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"Refuser le soleil, sans promettre la pluie" : LES FIANCÉS de MANZONI

Lecco Manzoni Les FiancésLecco Manzoni Les Fiancés
Sur les traces des Fiancés de='Alessandro Manzoni sur le lac de lecco et ses environs | Wikipedia, auteur : Bernini Massimo
Écrit par Artémisia
Publié le 18 octobre 2018

Continuons la découverte de la littérature italienne avec Les Fiancés de Manzoni (I Promessi sposi), le premier roman moderne italien, un classique incontournable qui se déroule dans le Nord de l’Italie, en Lombardie, aux temps de la domination espagnole.

Comme pour tout grand chef-d’œuvre, I Promessi Sposi, écrit par Alessandro Manzoni et publié en plusieurs versions entre 1825 et 1842, forme un monde. L’histoire principale, empruntée au récit d'un auteur du 17ème siècle que Manzoni entreprend de réécrire en langue moderne (l'italien du 19ème siècle), est celle des noces contrariées de Lucia et Renzo, deux jeunes villageois de Lecco sur le lac de Come.
En effet, la pieuse Lucia suscite bien malgré elle la convoitise d'un grand seigneur méchant homme, Don Rodrigue, qui décide d’empêcher son mariage imminent. Le curé de Lecco chargé de la célébration, Don Abondio, manque malheureusement singulièrement de courage... Aussi cède-t-il rapidement aux menaces du tyran et annule sur un nébuleux prétexte la célébration, jetant Lucia et Renzo dans un grand désespoir et dans les péripéties les plus incroyables.


La force d’une promesse

Contrairement à sa traduction française « Les Fiancés », le titre exact du roman en italien I Promessi Sposi met fort opportunément l'accent sur la force d'une promesse qui seule pourra venir à bout des nombreux périls séparant avec une cruelle obstination les innocents fiancés...
Car cette histoire principale, pareille à un fleuve, s'alimente de multiples petites histoires secondaires, lui conférant, ce faisant, rythme et ampleur.
Plus que la personnalité tout à la fois attachante et naïve des deux fiancés, c'est l’enchaînement des événements qui s'acharnent sur eux avec toute leur force tragi-comique qui confère au roman un souffle épique et religieux éblouissant.
Une épopée populaire naît ainsi de l'exaltation de personnages et de vertus simples (« Aimez-vous comme des compagnons de voyage, avec cette pensée que vous aurez à vous quitter, et avec l’espérance de vous retrouver pour toujours »), alliée à la modernité de la langue employée, certes relative pour des lecteurs contemporains mais non moins essentielle à la pérennité de l’œuvre.

La nature y apparaît souvent comme paysage de l’âme et les lieux comme moyen d'identification des personnages ancrés dans une géographie et une histoire, celles du Nord de l'Italie, plus exactement de la Lombardie aux temps de la domination espagnole.

Un grand roman chrétien

I Promessi Sposi forment aussi un grand roman chrétien en ce que Manzoni y décrit notamment de grandes figures humanistes et chrétiennes, le Père Christophe, le cardinal archevêque de Milan Frédéric Borromée et l'Innomé dont la spectaculaire conversion donne lieu à des pages immortelles.
Comme un peintre, Manzoni use d'une large palette de styles : du bon sens populaire (« […] et comme il arrive plus que jamais quand les esprits sont préoccupés : d’entendre rapporter faisait l’impression d’avoir vu ») à la spiritualité religieuse la plus fervente, en passant par des images d'une délicate poésie (« Le temps était couvert, l’air lourd, le ciel voilé partout d’une nuée ou d’une brume épaisse, inerte, qui semblait refuser le soleil, sans promettre la pluie ») pour aboutir enfin à une conscience historique lucide (« Mais que serait l’histoire, disait souvent Don Ferrante, sans la politique ? Un guide qui chemine, chemine, sans personne qui le suive pour apprendre la route, et qui, par conséquent, fait des pas pour rien ; comme la politique sans l’histoire est un homme qui chemine sans guide »), le style de son écriture est riche de contrastes.

Pour finir, l'on referme les Epoux comme on le ferait d'un conte, avec un ravissement que prolonge pour quelques instants encore l'humour de Manzoni :
« Voilà qui est un peu tiré par les cheveux, et bien d’un homme du dix-septième siècle ; mais au fond, il a raison. D’ailleurs, poursuit-il encore, des souffrances et des intrigues de la nature et de la force de celles que nous avons racontées, c’en fut fini pour nos bonnes gens ; ils connurent désormais une vie des plus tranquilles, des plus heureuses, des plus enviables ; de sorte que si je devais vous la raconter aussi, je vous ennuierais à mourir. »

 

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