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Médicament anticancéreux : la recherche polonaise explore pommes de terre et tomates

Nous savons tous que les légumes sont particulièrement bons pour la santé. Cependant, encore aujourd'hui, la recherche scientifique tente de comprendre comment ils agissent pour notre bien-être. Une étude de l'université Adam Mickiewicz à Poznan, dirigée par Magdalena Winkiel, a mis en lumière les bienfaits de la pomme de terre et la tomate - ces aliments gorgés de vitamines ont également des composés bioactifs - les glycoalcaloïdes, qui pourraient vous protéger contre un tas de maladies, dont le cancer, à condition de les utiliser au bon dosage, car ils sont aussi nocifs pour la santé.

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Écrit par Anaëlle Andrier
Publié le 28 décembre 2023, mis à jour le 28 décembre 2023

Légumes et fruits : un minimum de 400 grammes par personne

Les experts en nutrition conviennent que les fruits et légumes devraient constituer la base d’une alimentation équilibrée. La quantité de légumes et fruits que nous consommons devrait correspondre à la moitié des produits que nous consommons. 

Une alimentation riche en légumes et fruits protège des maladies cardiovasculaires, de certains cancers, du diabète de type 2 et de l’obésité. Et inversement, ne pas en consommer assez de ces aliments présente un risque avéré de ces maladies.

Malgré les connaissances des Polonais sur les bienfaits pour la santé de la consommation de légumes et de fruits, les mêmes recherches indiquent que les légumes et les fruits n’occupent toujours pas la place qui leur revient dans leur alimentation et ne constituent pas une partie suffisante des repas consommés.

Les ajouts de légumes au dîner sous forme de soupe, de salade ou de légumes cuits à la vapeur sont un complément traditionnel à la plupart des plats à l’heure du déjeuner.

Les fruits domestiques les plus consommés par les Polonais sont les fraises, pommes, cerises, prunes, et poires. En ce qui concerne les légumes domestiques, les pommes de terre et tomates mènent la marche, suivie de près par les cornichons, puis les carottes, le chou, les oignons, et la betterave.

Les Polonais consomment beaucoup de légumes et fruits en conserves (przetworach) ! Pour les fruits, ils sont souvent consommés en confiture, conserves, confits ou en jus (ou kompot), nectars et boissons aux fruits.

Deux légumes qui pourraient permettre de lutter contre le cancer

Les chercheurs de l'université Adam Mickiewicz à Poznan en Pologne ont démontré que certains glycoalcaloïdes - composés bioactifs présents dans plusieurs légumes - peuvent être efficaces pour lutter contre le cancer. La recherche a été dirigée par Magdalena Winkiel. Son équipe a analysé le potentiel thérapeutique des glycoalcaloïdes, que l’on trouve dans les légumes courants tels que les pommes de terre et les tomates. Dans cette étude publiée dans la revue Frontiers in Pharmacology [ DOI: 10.3389 / fphar.2022.979451 ], les chercheurs annoncent que les cinq glycoalcaloïdes aux effets bénéfiques contre le cancer sont la solanine, la chaconine, la solamargine, la solasonine et la tomatine. On les retrouve en particulier dans la pomme de terre, l’aubergine et la tomate. 

Les glycoalcaloïdes, des bioactifs à ingérer avec modération
L'EFSA a évalué les risques pour la santé humaine et animale liés à la présence de glycoalcaloïdes dans l’alimentation humaine et animale, en particulier dans les pommes de terre et les produits dérivés.
Les glycoalcaloïdes sont des composés naturels que l'on retrouve dans la famille des solanacées, qui comprend notamment les pommes de terre, les tomates ou encore les aubergines. 
L'intoxication aux glycoalcaloïdes peut provoquer des symptômes gastro-intestinaux aigus, tels que nausées, vomissements ou diarrhée.
L'Autorité Européenne de Sécurité Alimentaire (EFSA), a calculé, sur la base des connaissances les plus récentes en la matière, une dose minimale avec effet nocif observé (DMENO ) de 1 milligramme par kilogramme de poids corporel par jour, soit la dose la plus faible à laquelle des effets indésirables peuvent être observés.
Comment réduire la teneur en glycoalcaloïdes ? Par l'épluchage, en portant à ébullition ou en faisant frire les aliments. A titre d'exemple : éplucher les pommes de terre peut réduire leur teneur en glycoalcaloïdes de 25 à 75 %, les faire bouillir dans l'eau de 5 à 65 %, et les frire dans l'huile de 20 à 90 %. Source : efsa.europa.eu

Selon les chercheurs de l'université de Poznan, « ces composés thérapeutiques pourraient être appliqués séparément ou en association avec d’autres médicaments pour augmenter l’efficacité du traitement du cancer ».

