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Présence féminine dans les conseils d’administration des entreprises

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Francesca Aceto (SNCF au féminin), Graziella Gavezzotti (Edenred Italia S;r.l), Domenico Zaccone (Forum della Meritocrazia) / Photo: @CCIFI
Écrit par Marie-Astrid Roy
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 26 février 2018

Si en France comme en Italie, la route pour l’égalité homme-femme au travail est longue, un signe d’encouragement arrive ces dernières années. Débat organisé par la CCI France Italie.

« Soutenir le leadership au féminin n’est pas seulement une question de femmes, elle concerne tout le monde », affirme Anne-Manuelle Gaillet, avocat et vice-présidente de la Chambre de commerce et de l’Industrie France Italie. Et pour cause, « la question du leadership au féminin ne doit pas être entendue uniquement au niveau de la "governance", soit au niveau de la présence dans les conseils d’administration mais dans toutes les sociétés, au niveau du "middle management" ». Et cela est l’affaire de tous, de tous les managers, de toutes les entreprises.

En témoigne les nombreux hommes présents jeudi dernier au débat organisé par la Chambre au studio Pirola Pennuto Zei & Associati à Milan. Il s’agit du 3ème rendez-vous organisé par la CCIFI dans le cadre de son « club Inspiring Women », lancé il y a près d’un an. Son but : favoriser le leadership au féminin dans le monde de l'entreprise, grâce notamment à un programme de mentoring commencé en septembre dernier.

L'impulsion des quotas

Si au niveau mondial on compte environ autant de femmes que d’hommes, que parmi les diplômés du supérieur, 60% sont des femmes en Europe, ces dernières demeurent malgré tout largement minoritaires dans les conseils d’administration. A tel point qu’en France comme en Italie, c’est la loi qui a dû imposer un quota de femmes dans les conseils d’administration. Aussi, la loi italienne Golfo-Mosca de 2011 impose un tiers du genre le moins représenté dans les sociétés cotées.  Ce qui a permis de passer de 6% de femmes en 2008 à 35% aujourd’hui. Une limite toutefois : l’obligation ne vaut que pour trois mandats, « dans l’espoir que cette impulsion donnée par la loi s’inscrive ensuite dans un changement culturel », rappelle Francesca Aceto, présidente de SNCF au féminin et modérateur du débat.
En France, la loi Copé-Zimmerman (2011) imposait un minimum de 20% de femmes dans les conseils d’administration des sociétés cotées en 2014 puis un minimum de 40%, jusque dans les entreprises comprenant au moins 250 salariés et avec un chiffre d’affaire d’au moins 50 millions d’euros. Soit quasiment toutes les moyennes et grandes entreprises.  Résultat, en 2017, 42 % de femmes sont présentes dans les conseils d’administration en France. La loi française ne pose aucune échéance mais établi des sanctions, notamment financières. D’où son succès.

L’indispensable méritocratie

Les quotas sont nés d’une discrimination mais la loi n’a pas fait exploser la diversité à tous les niveaux de la société. « Il est indispensable de faire coexister les quotas et la méritocratie », souligne Domenico Zaccone, conseiller au sein du Forum de la Méritocratie. Et d’ajouter : « la méritocratie apporte des modèles d’opportunités équitables et la reconnaissance du mérite. Avec la méritocratie, il n’y a ni ethnie, ni genre, ni langue ». C’est ainsi que le Forum della meritocrazia vient soutenir les entreprises dans leur mise en place d’un processus d’évaluation des performances comme dans la sélection des membres des conseils d'administration. Car aujourd’hui, selon une enquête menée auprès de toutes les sociétés cotées italiennes, les sociétés bancaires, et celles ayant un chiffre d’affaire supérieur à 250 millions d’euros, « 40% de ces sociétés n’ont pas un processus de sélection des membres formalisés », regrette Domenico Zaccone.

Pour Graziella Gavezzotti, présidente de Edenred Italia S.r.l et membre du conseil d’administration de Vinci, « c’est à travers les comités exécutifs que l’on fait croître le nombre de femmes pouvant entrer dans les Conseils d’administration ». A ce titre, elle souligne l’importance du Mentoring pour faire naître de telles occasions. Mais aussi de « ne jamais se fixer de limites ». Ou encore d’ « oser », comme le conseille Denis Delespaul, président de la CCIFI, tout en suggérant aux femmes présentes : « restez vous-mêmes, restez femmes, car c’est une chose que vous avez en plus ! »

 

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