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Guide : se faire soigner en Pologne, comment ça marche ?

Vous êtes en Pologne et vous avez besoin de soins ? Vous ne savez pas comment est organisé le système de santé et chercher à en savoir plus en cas d’urgence ? Préparez-vous, car le sytème polonais et français sont drastiquement différents ! Explications et décryptage.

se faire soigner en Polognese faire soigner en Pologne
Écrit par Emma Kozlowski
Publié le 30 septembre 2024, mis à jour le 30 septembre 2024

En cas de problème de santé, vers qui se tourner ? 

Le système de santé polonais est organisé par niveaux :

  1. Podstawowa opieka zdrowotna (POZ), les soins de santé primaires, constituent le point d'accès au système de santé. Ces soins ont lieu dans des cabinets médicaux de quartier qui peuvent regrouper plusieurs spécialités et sont généralement effectués par un médecin généraliste. C’est ici qu’il faut s’adresser en premier lieu en cas de maladie, vaccination ou examen périodique.
     
  2. Si le médecin traitant estime qu’un traitement spécialisé est nécessaire, il adressera le patient à un spécialiste. Le patient est alors orienté vers l’Ambulatoryjna opieka specjalistyczna (AOS), c’est-à-dire les soins spécialisés ambulatoires. 
     
  3. Le médecin traitant et le spécialiste peuvent tous deux orienter le patient vers un hôpital s’ils le jugent nécessaire. 

Cependant, pas besoin de recommandation du médecin traitant pour aller chez les gynécologues et obstétriciens, les dentistes, les vénéréologues, les oncologues ou chez les psychiatres.

Il faut savoir qu’en Pologne, de nombreux gynécologues sont aussi endocrinologues, ce qui peut présenter plusieurs avantages.

💡 Point gynécologie

En Pologne, le domaine gynécologique à subit de nombreuses réformes ces dernières années : la conséquence de la situation politique du pays.

- Actuellement et depuis octobre 2021, l’avortement n’est possible que si la vie ou la santé de la personne enceinte est en danger, ou si la grossesse est le résultat d’un viol ou inceste.

- Avec la suppression des motifs « de malformation grave et irréversible du fœtus ou de maladie incurable menaçant la vie du fœtus », qui constituaient plus 90% des motifs d’avortement, les prestataires refusent désormais souvent de pratiquer même les avortements légaux, en raison de l’effet « dissuasif » de la loi

Le changement de pouvoir, faisant suite aux élections parlementaires de 2023, a permis la réintroduction du débat sur l’avortement légal au Sejm. Ainsi, le 11 avril 2024, a débuté un débat parlementaire visant à permettre un accès plus large à l’IVG (Interruption Volontaire de Grossesse) et depuis le 1e mai, la « pilule du lendemain », plus techniquement appelée contraception d’urgence, est disponible sans prescription médicale partir de l’âge de 15 ans

 

Tout savoir sur la disponibilité de la contraception d’urgence en Pologne 

 

Pilule du lendemain disponible sans prescription médicale dès 15ans depuis le 1er mai 

 

Le système de santé publique polonais : comment ça marche ?

- En Pologne, la protection sociale est placée sous la tutelle du Ministère de la famille et de la politique sociale (Ministerstwo Rodziny i Polityki Społecznej) et du Ministère de la santé (Ministerstwo Zdrowia). 

- Mais sa gestion légale, administrative et financière est assurée par le Zus, Zakład Ubezpieczeń Społecznych (Institut d'Assurance Sociale) et par le NFZ, Narodowy Fundusz Zdrowia (Fonds National de la Santé).

Le ZUS est l'organisme chargé de s’occuper des prestations en espèces des assurances maladie-maternité, invalidité, vieillesse, survivants et accidents du travail-maladies professionnelles. Elle est aussi responsable du recouvrement des cotisations. C’est à la NFZ, l’assurance maladie-maternité, que la ZUS transfère les cotisations d’assurance maladie.

