Vittorio Gregotti est décédé dimanche à Milan. Retour sur la carrière internationale de ce grand architecte italien, urbaniste et théoricien de l’architecture, l’un des plus célèbres de l’après-guerre.
Le monde de l’architecture a perdu l’un de ses plus grands chefs de file de l’après-guerre. « Un maître de l’architecture internationale, un critique, un professeur, un éditorialiste, un polémiste, un homme qui a fait l’histoire de notre culture », comme le définit Stefano Boeri, architecte et président de la Triennale de Milan, dans un tweet ce dimanche.
Vittorio Gregotti est décédé le 15 mars, à l’âge de 92 ans, des suites d’une pneumonie liée au coronavirus.
Né en 1927 à Novare dans le Piémont, il a signé – avec son agence Gregotti Associati International, fondée en 1974 -, plus de 1.600 projets dans une vingtaine de pays, en Europe, en Asie, en Amérique et en Afrique.
Vainqueur de nombreux concours internationaux, récompensé par une médaille d’or pour sa carrière à la Triennale de Milan en 2012, il a réalisé des projets de grande ampleur à l’échelle urbaine, comme le quartier résidentiel de Cannaregio à Venise, le ZEN à Palerme, le quartier Bas-Montreuil en France et le quartier Bicocca à Milan. Ce dernier représente l’un des plus grands projets européens de ces dernières années (1985-2005), avec ses résidences, espaces universitaires, administratifs, ceux dédiés à la recherche scientifique et encore le grand théâtre des Arcimboldi. A l’étranger, il affirme sa notoriété internationale avec Pujiang, une nouvelle « ville italienne » située en proche banlieue de Shanghai en Chine, le Centre culturel de Belem à Lisbonne (1988-1993) ou encore, le Grand Théâtre de Provence à Aix-en-Provence (2003-2007).
« De la cuillère à la ville »
Ancien directeur de la célèbre revue internationale d'architecture Casabella, Vittorio Gregotti est reconnu pour avoir projeté avec des compétences qui s’étendent « de la cuillère à la ville », comme l’illustre le slogan lancé par Ernesto Rogers en 1952, pour expliquer l’approche caractéristique de l’architecte milanais, qui œuvre tant dans la réalisation d’une cuillère, d’une lampe ou un siège, que dans celle d’un parc ou d’une ville entière.
Il signe ainsi de nombreuses pièces de design, des sièges, des fauteuils, mais aussi des projets paysagers comme les parcs de Pollino, Gargano, Portofino. Des boutiques et des showroom également, notamment pour de grandes chaines internationales comme Trussardi, Prada, Missoni, jusqu’à des dessins d’architecture d’intérieur pour les navires de croisières du groupe Costa.
En 1975, il a été le commissaire de la première Biennale de Venise de l’architecture, qui a fait officiellement apparaître la discipline comme une « extension du secteur des Arts visuels ».
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