ce soir à la Libreria Stendhal pour y présenter son dernier livre, Un vagabond dans la langue.

 

Le Petit Journal de Rome : Bonjour Matthieu Mével, pouvez-vous tout d’abord vous présenter et expliquer cette transition d’acteur à auteur metteur en scène, avant de finalement vous consacrer à l’écriture littéraire ?

Tout au long de ma vie, j’ai toujours essayé de faire sortir, jaillir la parole de soi. J’ai été auteur-metteur en scène d’une quinzaine de spectacles dans de nombreux pays. Mais depuis dix ans, la parole du livre est devenue la plus importante. Aujourd’hui, je suis pleinement écrivain.

 

Le Petit Journal de Rome : Vous publiez le 1er avril dernier Un vagabond dans la langue, que l’on pourrait définir comme une déclaration d’amour à votre petit frère Séverin, autiste ?

C’est l’histoire de deux frères à deux extrémités de la parole. Mon frère parle « mal ». ll m’est étrange d’utiliser le mot « mal » mais je ne vois pas comment dire mieux. A l’inverse, j’écris des livres et enseigne le théâtre. Ce livre raconte la confrontation de ces deux paroles à l’intérieur d’une fratrie de quatre pendant un été. Il est une façon de raconter le plus clairement possible la manière dont s’exprime mon frère autiste. Il constitue également une autobiographie en creux de mon propre rapport à la parole, mis en confrontation directe avec celui de mon frère.

 

Le Petit Journal de Rome : Au travers de votre petit frère, vous vous interrogez finalement sur les rapports de la langue, entre une langue recherchée, travaillée, celle de vous l’écrivain, et une langue plus brute, celle de votre frère. Quel est le résultat de ce mélange ?

Ce résultat permet de mettre sur le même plan la parole d’un autiste handicapé et la parole d’un « Premier Ministre de l’époque ». Il y a en effet différents types de registre de la langue : la langue de l’artiste, la langue d’une famille, la langue d’un handicapé, la langue du politique. Je ne suis ni un linguiste, ni un philosophe, mais en tant qu’écrivain je donne une langue à mon frère. Je lui donne une voix en éclairant sa parole par la littérature.

 

Le Petit Journal de Rome : Vous êtes écrivain, mais également metteur en scène, où vous jouez avec les mots. En quoi la confrontation de ces deux langues vous a-t-elle inspiré, mais aussi fait réfléchir, sur la pratique de votre métier ?

Mon frère m’enseigne que communiquer n’est pas seulement une histoire de transmission de données, mais également un lancer d’affect. Pour le théâtre, son enseignement pourrait être qu’il ne faut pas simplement réciter les mots d’une pièce, mais transmettre une émotion par un texte. Dans mes cours de théâtre, j’emploie souvent le néologisme « émotionner la parole ». Il faut tenter de restituer grâce à la parole l’émotion brutale et enfantine telle qu’elle a jailli dans l’esprit de l’auteur. Par exemple, Molière qui se demande ce que cela fait d’être avare. L’acteur doit retrouver à l’intérieur de lui cette émotion première de l’avarice. La pratique du théâtre, ainsi que la vie avec mon frère me conduisent à penser cela aujourd’hui. Le théâtre est une histoire de parole.

 

Le Petit Journal de Rome : Vous serez ce soir à 19h à la Librairie Stendhal, où vous y présenterez votre livre et où il sera donc question de parole ?

Ce sera le 3eme livre que je présente à la librairie française de Rome. J’y avais déjà présenté l’Acteur singulier et J’étais un roi mage nébuleux. Je suis content car Marie-Ève, la libraire, fait un boulot étonnant pour défendre une librairie française dans une ville étrangère. J’ai beaucoup de respect pour tout ce qu’elle a engagé dans cette librairie. Je suis content de réunir mes amis, les visiteurs de la librairie dans ce lieu. Cela est d’autant plus vrai dans cette période sanitaire difficile, où je veux laisser parler les pulsions de vie par la liberté de la parole.

 

Clément Lefebvre

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