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Les 100 ans du traité de Rapallo sur les terres irrédentes

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Écrit par Simon Deniaud
Publié le 11 novembre 2020, mis à jour le 12 novembre 2020

Ce 12 Novembre l’Italie fête un centenaire qui laisse songeur sur les changements qui bouleversèrent le XXe siècle. Ce même jour de Novembre 1920, l’Italie et la Yougoslavie s’entendent à contre-cœur, sans satisfaire les aspirations italiennes, sur les terres qui reviendront au Royaume d’Italie suite au traité de Rapallo, sur le front de mer ligurien. 

L’Histoire de ces terres que l’on nomme “irrédentes”, de l’italien irredento, est à l’origine d’un mouvement de nature nationaliste en Italie des années 1870 jusqu’à la résolution, bien que partielle et vite caduque, par le traité de Rapallo, des revendications autant italiennes que slaves sur les terres d’Istrie et le long de la côte Dalmate. 

Ce traité qui fait suite à la conférence de la Paix à Saint Germain en Laye en 1919 et à la Première Guerre mondiale exprime au mieux la réalité de l’entre-deux siècles et la formation du territoire de la nation italienne qui s’étend sur toute la période du Royaume italien qui fait suite au Risorgimento. 

On le sait, l’Italie s’est fait l’autrice d’une politique de haute voltige en brisant le réseau d’alliance qu’elle avait formé avec l’Empire Austro-Hongrois et l’Empire Allemand pour former la Triple Alliance pendant la Première Guerre mondiale. C’est par des accords secrets avec la France et la Grande-Bretagne qu’elle retourne sa veste en 1915 dans l’optique de récupérer ces terres irrédentes faisant corps avec l’état d’Autriche-Hongrie que ce soit la Dalmatie ou encore le Trentin et le Frioul.

C’est en fait une histoire de peuplement qui remonte, pour le cas Dalmate à une époque plus ancienne, où les Italiens n’étaient pas une nation, mais où sous l’égide des Vénitiens, l’Illyrie d’alors qu’on peut traduire en terme géographique par l’actuelle Croatie, servit de tête de pont commercial vers les îles de la mer Egée, l’île de Syros, ou encore la Crête. Cette expansion fit de l’Adriatique une mer qu’on aurait pu dire vénitienne et dont les débouchés orientaux lui permettaient de contrôler une partie du commerce méditerranéen et celui entrepris avec le monde ottoman. C’est ainsi que le peuplement italien s’étendit en cinq siècles malgré les reconquêtes de l’Empire Ottoman. Tout d’abord dans la mer Egée, la Crête et la mer Ionienne, puis avec la perte de l’Egée et de la Crête, les populations s’en retournent vers Corfou et Venise et aussi sur les villes de la côte Dalmate, dont on compte alors surtout l’Istrie et la bande de terre (qui aujourd’hui compte les destinations les plus touristiques de Croatie) de Zadar, Split et Dubrovnik. Les villes sont en fait majoritairement italiennes, tandis que les campagnes sont slaves autour d’un clivage qu’on pourrait dire séculaire.

La complexité de la politique d’après-guerre et la position quelque peu en retrait lors de celle-ci que ce soit par un tribut moins lourd (en vie humaine), une alliance tardive, ou la participation à un théâtre d’opérations moins sensible (loin du front de l’Ouest, où de l’Est) fait que l’Italie n’obtient en fait qu’une partie des terres promises : une partie du Trentin et le Frioul qui appartenait aux défaits, l’Autriche-Hongrie. Mais les Yougoslaves, à travers le rôle de la Serbie, alliés de la Triple-Entente pendant la Guerre et le Droit des Peuples à disposer d’eux-mêmes proclamé par Wilson et la formation de la SDN, privent l’Italie de la totalité de ses revendications. Certes, l’Italie obtient Zadar, mais elle perd la plus grande partie de l’Istrie, même si elle obtient Fiume finalement en 1924. La Seconde Guerre mondiale verra par la suite l’Italie du mauvais côté de l’Histoire et ainsi s’acheva la possession italienne des villes Dalmates et Istrienne, mais non pas les influences italiennes, qui se traduisent un peu partout, des remparts aux grèves qui comptent toujours comme perles de l’Adriatique.

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