Le ZUS couvre les prestations de soins de santé comme les rendez-vous médicaux, les traitements et les séjours à l'hôpital, le remboursement des ordonnances et de certains médicaments. Elle s’occupe ainsi des pensions, des invalidités, des accidents et des maladies. Elle ne couvre cependant pas les indemnités de maladie et de maternité, qui sont financées par le NFZ

L’assurance santé couvre aussi le conjoint, les enfants mineurs (moins de 18 ans) ou ayant moins de 26 ans s’ils poursuivent des études à temps plein, ainsi que les parents à charge de l’assuré s’ils partagent le domicile. 

Toute personne non assurée par défaut peut, en prouvant qu’elle réside en Pologne, souscrire à une assurance volontaire et ainsi bénéficier des soins de santé dans les mêmes conditions que les autres assurés. La cotisation versée s'élève alors à 9% des revenus déclarés ou du salaire national moyen.

En fonction des risques, les cotisations salariales et patronales sont calculées sur la totalité du salaire brut ou dans la limite d'un plafond annuel.

Les travailleurs indépendants cotisent sur leurs revenus déclarés, et au minimum sur 60 % de la rémunération mensuelle moyenne estimée. 

En Pologne, les cotisations sociales financent les assurances maladie-maternité, invalidité-décès, vieillesse, chômage, et accidents du travail-maladies professionnelles alors que les prestations familiales sont financées par les impôts.

 

Comment choisir médecin traitant, infirmière, sage-femme ?


Toute personne assurée par le ZUS peut choisir librement un médecin traitant, une sage-femme ou une infirmière parmi ceux qui sont conventionnée avec le NFZ.

Pour ce faire, les démarches nécessaires sont simples et se font en ligne.

  1. Après s’être connecter sur le Compte Patient en Ligne développé par le gouvernement (Internetowym Koncie Pacjenta), il faut aller sur la rubrique “Twoja Podstawowa Opieka Zdrowotna (POZ)”, c’est à dire « Vos Soins de Santé Primaires »,
     
  2. Chercher la rubrique appropriée et cliquer sur « compléter la déclaration » (Wypełnij deklarację).
     
  3. Après avoir sélectionné un établissement/une clinique, il ne reste plus qu’a sélectionner un médecin, une infirmière ou une sage-femme et confirmer.

Il est possible de changer gratuitement deux fois par an de médecin traitant, infirmière ou sage-femme. Au-delà, il faut payer des frais. Cependant ces frais ne sont pas applicables si le changement est dû à un déménagement, une fermeture de la clinique, du cabinet, du dispensaire ou un départ à la retraite du professionnel. À l’âge de 18 ans, il est également possible de changer, sans frais, de professionnel de santé. 

Il faut néanmoins que la clinique demandée accepte le choix du patient. En pratique le changement peut prendre jusqu’à 3 semaines. En cas de refus de la clinique, du cabinet, du dispensaire, il est conseillé de contacter directement celle-ci pour en connaître les raisons.

Pour être soigné par des médecins, des sage-femmes (maïeuticiens) ou des infirmiers non conventionnés, il n’est pas possible de passer par l’Internetowym Koncie Pacjenta, vous devez faire les démarches vous-même. 

Attention, cela signifie que le professionnel de santé n’effectue pas de tâches de soins de santé primaire sous assurance, il sera donc nécessaire de payer davantage lors des rendez-vous et actes médicaux.

 

Médecine privé 1.01 

Il est possible de consulter un médecin non conventionné, naturellement, il n’y aura pas de prise en charge des actes de soin et ceux-ci sont donc entièrement aux frais du patient. Les prix des services dans les cliniques privées dépendent de nombreux facteurs, tels que l'emplacement, la spécialisation du médecin et les normes des installations

Le patient peut recevoir une ordonnance d’un médecin privé afin d’obtenir un médicament remboursé mais le cabinet où exerce le praticien doit avoir une convention à ce sujet avec le NFZ. Si le cabinet privé n’a pas d'accord avec le NFZ, les médicaments seront entièrement aux frais des patients.

Tout comme dans le public, un médecin privé peut faire une recommandation vers un spécialiste; néanmoins, les frais médicaux entraînés par la visite chez le-dit spécialiste ne seront pas non plus remboursés. 

