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Antoine Houlou-Garcia : Une carrière multiforme développée en expatriation en Italie

Antoine Houlou-GarciaAntoine Houlou-Garcia
Antoine Houlou-Garcia | © Édouard Thomas
Écrit par Marie-Astrid Roy
Publié le 8 février 2022, mis à jour le 9 février 2022

Finaliste des Trophées des Français de l’étranger (catégorie Education), Antoine Houlou-Garcia, expatrié à Trente dans le nord de l’Italie, a mis à profit son expatriation pour embrasser une nouvelle carrière pluridisciplinaire, celle de chercheur, enseignant et auteur, trois activités professionnelles complémentaires. Âgé de 35 ans, son CV est déjà à rallonge.


Scientifique de formation, doctorant sur l'usage des mathématiques en théorie politique (EHESS), enseignant en théorie politique, féru tant de poésie que d'histoire des mathématiques grecques et membre associé de l'Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité, mais aussi auteur de nombreux ouvrages, Antoine Houlou-Garcia développe ses multiples intérêts (la poésie, les mathématiques, la politique) sous forme d’activités variées. Il a écrit de nombreux ouvrages, des articles, participe à des émissions de radio et anime une chaîne vidéo. En 2016, il a quitté sa carrière à l’Insee pour suivre son épouse en Italie afin de l’accompagner dans sa carrière professionnelle. Un choix osé, dont il a su tirer pleinement profit.

 

De statisticien à l’Insee à Paris, à une activité pluridisciplinaire à Trente dans le nord de l'Italie, quel est le parcours qui vous a conduit à vivre dans le Belpaese ?

Je suis arrivé à Trente en 2016 pour y suivre mon épouse qui y avait décroché un emploi à l'OCDE. J'ai abandonné ma carrière à l'Insee, où je travaillais depuis sept ans, et j’ai profité de ce changement de vie pour me consacrer amplement à trois activités professionnelles complémentaires : l'enseignement, la recherche et l'écriture. Concernant la recherche, je suis en train de finir un doctorat sur l'usage des mathématiques en théorie politique (EHESS). Par ailleurs, je m'intéresse à l'histoire des mathématiques grecques et suis membre associé de l'Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité.

Tout cela m’a amené à enseigner la théorie politique et l’histoire des idées politiques à la fois à l’université de Trente et à distance à Paris, à l’Institut supérieur du management public et politique.

Mon épouse a quitté l’OCDE et travaille désormais pour la Province autonome de Trente. Séduits par l’expérience de l’expatriation et par l’Italie en général, nous avons fait le choix de rester y vivre pour une durée indéterminée.

 

On qualifie souvent l’expatriation d’expérience enrichissante. Que vous a-t-elle apporté au niveau professionnel en Italie ?

Tout d’abord, cela m’a permis de commencer à changer de carrière, de quitter celle toute tracée de fonctionnaire en France, à l’Insee. J’y pensais depuis des mois, l’expatriation m’a forcé.
Cela m’a aussi permis d’enseigner à l’université, ce que je n’aurais sûrement pas pu faire à Paris. A mon arrivée il y a 6 ans, dans un italien alors catastrophique, je me suis directement rendu à l’université où j’y ai rencontré un professeur, intéressé par mon sujet de thèse. Six mois plus tard, il m’a rappelé pour m’offrir d’être chargé de cours en théorie politique.
Je profite par ailleurs de mon expérience italienne pour traduire des textes, dont un essai scientifique sur l’histoire de l’impact de la science grecque sur la Renaissance, de Lucio Russo (Belles Lettres). Je travaille aussi actuellement à la traduction d'un choix de poèmes de Carlo Alberto Salustri, connu sous le nom de plume de Trilussa.

 

A titre personnel, que représente pour vous d’être Français à l’étranger, en Italie ?