Magdalena Winkiel, rajoute :

« Les scientifiques du monde entier sont toujours à la recherche de médicaments qui seront mortels pour les cellules cancéreuses, mais en même temps sans danger pour les cellules saines » (...) « Ce n’est pas facile malgré les progrès de la médecine et le développement des techniques de traitement modernes. Par conséquent, il peut être utile de revenir à des plantes qui ont été utilisées avec succès il y a des années pour traiter diverses affections. Je crois qu’il vaut la peine de réexaminer leurs propriétés et peut-être de redécouvrir leur potentiel ».

La légende raconte que les pommes de terre sont arrivées en Pologne grâce au roi Jean III Sobieski qui en aurait envoyé un grand sac à sa femme pendant le siège de Vienne. Mais en réalité, ce serait le jardinier du palais qui les aurait plantées et son beau-fils qui les popularisa à Varsovie, à l’époque du roi Auguste II « le Fort » (August II Mocny) au début du XVIIIe siècle. La pomme de terre n’a pas été bien accueillie par les Polonais qui considéraient ce légume mauvais pour la santé. Ce n’est qu’au XIXe siècle que la pomme de terre est devenue économiquement importante et elle conserve, depuis, une place importante dans la cuisine polonaise. Aujourd’hui, la pomme de terre est le légume le plus populaire en Pologne - un élément permanent du dîner polonais, composant des soupes, des boulettes, des purées, etc.

Grâce à la solanine qu’elles contiennent, les plantes solanacées telles que la pomme de terre, la tomate, et l’aubergine pourraient être efficaces en prévention contre le cancer. Les chercheurs polonais de l’université Adam Mickiewicz ont démontré que la solanine peut empêcher certains produits chimiques potentiellement cancérigènes de se transformer en agents cancérigènes dans l’organisme et également inhiber les métastases et cellules leucémiques.

La chaconine, contenue en particulier dans les pommes de terre, aurait des propriétés anti-inflammatoires

La solamargine, contenue dans les aubergines, pourrait quant à elle empêcher les cellules cancéreuses du foie de se reproduire.

En Pologne, l’aubergine était, autrefois, considérée comme toxique. Aujourd’hui, ce légume se trouve facilement dans le pays. Riche en propriétés nutritionnelles, l’aubergine est idéale pour confectionner des ragoûts, comme ingrédient mijoté avec d’autres légumes ou de la viande, mais aussi comme un aliment à griller ou frire.

Selon la recherche, la solamargine et la solasonine, contenues dans les pommes de terre, pourraient cibler les cellules souches du cancer, impliquées dans la résistance aux médicaments - permettant ainsi une meilleure efficacité des traitements contre le cancer.

Enfin, la tomatine que l’on retrouve dans les tomates serait utile pour la régulation des cellules et pourrait contribuer à éliminer les cellules cancéreuses.

La tomate est l’un des fruits les plus communs en Europe, et la Pologne ne fait pas exception. La tomate est utilisée comme base pour les soupes, les conserves, les sauces et un ingrédient dans de nombreux plats. Peu calorique et riche en eau, la tomate est pleine de propriétés bénéfiques pour la santé. Ce fruit permet de retarder le processus de vieillissement, soutenir le système cardiovasculaire et réduire le risque de cancer, en particulier de la prostate.

 

« Même si nous ne pouvons pas remplacer les médicaments anticancéreux actuellement utilisés, peut-être que la thérapie combinée augmentera l’efficacité de ce traitement », suggère Winkiel. « Il y a beaucoup de questions, mais sans une compréhension détaillée des propriétés des glycoalcaloïdes, nous ne pourrons pas en apprendre davantage », explique Magdalena Winkiel.

Vous l'aurez compris, les glycoalcaloïdes ne sont pas sans danger sur la santé, c'est pourquoi, avant de les utiliser sous forme de médicaments, les chercheurs doivent faire toutes les vérifications en matière de sécurité. 

 

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