En cas d’urgence immédiate, le médecin non conventionné peut tout de même envoyer le patient dans un l’hôpital conventionné avec la NFZ, si son état est considéré comme très grave, le patient ne paiera pas les soins hospitaliers et les médicaments administrés pendant le traitement en milieu hospitalier sont gratuits. 

Les avantages à la médecine privée se trouvent dans les délais généralement plus courts pour obtenir des rendez-vous, l’offre de prestation plus large et une meilleure qualité de soin, notamment grâce aux traitements et méthodes de diagnostics plus modernes.

Point d’attention cependant, les délais sont généralement plus courts mais une inscription et un paiement préalable sont parfois nécessaires dans les cliniques privées.

Des hôpitaux peuvent également ne pas être conventionnés avec le NFZ. Depuis 2002 il y a une Association nationale des hôpitaux privés (Ogólnopolskie Stowarzyszenie Szpitali Niepublicznych). En 2021, la Pologne comptait 350 hôpitaux privés.

 

Comment se déroule concrètement une entrée à l’hôpital en Pologne ? 

Dans le cas où le patient doit être transporté à l’hôpital, il peut utiliser le transport sanitaire gratuit mais uniquement dans le cas où il lui est impossible d’utiliser les transports publics en raison d'un dysfonctionnement locomoteur, ou s’il a un ordre de transport venant du médecin de soins primaires. Il faut alors appeler le service d’urgence au numéro 999 (numéro d’urgence médicale) ou au 112 (numéro d'urgence européen).

En cas d'accident, de blessure, d'accouchement, de maladie soudaine  ou de détérioration rapide de la santé, il faut appeler ces numéros au plus vite. 

Lorsqu'un patient est dirigé vers un hôpital, il lui est plus simple d’aller dans un hôpital qui a un contrat avec le Narodowy Fundusz Zdrowia (NFZ), le Fonds National de la Santé. Là, il doit présenter la recommandation faite par le médecin, dentiste ou technicien de dossiers médicaux. Finalement, le patient européen doit montrer le document donnant droit au traitement, comme la carte CEAM, la Carte Européenne d’Assurance Maladie, ou, si le patient a un numéro PESEL (Powszechny Elektroniczny System Ewidencji Ludności ou en français, Système d'Enregistrement Électronique Universel de la Population), sa carte d’identité.

Une fois ces étapes passées, le personnel médical décide qui a besoin d'une aide médicale en premier : c’est ce que l'on appelle le tri (triaż). Il est effectué par un infirmier, un ambulancier ou un médecin et permet de répartir les patients en 5 catégories variant en fonction du degré d'urgence de l'assistance médicale. Selon les principes du tri, les patients en situation de danger vital sont marqués en rouge. Vient après, par ordre d’urgence, les marquages orange puis jaune. Le vert et le bleu sont attribués aux patients dont l'état de santé est moins grave. Ces patients attendront le plus longtemps, jusqu’à 4h. 

À l'hôpital, les patients sont donc pris en charge selon ces catégories et non pas selon leur heure d’arrivée. 

 

Arrêt de travail ou L4

Un arrêt de travail, également appelé L4, est un document qui atteste de l'incapacité d'un salarié à travailler pour des raisons de santé. Il est délivré par un médecin. Un arrêt de travail ne peut être délivré qu’à un salarié assuré et qui paie des cotisations sociales.

💡 En Pologne, les congés maladie ont une durée maximale de 182 jours par année civile (du 1er janvier au 31 décembre) mais si le congé est accordé en raison de la tuberculose ou d’une grossesse, il peut s'étendre à 270 jours.
Cependant, si après cette période l’assuré n’est toujours pas capable de travailler, il peut demander une indemnité de réadaptation qui est accordée pour une durée maximale de 12 mois.

Depuis le 1er décembre 2018, l’arrêt de travail est exclusivement délivré par voie électronique. C’est ce qui est appelé le e-ZLA, Elektroniczne Zwolnienia Lekarskie, ou en français : le congé maladie électronique. 