Vivre dans un pays qui n’est pas le sien, c’est une impression d’être en vacances tous les jours (rire). Même si l’on ne fait plus la différence entre le français et l’italien, on ressent toujours un agréable petit décalage au quotidien.
D’une certaine façon, cela m’a aussi permis de me rapprocher de la France, d’autant que je ressentais une forme de lassitude de Paris.

Aujourd’hui, je suis fier de pouvoir porter les valeurs et la culture françaises en Italie tout en apprenant énormément des valeurs et de la culture italiennes, qui me permettent d'enrichir ma vision de la France et de l'Europe.

Vivre à l’étranger permet aussi je pense, de donner un sens beaucoup plus faible à la notion de nationalisme.
Enfin, le fait de vivre à cheval sur deux pays me donne une originalité que je tente de développer dans mes publications.

 

Vous êtes l’auteur de nombreux articles scientifiques mais aussi de plusieurs ouvrages - académique, grand public, jeunesse -, tels que Mathématikos qui a reçu le prix Tangente du meilleur livre de vulgarisation scientifique et l’Agenda Belles Lettres autour du thème de la science antique. Quel est votre prochain livre à paraître ?

Mon prochain ouvrage va sortir le 2 mars dans la perspective des élections présidentielles : La Politique. Manuel à l’usage des citoyens qui n’y comprennent plus rien (Albin Michel). Je pars d’idées reçues pour les prendre au sérieux dans leur vérité et dans leur fausseté. Les questions sont volontairement basistes - « Tout le monde ne devrait pas avoir le droit de vote », « Au-delà de la parité, les femmes n’ont plus rien à demander ». L’objectif est d’amener le lecteur vers la théorie politique et l’histoire des idées politiques, afin de clarifier les questionnements, sans pour autant donner de réponses.

 

Les méthodes d’enseignement en France et en Italie diffèrent. Qu’en est-il de la discipline des mathématiques ?

Je n’ai jamais enseigné les mathématiques, mais j’ai pu constater la différence d’approche , notamment au lycée. En Italie, l’approche y est beaucoup plus précise et démonstrative qu’en France. Par exemple, en Italie, on apprendra d’abord la définition géométrique de la parabole avant d’en apprendre l’équation, ce qui est une très bonne chose pour mieux saisir l’essence de ce type de courbe. En France, l’approche est analytique et algébrique. On part de la calculatrice, sans vraiment savoir pourquoi on élabore une telle équation.
L’enseignement italien des mathématiques est peut-être plus compliqué à cet égard, mais il est très enrichissant, il forme l’esprit à travers un cheminement rigoureux. Je pense qu’il est lié à cette approche humaniste de l’enseignement italien. Par exemple, le lycée italien consacre trois ans d’enseignement de philosophie approfondie, rigoureuse et méthodique, contre un an en France, qui est en outre plus superficiel.

 

En six ans de vie à Trente, pourriez-vous citer deux éléments que vous avez découvert ou appris à aimer de l’Italie ?

Au-delà des clichés, la culture de la nourriture est très différente en Italie. On connaît tous l’amour des Italiens pour les pâtes, mais la culture de la pâte révèle véritablement une préoccupation très intéressante qui met en exergue les différences culturelles au sein d’un même pays. La variété, la forme de la pâte et la sauce qui y est associée témoigne d’une adéquation et d’un esthétisme parfaits. Je trouve cela très beau.
Dans un autre registre, ce que j’apprécie particulièrement en Italie, c’est la possibilité du contact très simple et humain qui donne naissance à des contacts de confiance.

 

Quant à Trente, qu’appréciez-vous le plus de cette ville ?

Trente est une ville magnifique et très accueillante. Elle est petite, elle compte seulement 110.000 habitants, et bien que située au milieu des montagnes, elle n’en est pas moins ouverte. Elle jouit en effet de la réputation de son Université, la meilleure université publique d’Italie, qui attire de nombreux chercheurs et doctorants du monde entier. Trente est sûrement la ville cosmopolite la plus petite d’Italie !

 

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