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ELECTIONS USA- Quel futur pour les relations italo-américaines ?

Écrit par Lepetitjournal Milan
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 16 novembre 2016

Avec une communauté comptant pas moins de 20 millions de citoyens américains, l'Italie a une place historique dans le paysage des États-Unis. Entre coopération militaire, économique et parfois politique, les liens qui unissent les deux pays sont anciens et solides. A l'aube de l'élection du président Donald Trump, lepetitjournal.com de Milan est revenu sur les relations, passées et à venir, entre les deux pays.

Donald Trump

Un lien étroit lie les États Unis et l'Italie : et pour cause, l'immigration massive des italiens vers le « Nouveau Continent » au XIXe siècle en a été le catalyseur. Des millions d'Italiens avaient migrés vers les États-Unis en quête d'un avenir meilleur.

Presque 20 millions d'Italiens aux États-Unis

Néanmoins, parmi la population actuelle du pays, il n'y aurait selon les chiffres de la NIAF (National Italian American Association) que 17 à 25 millions d'Italo-américains. Des données peu exactes comme l'explique Sophie Canova, professeur d'histoire-géographie au lycée Stendhal de Milan : « beaucoup d'italo-américains ont beau avoir des ancêtres italiens lointains,  ils ne vont pas se déclarer comme tel» tandis qu'au sein du système racial américain « les italiens sont en marge des WASP », souligne t-elle. La présence des italiens aux États-Unis se résume parfois ? à tord- à une seule chose : la mafia. Et pour sûr, cette image a collé à la peau des italo-américains, incarnés par des malfrats comme Al Capone ou Franck Costello. «Mais  ils étaient mal vus par les américains aussi parce qu'ils étaient catholiques » ajoute Sophie Canova.

Aujourd'hui, les Italiens sont « parfaitement intégrée dans le tissu social et économique de l'Amérique » selon la Chambre de commerce américaine en Italie. Du reste, comme l'explique la Chambre de Commerce Américaine en Italie : « les relations économiques entre les deux pays sont l'un des principaux objectifs de la politique étrangère italienne, surtout en terme d'investissement et de commerce. Les États-Unis représentent le troisième plus grand marché pour nos exportateurs, et vaut environ 44 milliards de dollard ».

Beaucoup de stars mais presque pas d'hommes politiques

La communauté italo-américaine a offert au pays  un grand nombre de grandes personnalités qui ont marqué leur temps. Dans le monde du cinéma la liste est longue : de Francis Ford Coppola, Quentin Tarantino, Robert de Niro, en passant par John Travolta ainsi  que Leonardo DiCaprio. En musique, on notera évidemment Frank  Sinatra, Madonna ou plus récemment Lady Gaga. Par contre, ce n'est pas sur le plan de la politique américaine que l'Italie s'est le plus illustrée.  Il  n'y a à ce jour aucun membre du Sénat ou du la Chambre italo-américain. Par contre, « il existe tout de même quelques personnalités politiques qui ont eu un rôle notables, explique Sophie Canova. Par exemple le rôle du juge Sirica dans l'affaire du Watergate ou les notables maires de New York Rudolph Giuliani et La Guardia qui avaient fait de la lutte contre la criminalité leur combat premier ».

Leonardo DiCaprio

L'Italie, logée à la même enseigne que les autres pays de l'Union Européenne

D'une façon générale, l'Italie n'a jamais réellement joui d'une place spéciale dans les relations transatlantiques, « même si elle prétend avoir une relation privilégiée avec les États-Unis, comme tous les pays européens » précise Sophie Canova. Par contre, il faut avoir à l'esprit, selon Roberto Menotti : « le rôle crucial qu'à joué l'influence de la puissance américaine " libératrice" dans la formation du système politique de l'Italie d'après-guerre ». Aussi,  spécialement pendant la Guerre Froide, les États-Unis ont eu tendance à garder un ?il attentionné sur le pays, largement influencé par le parti communiste. Les relations entre les deux pays pendant les huit années Obama n'ont pas été toujours au beau fixe. Particulièrement lors de la crise en Libye : « le gouvernement italien fut réticent vis-à-vis de l'intervention américaine, l'Italie a des intérêts dans ce pays » précise Sophie Canova. Les récentes déclarations de Barack Obama affichant son soutient à Matteo Renzi témoignent ?d'une façon nuancée, l'héritage d'une politique italienne sous l'influence des américains.