Pour en bénéficier, il suffit d’avoir un numéro PESEL. Dans le cas où un arrêt de travail est demandé afin de s’occuper d’un enfant, il faut alors simplement fournir au médecin les coordonnées de l’enfant. 

E-ZLA est considéré comme plus pratique car le salarié bénéficiant de l’arrêt de travail n’a pas besoin de faire d'avantages de démarches auprès du ZUS ou de son employeur : le congé maladie électronique est automatiquement envoyé au système ZUS. 

Cependant, conformément au chapitre 1, paragraphe 2.2, du Règlement du Ministre du Travail et de la Politique Sociale du 15 mai 1996, « le salarié [...] est tenu d’informer immédiatement l’employeur du motif de son absence et de sa durée prévue, au plus tard le deuxième jour d’absence du travail ». 

“W razie zaistnienia przyczyn uniemożliwiają- cych stawienie się do pracy, pracownik jest obowiąza- ny niezwłocznie zawiadomić pracodawcę o przyczynie swojej nieobecności i przewidywanym okresie jej trwa- nia, nie później jednak niż w drugim dniu nieobecności w pracy.”

Sur l’arrêt de travail, le médecin fait figurer le chiffre 1 ou 2. Ces chiffres déterminent si le patient peut sortir de chez lui (2) au cours de son arrêt ou non (1).  Dans les deux cas, la ZUS peut venir faire une inspection.

Durant les 22 premiers jours du congé maladie, le salarié a droit à une indemnité de maladie équivalente à 80% de son salaire, versée par son employeur. Le contrat de travail du salarié peut cependant prévoir des dispositions plus avantageuses. 

Après ce délai, l’indemnité est versée par la sécurité sociale. Une fois l’arrêt de travail complété, selon le Code du travail, un salarié reprenant le travail après plus de 30 jours d'arrêt maladie est tenu de se soumettre à un examen médical dans des unités spécialisées de médecine du travail afin de vérifier si le salarié qu’il est capable de continuer à travailler dans son poste actuel.

Méfiance cependant : les salariés prennent un risque auprès de leur employeur en s’arrêtant plus de 3 mois. Si un employé a bénéficié d’un arrêt maladie d’une durée de plus de 3 mois et qu’il est employé depuis moins de 6 mois, l’employeur a le droit de mettre fin au contrat de travail sans préavis. 

Dans le cas où le salarié est employé depuis plus de 6 mois, l'employeur peut mettre fin au contrat de travail sans préavis après l'expiration de la période pour laquelle l'indemnité de maladie est due. Cependant, un salarié qui bénéficie de prestations de réadaptation après la période de versement des indemnités de maladie est protégé contre le licenciement pendant les trois premiers mois de ces prestations.

 

Le prix des soins, des médicaments

Les soins sont financés par le Fonds National de la Santé (NFZ), qui est l’équivalent de l’Assurance Maladie française, lorsqu’ils sont effectués par un professionnel de santé ayant un contrat avec le NFZ.

En cas d’urgence, un patient envoyé à l’hôpital par un médecin privé (qui n’a pas de contrat avec le NFZ) n’aura pas besoin de payer les soins hospitaliers et les médicaments administrés pendant le traitement en milieu hospitalier sont gratuits. En revanche, les prestations hors forfait sont payées par le patient. 

Plus globalement, les prix de soins dépendent du type de service médical, de l'établissement de santé et de la couverture d'assurance. Mais en moyenne, une consultation chez un généraliste coûte entre 100 et 150 złoty, une consultation chez un spécialiste oscille entre 150 et 300 złoty et une journée d'hospitalisation dans un hôpital public peut aller de 300 à 600 złoty.

 

Mettre la main au porte-monnaie pour avaler la pilule

Pour ce qui est des médicaments, il faut savoir que le prix des dispositifs médicaux n’est pas réglementé sauf si le produit est remboursé (totalement ou partiellement).

