Le Sénat a adopté vendredi 16 février sans modification un amendement à la loi sur l'assistance aux citoyens ukrainiens, suite à la décision du Conseil de l'UE de prolonger la protection temporaire des réfugiés ukrainiens jusqu'au 4 mars 2025. Bien que les Polonais continuent de soutenir l'Ukraine, ils sont de plus en plus nombreux à souhaiter que les réfugiés travaillent en Pologne, s’opposant au financement de prestations sociales. Les citoyens ukrainiens, quant à eux, soutiennent différents secteurs professionnels en Pologne, dont le secteur médical. Au même moment, les agriculteurs manifestent, demandant à stopper l'afflux incontrôlé de produits agricoles en provenance d'Ukraine, malmenant l'agriculture polonaise. Après deux ans de guerre, comme l’Europe n’en avait pas connu depuis 1945, d’autres problèmes s’ajoutent assombrissant l’approche du 24 février, date du deuxième anniversaire du conflit déclenché par la Russie.
Assistance aux citoyens ukrainiens mais problèmes de financement
Le Sénat a adopté vendredi 16 février sans modification un amendement à la loi sur l'assistance aux citoyens ukrainiens dans le cadre du conflit armé sur le territoire de ce pays. Ces amendements font suite à la décision du Conseil de l'UE de prolonger la protection temporaire des réfugiés ukrainiens jusqu'au 4 mars 2025.
« Nous sommes bien conscients que l'assistance offerte il y a deux ans a changé de nature, car les instruments proposés au cours des premières semaines de la guerre répondaient à des problèmes légèrement différents pour les personnes qui s'adressaient à nous. Aujourd'hui, ces problèmes sont différents, c'est pourquoi nous devons revoir cette loi, procéder à une consultation décente, voir où nous pouvons renforcer cette loi, mais d'un autre côté, faire attention à ce que personne ne soit laissé de côté dans cette loi ». - a souligné lors de la réunion du Sénat le chef adjoint du ministère de l'Intérieur et de l'Administration, le professeur Maciej Duszczyk.
Néanmoins, selon une étude de l’Université de Varsovie, bien que les Polonais soutiennent l'Ukraine dans son combat contre la Russie, ils sont de plus en plus nombreux à souhaiter que les Ukrainiens travaillent en Pologne, et s’opposent au financement de prestations sociales : ils voient plutôt d'un mauvais oeil une aide sociale globale avec financement de l’hébergement et de la nourriture.
Le gouvernement de Donald Tusk a admit, par ailleurs qu'il n'avait pas assez de moyens pour financer cette aide par l'épargne et les réserves affectées et qu'il devrait donc émettre des obligations BGK.
«La Pologne, en tant que pays de la ligne de front, revêt une importance particulière dans ce conflit et s'est montrée solidaire, mais les Polonais commencent à en avoir assez… dixit l’enquête Omnibus et le Baromètre du marché du travail polonais. » Une analyse à retrouver :
Le Forum International de Karpacz 2023 a tenu ses promesses
Les citoyens ukrainiens soutiennent différents secteurs professionnels en Pologne, dont le secteur médical. En mars 2023, plus de 53 % des Ukrainiens couverts par l’assurance maladie polonaise ZUS travaillaient dans l’industrie, les transports, la construction ainsi que le commerce.
Maciej Duszczyk a déclaré que, « si l'on considère les questions budgétaires, le budget de l'État polonais bénéficie du séjour des Ukrainiens. 67 % des réfugiés de guerre originaires de ce pays travaillent et paient donc des impôts et des cotisations de sécurité sociale. Plus de 750 000 d'entre eux sont assurés auprès de l'institution d'assurance sociale (ZUS), ils ont donc un contrat de travail, et davantage de personnes travaillent, y compris dans le cadre de contrats de travail spécifiques. La contribution au budget de l'État est importante. Je ne peux pas imaginer le marché du travail polonais d'aujourd'hui sans les citoyens ukrainiens. Je pense que ce serait un problème très grave pour nous du point de vue de la compétitivité de l'économie de nombreuses entreprises qui dépendent en partie des employés ukrainiens ».
Que retenir de la loi sur l'assistance aux citoyens ukrainiens ?
68 sénateurs ont voté en faveur de l’amendement sans amendement, personne n’a voté contre et 3 se sont abstenus.
- Le séjour des citoyens ukrainiens est légal s’ils sont arrivés en Pologne entre le 24 février 2022 et le 4 mars 2024.
- La légalité du séjour des réfugiés de guerre ukrainiens est prolongée jusqu’au 30 juin 2024.