Trump, un Berlusconi made in USA

Le triomphe de a été reçue, comme dans tous les pays d'Europe comme un choc sans précédents. Les Italiens, comme la presse peut en témoigner, jubilent en comparant Trump à Berlusconi, qui y voient le scénario de l'arroseur arrosé puisque comme l'explique Sophie Canova : « les Américains ont beaucoup moqué les Italiens pendant les années Berlusconi ». Mais paradoxalement, dans la communauté italienne aux États-Unis, Donald Trump jouit d'une image plutôt positive : « il est l'archétype du plein accomplissement de l'American Dream ». Un genre d'accomplissement personnel qui, encore maintenant, fait rêver les Italiens du XXIe siècle.

Des relations politico-économiques qui sont intégrées à la mondialisation

Même si cette inquiétude peut se justifier, pas sûr que l'Italie perde pied dans sa collaboration avec les États-Unis, puisque les deux pays sont intégrés dans des institutions supranationales qui leur garantissent une confiance plus ou moins complète en termes de collaboration économique, sociale, culturelle et militaire.

Le futur de l'OTAN inquiète

A moins que Donald Trump, par exemple décide de sortir de l'OTAN, chose qu'il avait déjà sous-entendue lors d'un discours le 2 avril dans le Wisconsin : « l'OTAN est obsolète [?] les États-Unis investissent une part disproportionnée par rapport aux autres pays membres » avant d'ajouter qu'il n'hésiterait pas à dissoudre l'alliance. Comme le précise Sophie Canova : «  Trump n'a pas complètement tord lorsqu'il dit que l'OTAN est obsolète, puisque c'est une institution issue de la Guerre Froide ». Elle envisage également que « Donald Trump pourra se désolidariser de cette alliance mais simplement en terme financier. Une opportunité pour l'Europe ajoute-t-elle,  qui pourra s'extirper du joug américain et autonomiser l'OTAN et moderniser l'institution ». Par ailleurs, la Chambre de Commerce Américaine à Milan indique que : « Le TTIP, l'accord de libre-échange entre les États-Unis et l'UE, est actuellement au point mort et sera probablement discuté à nouveau au vu des obstacles rencontrés », notamment la réticence de Donald Trump à ce sujet.

Attendre janvier pour savoir ce que sera réellement la présidence Trump

Dans tous les cas, rien n'est marqué dans le marbre puisque comme le note Sophie Canova, «  la campagne de Donald Trump a beau avoir été très frontale, à coup de propositions agressives, il y a une différence entre ses annonces et la réalité de sa présidence. Il devra adoucir sa position et agir avec l'establishment, qu'il déteste tant ». Parce que même si le Congrès à majorité républicaine sera derrière lui, l'essence même de la doctrine républicaine réside dans libre-échange, pas sûr que les Républicains acceptent certaines des propositions « chocs » de Trump. Autre chose qu'il faudra attendre,c'est la composition exacte de son entourage politique : « les choix que Trump fera pour cabinet seront décisifs » conclue Sophie Casanova.  Depuis peu, il se chuchote que Rudy Giuliani, ancien maire de New-York aux origines italiennes serait pressenti pour être le prochain Secrétaire d'Etat : positif pour l'Italie ?

Le rapprochement avec la Russie : un plus pour l'Italie

Les États-Unis de Donald Trump pourraient par ailleurs se rapprocher de la Russie de Vladimir Poutine : «  c'est un scénario que les acteurs économiques italiens voient d'un ?il positif : l'Italie est dépendante du gaz russe, précise Sophie Canova, et ils ne souhaitent pas que leurs intérêts en Russie soient bloqués par les querelles avec les États-Unis ». Les défis des mois/années à venir en termes de paix mondiale nécessitent une large coopération internationale, et « personne ne peut prévoir, ni anticiper les évènements à venir » analyse Sophie Canova. Et si, beaucoup de questions restent  encore à se poser sur l'avenir de la coopération entre les deux pays, l'Italie, comme le reste du monde s'apprête à plonger dans l'inconnu.

Chloé Tridera (lepetitjournal.com de Milan) ? Jeudi 17 novembre 2016

lepetitjournal.com Milan
Publié le 17 novembre 2016, mis à jour le 16 novembre 2016
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