Le prix dépend aussi du type, de la marque et de la prescription médicale. Le médicament est ainsi le plus souvent aux frais intégraux du patient, notamment s’il ne figure pas sur la liste des médicaments remboursés ou si le cas du patient est considéré comme pas assez grave.

Autre critère qui impacte le remboursement : les médicaments ne sont remboursés que dans certains cas, c’est-à-dire qu'un médicament prescrit pour soigner une pathologie autre que celle pour laquelle il est sur la liste des médicaments remboursés, bien qu’il figure sur la liste, il sera aux frais du patient.

La dose du médicament, la taille du conditionnement (s’il y a 10, 30 ou 80 comprimés dans la boîte) ou encore selon si le médicament est destiné qu’à une catégorie de la population impacte aussi le remboursement. Un médicament destiné aux adultes, s’il est prescrit à quelqu’un de moins de 18 ans, sera payé en intégralité par le patient.

A noter qu’en Pologne, on peut acheter les médicaments au détail, pas mal, pour éviter le gaspillage et faire des économies. 

 

💡 En tant que Français, vous pouvez adhérer à la CFE, Caisse des Français à l’Étranger, mais cela a un prix

- La CFE est un organisme de Sécurité sociale, mais qui est de droit privé : c’est une assurance qui donne aux expatriés la possibilité de travailler à l'étranger sans impact négatif sur leur retraite grâce à une continuité des droits avec le système français de Sécurité sociale. 

Ainsi, de retour en France, les clients de la CFE réintègrent directement leur régime de protection sociale.

- Cependant, adhérer aux assurances de la CFE peut revenir très cher. La CFE en propose 3, tout en sachant que les 3 peuvent être nécessaires. 

Ainsi, pour l’assurance santé Mondexpat, sans option, une personne seule devra payer, selon son âge, entre 144€ ( pour les moins de 30 ans) et 759€ par trimestre (pour les 70 ans et plus).

- Ces tarifs ne rendent pas la CFE adaptée à tous les pays, notamment ceux dont le niveau de vie est plus bas, comme en Pologne.  

 

Le système de santé polonais face à des difficultés… trop nombreuses pour être citées

La Pologne est le 5ème marché de santé de l’UE et le 1er d’Europe centrale et orientale. Cependant, le pays dépense bien moins que la moyenne européenne pour son système de santé.

La Pologne a également un des nombre les plus bas de professionnels de santé en Europe, par exemple, il y a moins de 2,5 médecins pour 1.000 habitants alors que la France, qui fait également face à une pénurie de médecins, en a 3,4. C’est une des raisons pour laquelle la téléconsultation à une place aussi importante en Pologne.

Mais pourquoi manque-t-il tant de médecins ? Plusieurs explications permettent de comprendre ce phénomène. Tout d’abord, en Pologne, un médecin sur quatre a atteint l’âge de la retraite. Mais plus inquiétant encore pour la bonne santé du système polonais, d’après des études récentes, c’est près de 30% des futurs médecins qui envisagent d’émigrer.

Une volonté qui serait la conséquence de conditions de travail dégradées. De nombreux articles de presse témoignent d’une agressivité de plus en plus répandue à l'égard des médecins, ainsi que du manque de confiance auquel ils font face, sans oublier le système juridique de plus en plus répressif. Quant aux politiciens, ils rejettent sur les médecins la responsabilité d'un système de santé inefficace.

Tout cela pousse les jeunes diplômés à exercer leur profession dans les pays scandinaves ou en Allemagne. Voire jusqu’en France. 

 

Rendez-vous médical urgent… sur liste d’attente

Le temps d’attente avant d’avoir une consultation médicale spécialisée dans le cadre du NFZ est également un point de tension du système polonais.

Selon un rapport de swiatprzychodni.pl intitulé “Porównanie dostępu do wybranych świadczeń ambulatoryjnej opieki zdrowotnej w okresie od listopada 2015 do sierpnia 2023” (« Comparaison de l'accès à certains services de soins de santé ambulatoires entre novembre 2015 et août 2023 »), le temps d’attente moyen a subit une  augmentation constante depuis 2015 et l’arrivée du PiS (Prawo i Sprawiedliwość) au pouvoir : de 84 jours, il est passé à 164 jours.