- Des soins de santé, un accès à l’éducation et un ensemble complet d’aides sociales sont fournis aux citoyens ukrainiens, soit une allocation de 800+ par enfant, de 1000 PLN pour un an après la naissance d’un enfant et de 300 PLN d’une aide unique pour tout le monde.
- La période de validité des visas nationaux et des permis temporaires pour les citoyens ukrainiens est prolongée, ainsi que la date limite pour quitter le territoire polonais et la date limite pour leur retour volontaire.
- La modification de la loi prolonge également la période pendant laquelle un citoyen ukrainien qui a obtenu les qualifications de médecin, de dentiste, d’infirmier ou de sage-femme en dehors du territoire des États membres de l’UE peut obtenir l’autorisation d’exercer cette profession et un droit conditionnel d’exercer ces professions.
Qu'en est-il de l'éducation des jeunes Ukrainiens ?
Certes, environ 170.000 enfants et jeunes ukrainiens étudient dans les écoles polonaises, mais environ 150.000 d’entre eux suivent des cours à distance dans le système ukrainien, a expliqué Maciej Duszczyk lors de la session de la Diète (Sejm). Quant à certains jeunes, ils n’étudieraient pas du tout, c’est pourquoi des solutions devraient être mises en place pour l’éducation, qui seront développées au cours de l’année scolaire 2024/2025.
En temps de guerre, l’éducation passe rapidement au second plan et les traumatismes prennent le dessus. Comme on peut le lire sur la page de www.educationcluster.net : « La détérioration de la situation sécuritaire en Ukraine à la suite de l'escalade de la violence armée a exacerbé les besoins en éducation des enfants et des jeunes, qui ont été gravement affectés par une exposition aiguë et continue aux traumatismes et au stress psychologique liés au conflit, entraînant un risque d'abandon scolaire et des mécanismes d'adaptation négatifs. »
Retour sur les aides européennes pour l’Ukraine
Depuis le début de l’attaque menée par la Russie, l’Union européenne et ses États membres ont débloqué plus de 85 milliards d’euros pour soutenir l’Ukraine et son peuple.
- Plus de 31 milliards d’euros d’appui financier et budgétaire et d’aide humanitaire
- 17 milliards d’euros pour aider les réfugiés dans l’UE
- 28 milliards d’euros de soutien militaire
- 9,45 milliards d’euros de subventions, de prêts et de garanties des États membres de l’UE
6 février 2024, le Conseil et le Parlement se sont mis d’accord sur la création d’un instrument pour l’Ukraine. Il apportera au pays un soutien financier prévisible de 50 milliards d’euros pour la période 2024-2027. Les fonds sont destinés à réparer, reconstruire et reconstruire le pays.
La démocratie en danger… depuis 2014
Cette volonté féroce de faire disparaitre l’Ukraine de la carte met nos démocraties plus que jamais en danger. Quelques jours après l’invasion par la Russie, le 2 mars 2022, le président français, Emmanuel Macron déclarait, dans son allocution sur la guerre en Ukraine, « la démocratie n’est plus considérée comme un régime incontestable, elle est remise en cause, sous nos yeux ».
Sauf qu'une invasion plus sournoise de l’Ukraine avait débuté le 20 février 2014 avec l’opération spéciale russe, pendant l’Euromaïdan à Kiev. Quelques jours après sa fuite, le président Viktor Ianoukovitch déclarait à quelques pas de la frontière ukrainienne, depuis Rostov-sur-le-Don en Russie, que « La Russie doit et est obligée d'agir et, connaissant le caractère de Vladimir Poutine, je me demande pourquoi il est si réservé et pourquoi il garde le silence. »
Le silence ? Jusqu’au retentissement assourdissant de l’agression de la Russie contre l’Ukraine, le 24 février 2022, opération à grande échelle visant à démanteler le pays, faisant pénétrer la guerre dans le territoire jusque-là cossu et protégé de l’Europe.
À moins d’un mois des élections russes, qui se dérouleront le 17 mars, l’approche du 24 février a une étrange saveur cette année en Pologne, les agriculteurs manifestent depuis le 9 février, demandant le retrait du Green Deal, proposé par l'Union européenne et l'arrêt de l'afflux incontrôlé de produits agricoles en provenance d'Ukraine, qui tueraient l'agriculture polonaise, par une concurrence déloyale. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky est monté au créneau, lundi 19 février, pour dénoncer le blocus à la frontière polono-ukrainienne, organisé par les chauffeurs de poids-lourds et les agriculteurs polonais, parlant d'« [l'] érosion de la solidarité au quotidien » envers son pays.
Fundusz Pomocy dla Ukrainy - Kancelaria Prezesa Rady Ministrów