

La Pietà Rondanini, dernière oeuvre de Michel-Ange avant sa mort est exposée au coeur du Castello Sforzesco, au Musée Rondanini, tout nouveau lieu culturel de la ville de Milan, inauguré le 2 mai dernier. Pour célébrer l'occasion et son succès, l'entrée est gratuite jusqu'au 31 mai.
On entre au Musée Rondanini comme on entre dans une église, et c'est fait exprès. La Pietà n'est pas mise en valeur, elle est sacralisée : elle trône seule, illuminée au milieu de la pièce vide. Et on la regarde comme on prie, d'en bas. Assis sur les quelques bancs disposés les uns derrière les autres. Il fallait au moins ça pour l'ultime oeuvre de Michel-Ange, qui remporte un grand succès auprès des visiteurs. Depuis l'ouverture du musée le 2 mai 2015, plus de 30.000 personnes sont venues l'admirer.
L'oeuvre a été découverte en 1564 à Rome, année du décès de Michel-Ange Buonarroti (né à Caprese en 1475). La Pietà Rondanini, représente la Madonne soulevant le corps mort de son fils, Jésus, après la crucifixion. C'est une sculpture différente des autres travaux de l'artiste. Loin de ses canons de beauté habituels et de la Pietà de la basilique Saint Pierre, où l'on voit le corps vigoureux du Christ aux genoux d'une Marie adolescente.
La Pietà Rondanini montre une figure moins robuste, plus fragile. Le Christ paraît frêle, dans les bras de sa mère qui lui ressemble. Le marbre rend compte de l'intensité de la relation mère-fils. Les visages se reflètent, tous deux penchés vers le bas. Les corps fusionnent, les silhouettes se devinent mais Marie et le Christ semblent attachés l'un à l'autre. Marie recouvrant son fils, dans une position presque foetale. La Pietà de la vieillesse, où les 80 ans passés de l'artiste se sentent dans sa nouvelle façon de sculpter, et font écho à la magnifique chanson de Brel. Car la Madonne et son fils ?ne parlent plus ou alors du bout des yeux (?) et n'ont qu'un coeur pour deux?.
La Pietà et Milan
La Pietà Rondanini a été retrouvée inachevée, dans l'atelier de travail de Michel-Ange à Rome. L'artiste a passé 10 ans
Au pied de la statue, on peut lire une inscription : "M.G.R.N.I", Marchese Giuseppe Rondinini Numero uno. Un indice important qui explique son nom. Rondinini aussi dit Rondanini en fut le propriétaire, et toute sa vie durant il l'a conserva précieusement au Palais situé via del Corso à Rome. A sa mort, n'ayant pas d'héritier, la sculpture va alors connaitre différents propriétaires. Milan, en fait l'acquisition qu'en 1952, au prix de 135 millions de lires (financés en partie par des donations publiques). Une négociation menée par le maire de l'époque Virgilio Ferrari.
La Pietà Rondanini vit aujourd'hui dans le musée créé pour elle, au milieu du Castello Sforzesco. Musée installé dans ce qui fut l'ancien hôpital du château, où sous la domination espagnole les soldats étaient soignés. Un lieu de souffrances et de prières.
Bien que sous-estimée pendant un certain temps, la Pietà Rondanini est désormais reconnue comme chef-d'oeuvre de l'artiste. A travers cette statue plus que jamais, Michel-Ange semble nous dire en vrai, cette phrase que Marguerite Yourcenar lui fait dire dans la fiction : ?Toute ma vie, j'ai cherché les réponses à des questions, qui peut-être n'ont pas de réponses, et je fouillais le marbre, comme si la vérité se fût trouvée au c?ur des pierres, et j'étalais des couleurs pour peindre des murailles, comme s'il s'agissait de plaquer des accords sur un trop grand silence. Car tout se tait, même notre âme, ou bien, c'est nous qui n'entendons pas.?
Sanaa Nabi (Lepetitjournal.com de Milan) ? vendredi 15 mai 2015
Crédits photos : Musée Rondanini
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