C’est le temps d’attente pour consulter un gastro-entérologue qui a le plus augmenté, alors, avis à tous les concernés, prévoyez quand vous tomberez malade, car avant d’avoir un rendez-vous vous devrez attendre plus de 300 jours en moyenne.  

D'après une étude publiée en octobre 2023 par le CBOS, Centrum Badania Opinii Społecznej (le Centre de Recherche sur l'Opinion Publique) :

« Un peu plus d'une personne interrogée sur quatre (27%) se dit satisfaite du fonctionnement des soins de santé en Pologne, tandis que la grande majorité l'évalue négativement (70%). Après une augmentation de la satisfaction sur cette question lors de la pandémie de juin 2020, celle-ci s'est détériorée les années suivantes. »

"Nieco więcej niż co czwarty badany (27%) wyraża zadowolenie z funkcjonowania opieki zdrowotnej w Polsce, a zdecydowana większość ocenia ją negatywnie (70%). Po zarejestrowanym w czasie pandemii w czerwcu 2020 roku wzroście zadowolenia w tej kwestii w kolejnych latach uległo ono pogorszeniu."

En outre, les décès évitables en Pologne sont plus élevés que la moyenne européenne, ce qui est, entre autres, dû au nombre de décès liés aux comportements ou à l'environnement (consommation d’alcool, tabagisme, pollution de l’air). Par exemple, le cancer du sein, tue en Pologne plus qu’ailleurs. 


Par tous les seins de Pologne, ce cancer qui y tue plus qu’ailleurs ! 

De plus, les tabous autour de la santé mentale freinent la prise en charge des personnes ayant des besoins spécifiques, ce qui les amènent à penser que leurs besoins dans ce domaine ne sont pas assez pris en compte. Ce constat est particulièrement visible chez les plus jeunes.  

Si vous avez besoin d’aide, vous pouvez consulter le site du Centrum Wsparcia dla Osób Dorosłych w Kryzysie Psychicznym (Centre de soutien pour adultes en crise mentale) ici ou appeler directement le 800 70 2222

 

Le système de santé polonais est un malade en rémission

En 2023, les dépenses publiques de santé ont représenté 6 % du PIB, une amélioration par rapport à 2021. Mais cela ne s’arrête pas là : une loi sur le financement des soins de santé prévoit de plus larges dépenses publiques dans ce domaine d’ici 2027 afin d’améliorer le système de santé polonais. 

Des efforts sont également fait par la communauté médicale afin de rendre plus accessible les soins de santé mentale et de lutter contre la stigmatisation des problèmes mentaux.  

Dans le but de rendre plus accessible la santé à tous, le gouvernement a aussi développé un compte Internet pour les patients : Internetowe Konto Pacjenta

💡 Co to jest ? Internetowe Konto Pacjenta (https://pacjent.gov.pl/) : le compte électronique des patients 

D’après le site officiel du gouvernement, l’IKP (Internetowe Konto Pacjenta), est un outil qui est censé permettre aux patients d'organiser plus facilement les informations médicales relatives à leur état de santé. C’est un compte gratuit qui est accessible à toute personne disposant d'un PESEL.
Le compte patient Internet fournit des informations sur les traitements reçus passés, en cours ou prévu et permet de régler un certain nombre de questions sans avoir à vous rendre dans une clinique ou un centre de soins ambulatoires.

 

Le système de santé de polonais est complexe, à plusieurs niveaux, et bien qu’une tentative de sécurité sociale universelle est en place, elle laisse tout de même de nombreux patients de côtés. Cela entraîne des différences majeures entre les personnes ayant les capacités financières de se soigner dans des délais plus courts et d’avoir accès à une offre de soins plus large et de bonne qualité, et les personnes plus précaires qui ne peuvent pas nécessairement accéder à des soins dont elles auraient besoin.

En cas d’urgence, vous pouvez appeler le 112 (numéro d'urgence européen), le 999 (urgence médicale), le 998 (pompiers) ou le 997 (police).

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