Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

"Métamorphose" par Janine Magnani

Sculpture de Daphné et Apollon à la gallerie BorgheseSculpture de Daphné et Apollon à la gallerie Borghese
Écrit par Le Petit Journal de Rome
Publié le 27 septembre 2021, mis à jour le 27 septembre 2021

Il y a quelques semaines, le Petit Journal de Rome faisait la connaissance de Janine Magnani, l'une des lauréates du concours de nouvelles "Écriture des Sept Monts". Lors de la remise des prix, elle s'est confiée à nous et nous a avoué avoir un bon nombre d'histoires à partager. Nous vous proposons de découvrir aujourd'hui "Métamorphose".

 

 

Apollon l'a aperçue de loin et il s'est aussitôt lancé à sa poursuite car il est à l'instant tombé amoureux de celle qui sera son premier amour, Daphné.

         Or il vient de se moquer, l'imprudent, de Cupidon occupé à fabriquer un arc - Que fais-tu donc, galopin, avec cet arc plus grand que toi, tu ne sais même pas t'en servir !» et le garnement, vexé, lui a décoché entre les omoplates une de ses flèches à la pointe d'or... celle qui provoque la passion, et à Daphné une flèche à la pointe de fer qui, au contraire, la rend insensible à l'amour.

         A la vue du jeune dieu plein de fougue qui court vers elle, la nymphe effrayée s'enfuit. Il est rapide, il se rapproche.  Alors elle invoque son  père, le fleuve Pénée et le supplie de lui venir en aide. Il entend son appel.

         Le vent de la course soulève leurs cheveux. Apollon est si proche maintenant qu'elle sent son souffle chaud sur sa nuque.  Dans un dernier élan il tend une main et la pose sur sa hanche. Les deux corps semblent s'envoler. Mais à ce contact Daphné se fige. Ses pieds prennent racine et son corps se couvre d'une écorce fine tandis que ses bras se transforment en branches, ses mains et ses doigts en feuillages, ses pieds prennent racine. C'est si soudain qu'Apollon est stoppé net dans sa course et il reste en équilibre sur une jambe. Frappé de stupeur, il sent sous ses doigts la chair tendre se durcir et il voit disparaître peu à peu le corps juvénile qu'il ne possèdera jamais.

 

         La visiteuse tourne lentement autour de la statue et voit peu à peu s'effacer Daphné. Son corps disparaît, seul demeure le laurier qui deviendra l'arbre sacré à Apollon. Elle  vient  d'assister à un miracle, l'instant fugace d'une métamorphose fixé dans le marbre par le génie du Bernin. Alors elle quitte le musée, afin de conserver, intacte, l'ineffable vision.

L'aurore fuit devant le soleil qui ne la rattrapera jamais.

Flash infos