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Inondations en Emilie-Romagne : l’ampleur des dégâts d’une région dévastée

Campagne inondée d'eauCampagne inondée d'eau
Écrit par Marie-Astrid Roy
Publié le 21 mai 2023, mis à jour le 22 mai 2023

Toujours placée en alerte rouge ce lundi, l’Emilie-Romagne, submergée par les inondations, connaît des dégâts – de l’agriculture aux infrastructures - comparables aux séismes de mai 2012.


Le mauvais temps a donné 48 heures de répit à l’Emilie-Romagne, où les inondations ont fait 14 victimes et plus de 26.000 évacués alors que leurs habitations se sont trouvées cernées par la crue. Ce lundi, l’alerte rouge persiste en raison des graves problèmes hydrogéologiques et hydrauliques déjà présents dans la zone, et le risque de glissements de terrain reste élevé. La Première ministre Giorgia Meloni a quitté le G7 à Hiroshima avec un jour d'avance pour se rendre dans les zones touchées, pour lesquelles des mesures seront approuvées en Conseil des ministres mardi.

Six mois de pluies tombées en quelques heures

Le déluge a débuté le samedi 13 mai, s’abattant sur les plaines de cette région touristique de 4,5 millions d'habitants, durant toute la semaine. Une vingtaine de cours d'eau ont quitté leur lit, noyant d'immenses superficies agricoles, engendrant des crues boueuses dans des dizaines de communes, l’effondrement de ponts et de centaines de routes.
Deux semaines auparavant seulement, de précédentes intempéries avaient fait deux morts dans la région et engendrés deux milliards d’euros de dommages.

Le président de la région Stefano Bonaccini a comparé la tragédie à « un autre tremblement de terre », en souvenir du séisme qui a sinistré cette même zone en mai 2012, causant plus de 10 milliards d'euros de dégâts matériels.
Tous les secteurs sont touchés : les infrastructures, l’agriculture, les usines. Dans cette grande région du nord de l’Italie, qui comprend des villes comme Bologne, Modène ou Ravenne, le tourisme sera également sans doute impacté. En 2022, l’Emilie-Romagne a accueilli 60 millions de voyageurs dont 42 millions sur la Riviera (côte adriatique).

Des milliers de fermes ravagées

Quelque 622 routes sont encore fermées dans la région à cause des glissements de terrain et des inondations. Dans cette région considérée le verger de l’Italie avec ses dizaines de milliers d'hectares vouées à la production d’abricots, nectarines, prunes, pommes, poires, kiwis et fraises, 80% des arbres fruitiers sont à risque, selon le bilan provisoire de la Coldiretti. Le principal syndical agricole italien estime en outre que la récolte des fruits sera compromise pour les quatre années à venir.

250.000 animaux d’élevage à sauver

D’après le suivi de la Coldiretti, la protection, l'eau et la nourriture doivent encore être garanties à plus de 250 000 bovins, porcs, moutons et chèvres élevés dans les zones inondées de la région, où se trouvent également environ 400 élevages de volailles et près de 45.000 ruches d'abeilles.
En attendant le soutien de l’Etat, les premières aides arrivent des banques, dont Crédit Agricole Italia qui a débloqué un plafond de 200 millions d’euros, Unicredit, Intesa Sanpaolo et Bper.

Entre terrain vulnérable et changement climatique

Les premières analyses menées par le CNR sur les données mesurées par les stations météorologiques montrent des quantités de précipitations quotidiennes considérées comme "extrêmes, c'est-à-dire très rares en raison de la climatologie qui caractérise cette zone". Les premières pluies diluviennes de mai, auraient également accru la vulnérabilité du territoire, selon les chercheurs.

La quantité d'eau qui s'est déversée sur les pentes en début de mois a favorisé la saturation des terres, créant des conditions favorables au déclenchement de glissements de terrain lors de l'arrivée des fortes pluies de ces derniers jours. Autre facteur avancé : la sévère sécheresse qui a frappé la région déjà très tôt dans l’hiver, pourrait avoir réduit la capacité d'infiltration.
Pour les experts, la succession d'événements extrêmes opposés (sécheresse et inondations) et l'augmentation de la variabilité climatique sont des caractéristiques typiques dérivant du changement climatique dû à l'activité humaine.  Des phénomènes qui pourraient devenir la norme.
Le mauvais temps se déplace désormais en Sardaigne, en Sicile, en Calabre et dans le Piémont, en état d’alerte face à la crue soudaine du Pô.

 

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