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Patrick de Vismes (Kering Italia) : « Kering, un groupe franco-italien »

Depuis sa première implantation en Italie en 1999, Kering s’est affirmé comme un groupe français aux racines italiennes. La Péninsule, premier pays pour le groupe, représente aussi un terrain d’activité pour l’innovation durable. Entretien avec Patrick de Vismes, qui avec une carrière longue de près de 28 ans au sein de Kering, est président du groupe en Italie depuis 2018.

Patrick de VismesPatrick de Vismes
Patrick de Vismes, président de Kering Italia depuis 2018
Écrit par Marie-Astrid Roy
Publié le 10 juin 2025, mis à jour le 15 juin 2025

Quel est le parcours qui vous a conduit en Italie ?

Après avoir débuté ma carrière dans l’audit chez Coopers & Lybrand, j’ai rejoint le groupe Kering (PPR à l’époque) en 1997, chez Yves Saint Laurent. J’ai occupé divers postes au sein de la direction financière, entre Paris et les Etats-Unis. Après un passage chez Balenciaga entre 2002 et 2004, j’ai de nouveau rejoint la Maison en 2006 en tant que directeur administratif et financier. Cinq années durant lesquelles la marque s’est beaucoup développée au niveau mondial, passant notamment d’une à soixante boutiques.
En 2011, lorsque François-Henri Pinault a décidé de transformer PPR en groupe de luxe, je suis entré dans la holding du groupe avec pour mission de développer les activités de Shared Services (services partagés) de Kering, d'abord à Paris puis basé à New York. Piqué par le virus de l’expatriation, j’ai rejoint Milan en 2018, où j’ai pris la direction de Kering Italie, supervisant les activités financières des divisions logistique, digitale et technologique du groupe. Les marques étaient déjà très fortes en Italie, mais il n’existait pas encore de Shared Services. Kering Italia comptait alors environ 80 personnes, essentiellement dans les services informatiques. Aujourd’hui, nous comptons 800 employés pour tous les services (de la logistique à l’informatique) servant les marques du groupe.

 

Kering se présente aujourd’hui comme un groupe, de fait, franco-italien. Quelle est son évolution depuis la prise de participation du groupe français dans Gucci Group en 1999 ?

La prise de participation dans Gucci, a marqué une étape déterminante dans l’évolution de la société vers sa transformation en pure player du luxe. Et depuis, le poids de l’Italie n’a cessé de croître. Kering se présente comme un groupe franco-italien car il compte 7 marques italiennes sur les 14 Maisons.
Après le rachat de Gucci, suivent la Maison de maroquinerie Bottega Veneta, acquise en 2001, puis Brioni en 2012, les marques de bijoux Pomellato et DoDo en 2013, ainsi que la Maison de porcelaine italienne Ginori 1735 la même année. Kering a également repris 30% de la maison de Couture Valentino en 2023, avec une option d’acquisition à 100% au plus tard en 2028.

Le groupe a aussi créé Kering Eyewear en 2014, une entité née et établie en Vénétie, dédiée à la lunetterie de luxe. Il s’agit aujourd’hui du plus important acteur du secteur, assurant la conception, le développement et la distribution des collections Eyewear de nombreuses marques de luxe, comme Gucci, Cartier, Saint Laurent, Courrèges ou encore Montblanc.
 

Pour Kering, l’Italie est notre premier pays.

Outre la lunetterie, Kering s’affiche comme l’un des premiers acteurs du luxe en Italie. Quel est le poids du groupe dans la Péninsule ?

Pour Kering, l’Italie est notre premier pays. La Maison Gucci est notamment le fleuron du groupe : elle représente environ 50% des ventes et 70% des résultats de Kering.
C’est aussi en Italie que nous avons le plus d’employés, 13.500 au total - principalement en Toscane (44,6%), en Lombardie (11,9%) et en Vénétie (13,2%) - mais 100.000 emplois en considérant la sous-traitance.C’est un pays où nous avons réalisé historiquement nos principaux investissements dans les savoir-faire artistiques et artisanaux, non seulement pour nos marques italiennes mais aussi étrangères. Nos marques de mode françaises produisent beaucoup dans la Péninsule, à l’instar de la chaussure et de la maroquinerie Saint Laurent, cette dernière ayant un atelier depuis 2023 à Scandicci près de Florence, lieu phare du savoir-faire artisanal.
Au total, l’implantation de Kering en Italie se traduit par la présence de 49 sites dans six régions du territoire, entre ateliers, sites de production, sites de développement de produits, bureaux deux sièges, l’un à Milan, l’autre à Florence) et centres logistiques. C’est d’ailleurs dans le Piémont, à Trecate, que se situe le cœur battant des activités logistiques mondiales du groupe avec un hub logistique de 162.000 m² inauguré en 2021, probablement le plus gros entrepôt d’Italie.

 

L’Italie est aussi un terrain d’activité pour l’innovation durable. Quel rôle joue le Material Innovation Lab (MIL), basé à Milan ?

Dans le cadre de ses objectifs de réduction de son empreinte environnementale, Kering conçoit et promeut des solutions et des procédés novateurs, en faveur de l’adoption généralisée de pratiques plus durables. 

Le Groupe a ainsi créé en 2013, à Milan, un Material Innovation Lab (MIL) dédié aux tissus et aux textiles durables. Il s’agit d’une bibliothèque de tissus durables - plus de 8 000 échantillons de tissus et fibres écologiques certifiés -, un centre qui offre des ressources, des outils et de nouvelles solutions tant aux équipes créatives des Maisons qu'aux fournisseurs, pour les aider à comprendre comment faire des choix plus durables dans le développement de leurs produits.

Le MIL teste de nombreuses innovations en collaboration avec les startups les plus avancées du secteur : des solutions de teinture et de finition, des nouvelles fibres basées sur la biotechnologie ou les déchets agricoles. L’équipe s’attache aussi à accompagner les fournisseurs pour les aider à obtenir les certifications environnementales adéquates. Le but : impulser le changement de l'ensemble du secteur.

Outre le MIL, Kering compte aussi un autre centre de recherche, le TIL -Test & innovation laboratory-, situé à Prato, en Toscane, où sont réalisés des tests chimiques, physiques et biologiques pour les activités des marques du groupe. Et Gucci a inauguré le Gucci ArtLab en 2018, un laboratoire de recherche et développement pour les activités de maroquinerie et de chaussures.

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