LES JEUDIS DE L’HISTOIRE – Le château de Chenonceau raconté par un Italien

Le château de Chenonceau, connu aussi comme le Château des dames, fête cette année son 500e anniversaire. Le palais est l'un des plus célèbres parmi les châteaux de la Loire. Un lieu plein de mystère et d'élégance, où la grande Histoire se mélange aux intrigues de cour. Se rapprocher du château de Chenonceau, c'est découvrir les espaces où cinq siècles d'histoire française sont passés. Découvrons-le au travers du roman Le château des dames d'Andrea Garlinzoni.

L'Histoire passe par le château des dames
Au château de Chenonceau, Andrea Garlinzoni consacre un roman, Il castello delle dame (traduction française, Le château des dames), autoédité et paru chez Amazon.

L'ouvrage de Garlinzoni présente deux lignes narratives. La première reprend l'histoire du château, du moment de sa construction, au XVIe siècle sous les yeux attentifs de madame Briçonnet, jusqu'aux années 1930. La deuxième trace le sort d'une famille de la haute bourgeoisie française : les Besnard qui, depuis la fin du XVIIIe siècle, participent activement à l'Histoire de France.

Le narrateur en suit les histoires et les développements psychologiques. Il les décrit attentivement, pour se concentrer sur la figure de Jules Besnard et de ses enfants, Claudette, Maurice et Marcel, qui vivent entre leur palais de la Place Vendôme à Paris et le château de Chenonceau.

Pourquoi consacrer un roman au château de Chenonceau ? ?Le château des dames a toujours été un lieu de frontière, grâce à sa position à pont sur le fleuve Cher. Pensez, par exemple, que pendant la Seconde Guerre Mondiale, le château signait la ligne de démarcation entre la zone libre et le régime de Vichy. C'est grâce au château que plusieurs maquis ont pu se sauver? nous confie l'auteur.

?Au delà des épisodes spécifiques, ce qui m'intéresse, c'est le fait que le château de Chenonceau a vu l'histoire passer entre ses murs. Et après, il est une construction sublime, merveilleuse, l'un des rares choses qui surgissent de l'eau? continue-t-il.

Le roman est écrit en italien et traduit ensuite en français. La traduction est opérée par l'auteur lui-même. Une opération

ambitieuse, symptomatique de l'amour que Garlinzoni ressent pour la culture française : ?la langue française m'a toujours accompagné. J'ai commencé à l'apprendre quand j'étais petit et je ne l'ai plus quittée. Cet amour pour la culture française, je l'ai développé grâce aussi à ma tante Claudette, qui avait un appartement à Paris et qui m'hébergeait souvent. La France est toujours dans mon c?ur.?

Le château de dames est un livre qui, malgré quelques indécisions stylistiques, n'a pas peur de se confronter avec la grande Histoire. Une Histoire qui toutefois est capable de rentrer dans les petits événements de la vie de chacun et de lui donner un sens. Le but ? Présenter une France aux visages multiples, différente, mais toujours très humaine : ?ce qui importe, c'est de laisser des traces pour le futur. Voilà pourquoi je continue d'écrire?.

Le château dans l'Histoire
Les historiens certifient que le premier château édifié dans les alentours du petit village de Chenonceau date du XIIIe siècle.

Il s'agissait d'un moulin fortifié qui présentait déjà certains des traits caractéristiques du château que l'on connaît aujourd'hui. Sa position stratégique, sur les deux rives du fleuve Cher, a toujours permis la gestion du passage d'une rive à l'autre et le contrôle absolu du trafic fluvial.

Propriété de la famille Marques, le château a été reconstruit en 1430. La nouvelle structure, qui gardait sa fonction originaire de moulin, ne resta dans les mains des Marques que jusqu'à 1513, lors de la vente du château à Thomas Bohier.

C'est sous la volonté de Bohier que le château des Marques a été abattu, pour édifier un palais de grande splendeur, pensé pour héberger la noblesse de passage. Le projet et les décorations ont été soigneusement définis par la femme de Bohier, Catherine Briçonnet.

Après la mort de Bohier et de madame Briçonnet, le château est vendu au roi de France Henri II, qui l'offre à son amie et confidente Diane de Poitiers. C'est notamment l'intelligence artistique et politique de la dame qui lui permet de financier les travaux de construction et de projeter le château que l'on connaît aujourd'hui.

Le palais de Chenonceau n'est toutefois pas destiné à rester dans les mains de Diane. La jalousie et la soif de pouvoir, qui dominent les relations de la Cour, déchirent les rapports entre Diane de Poitiers et la famille royale.

À la mort du roi Henri II, sa femme Catherine de Médicis oblige Diane de Potiers à abandonner le palais de Chenonceau pour le château de Chaumont. Devenu la résidence officielle de Catherine de Médicis, en 1560, Chenonceau est la scène du premier spectacle pyrotechnique de France.

Au début du XVIIIe siècle, le château est acheté par la famille Dupin, qui lui fait revivre l'atmosphère de splendeur des siècles précédents. C'est madame Dupin, la responsable de la nouvelle saison d'or du château, qui accueille les grands intellectuels français du siècle des lumières.

Pendant la Première Guerre Mondiale, le château a accueilli les Gueules cassées, les blessés de guerre. Acheté par la famille Menier, le château a été restructuré en 1951.

Tommaso Venturini (Lepetitjournal.com de Milan) ? jeudi 31 octobre 2013

Crédits Photos :
- Le château de dames, couverture
- Andrea Garlinzoni, (T.V. pour Lepetitjournal.com)
- Le Château de Chenonceau, (Wikipédia)

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