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Cyrille Rogeau : « Nous avons appris des Italiens »

Cyrille Rogeau Milan consulCyrille Rogeau Milan consul
Cyrille Rogeau, Consul général de France à Milan
Écrit par Marie-Astrid Roy
Publié le 14 juillet 2020, mis à jour le 14 juillet 2020

Si aucune cérémonie du 14 juillet ne peut être organisée à Milan, le consul général de France à Milan, revient sur l’impact du coronavirus sur la communauté française et les liens que la crise sanitaire fait émerger entre la France et l’Italie.


Lepetitjournal.com/Milan : Il a été impossible d’organiser une réception du 14 juillet à Milan cette année, le rendez-vous sera donc virtuel pour tous les Français d’Italie, en direct du palais Farnèse à Rome. Qui sera présent à la réception institutionnelle organisée à l’Ambassade ? L’événement a -t-il une symbolique particulière cette année étant donné la crise sanitaire que l’on traverse ?

Cyrille Rogeau : Pour le savoir, il faudra suivre cette cérémonie en direct le 14 juillet à 19h sur le site de l’ambassade ou directement sur facebook ou youtube ! Je ne peux pas vendre la mèche mais je peux vous dire qu’il devrait y avoir beaucoup de très hautes personnalités italiennes, sans doute encore plus que d’habitude. Pour respecter les règles sanitaires, il y aura peu d’invités, même si le palais Farnèse est grand mais ce seront des invités très représentatifs.

Cette année, pour la première fois depuis plusieurs décennies, il n’y aura pas de 14 juillet à Milan, les règles sanitaires en Lombardie - de façon bien compréhensible plus strictes que partout ailleurs - ne permettant pas de l’organiser. C’est la raison pour laquelle, même en comité restreint, c’est une très bonne nouvelle qu’il y ait malgré tout une cérémonie à Rome, dans un lieu aussi symbolique des relations franco-italiennes que le Palais Farnèse. Car cette crise du coronavirus a rapproché nos deux pays. La France a en effet beaucoup appris de l’expérience italienne : grosso modo, au plus fort de la crise, l’Italie précédait la France de quinze jours, quinze jours déterminants pour se préparer et s’organiser.

 

Quel a été l’impact du coronavirus sur la communauté française du nord de l’Italie ? Comment a -t-elle réagi ?

Heureusement, la communauté française du nord de l’Italie a été relativement épargnée par le coronavirus puisque l’on déplore 3 morts, en proportion une mortalité nettement inférieure à celle observée en Italie, et en Italie du nord a fortiori. Nous ne disposons pas de données consolidées sur le nombre des Français ayant eu le COVID-19 car l’immense majorité ne s’est pas signalée.

Ce qui est sûr, c’est que la communauté française n’a jamais paniqué et a montré une grande sérénité. Je profite de l’occasion pour la saluer et la remercier de ce civisme et de cet esprit de responsabilité.

Le consulat est resté ouvert sans interruption, avec une majorité d’agents en télétravail au début du confinement et tous les agents à leur poste depuis six semaines. Les lycées français de Milan et Turin se sont adaptés rapidement et ont fonctionné à distance, avec des résultats excellents pour la promotion 2020 du bac, que j’ai eu le plaisir de pouvoir saluer –sobrement, mesures sanitaires obligent- fin juin à Stendhal comme à Giono. L’institut français de Milan a également continué à proposer cours et contenus culturels en ligne.

Nous avons reçu beaucoup d’appels mais principalement pour obtenir des précisions sur les conditions des déplacements, qui étaient il est vrai souvent changeantes et parfois complexes. Le fait que l’ambassadeur ait adressé régulièrement une lettre aux Français inscrits, en coordination avec les conseillers consulaires -avec lesquels des points fréquents permettaient d’harmoniser nos informations sur la communauté française- a probablement contribué à faciliter la vie de nos compatriotes en Italie et à les rassurer.

 

Depuis le sommet de Naples fin février, peut-on dire que la relation franco-italienne a pris un nouvel élan ? De quelle manière la crise a-t-elle renforcé la solidarité entre nos deux pays ?

Les relations franco-italiennes sont l’apanage de l’ambassade et de l’ambassadeur et je n’ai pas la prétention d’empiéter sur leur domaine. Je peux juste vous dire ce que je ressens pour l’Italie du nord.

Le sommet franco-italien de Naples du 27 février a été le dernier grand événement diplomatique en Italie avant le confinement. La présence du président Macron dans les rues de Naples, accompagné d’un nombre inhabituel de ministres français, alors que le virus circulait déjà fortement en Europe et en Italie, semble avoir beaucoup touché nos amis italiens. De même le fait que nos ministres des affaires étrangères et des armées, M. Le Drian et Mme Parly, aient réservé à l’Italie leurs premières visites post-COVID.

 

La France et l’Italie n’ont probablement pas été aussi proches et en phase depuis longtemps.

 

Surtout, il s’est développé comme une fraternité d’armes, disons en l’occurrence une fraternité médicale, entre les soignants italiens et les soignants français. Tout ce qui s’est passé en Italie, en Lombardie et en Vénétie en particulier, a été suivi de très près chez nous, afin de copier ce qui a marché et de ne pas reproduire ce qui n’a pas marché. Comme l’a dit le président de la République dans son interview au Financial Times du 16 avril, nous avons appris des Italiens et ces externalités négatives pour l’Italie représentent une créance des Italiens sur les autres Européens. C’est tout le sens des discussions actuellement en cours à Bruxelles pour organiser une solidarité européenne au profit des pays ayant été le plus durement touchés. Ça n’a pas échappé à mes interlocuteurs du Nord de l’Italie.

La proximité de nos deux pays au plus fort de la crise –proximité de la situation sanitaire mais aussi proximité des mesures adoptées- ainsi que notre convergence dans les discussions européennes font que la France et l’Italie n’ont probablement pas été aussi proches et en phase depuis longtemps. Nous avons par ailleurs admiré la discipline et la résilience des Italiens. La crise a resserré nos liens. Ce n’est pas nouveau : c’est souvent dans les moments difficiles qu’on reconnaît ses vrais amis.

 

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