Avec l’exposition des clichés de la photographe brésilienne Claudia Andujar, en immersion dans la forêt amazonienne auprès des Yanomami, la Triennale Milano et la Fondation Cartier rendent hommage à un peuple plus que jamais menacé de disparition.
Des sourires d’enfants, des corps de femmes et des regards de vieillards, plongés dans une forêt amazonienne en noir et blanc. C’est le résultat de plus de cinquante ans de travail de la photographe brésilienne Claudia Andujar au plus près des Yanomami, parmi les derniers peuples amérindiens les plus importants d’Amazonie. Plus de 300 portraits et de scènes de vie, suspendus en quinconce à travers une scénographie originale, se répondent sur tout un étage de la Triennale jusqu’au 7 février 2021.
Claudia Andujar, la lotta Yanomami, élaborée par Thyago Nogueira, directeur du département de photographie contemporaine à l’Institut Moreira Salles à Sao Paulo, est la première exposition née du partenariat entre la Triennale et la Fondation Cartier pour l’art contemporain. Lors de son lancement, l’ambassadeur de France en Italie, Christian Masset, a salué cet accord entre les deux musées : « Cette alliance a été nouée entre des institutions situées dans deux grandes villes européennes, Milan et Paris. C’est un message européen, qui prouve que l’on peut promouvoir ensemble la diversité culturelle ». Le ministre italien de la Culture, Dario Franceschini, a lui aussi réaffirmé son intention d’encourager la coopération culturelle européenne, et a profité de l’inauguration pour annoncer la prochaine ouverture d’un nouveau musée national de la photographie à la Triennale.
Arrivée dans la forêt en 1971 pour réaliser un photoreportage, Claudia Andujar se passionne pour la culture chamane et décide de rester à leurs côtés pour documenter leur quotidien. Elle y découvre les persécutions et massacres dont ils sont victimes, perpétrés par les chercheurs d’or clandestins cherchant à s’accaparer leurs terres. L’œuvre de Claudia Andujar dépasse alors sa portée esthétique pour se transformer en activisme politique. Une sensibilité et un engagement viscéral qui s’expliquent notamment par l’histoire personnelle de l’artiste. Née en Suisse puis élevée en Roumanie, elle est la seule membre de sa famille à avoir échappé à la Shoah.
Un écho à l’actualité écologique et sanitaire
Avant d’être dévoilée à Paris puis à Milan, l’exposition a initialement été organisée au Brésil en 2018, année de l’arrivée au pouvoir du président Jair Bolsonaro. Une élection qui a replacé la lutte contre l’expulsion des peuples indigènes et la déforestation au cœur de l’actualité. Le combat pour la protection de l’écosystème amazonien et ses habitants trouve aujourd’hui un nouvel écho dans le contexte de la crise sanitaire. Le Covid-19 a marqué le retour des épidémies dans la forêt des Yanomami : au moins 700 d’entre eux ont contracté la maladie, qui représente une nouvelle menace pour leur survie.
Triennale di Milano, Viale Emilio Alemagna 6
Jusqu’au 7 février 2021
Tarif plein : 10 euros