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Jean-Robert Bellanger, “l’Italo-Breton” qui réinvente les liqueurs italiennes

Il y a cinq ans, un amaretto à la recette non traditionnelle, produit dans les Pouilles, a fait son apparition dans l’offre des liqueurs italiennes. Depuis, Adriatico s’exporte dans une quarantaine de pays et se retrouve sur des tables des plus grands établissements, tels que le Ritz. Derrière la bouteille : Jean-Robert Bellanger, entrepreneur français amoureux de l’Italie. Entretien.

Jean Robert Bellanger AdriaticoJean Robert Bellanger Adriatico
Jean-Robert Bellanger, fondateur d'Adriatico.
Écrit par Joanna BLAIN
Publié le 14 janvier 2025

Amoureux de l’Italie et des Pouilles en particulier, ce Mayennais d’origine mais “Breton de coeur” - de par sa maison de vacances d’enfance à Saint-Briac-sur-Mer - a lancé sa marque d'amaretto en 2019. En cinq ans, le succès est fulgurant. Présente dans une quarantaine de pays, la liqueur a également conquis les plus grandes tables. Entretien avec Jean-Robert Bellanger, fondateur de l’Amaretto Adriatico.

Quel parcours vous a conduit a vous lancer dans cette aventure entrepreneuriale, en Italie ?

J’ai un parcours atypique par rapport à ce que je fais actuellement. J'ai étudié dans une école de commerce à Paris. C’est d’ailleurs, sur les bancs de cette école que j’ai rencontré mon associé actuel, Thomas Benoit. Par la suite, je me suis occupé du digital marketing et de la création des contenus chez Universal Music, MySpace, Redbull…. Concernant Adriatico, tout est lié à l’amour. Français mais aussi moitié italien par ma mère, je suis né et j’ai grandi en Mayenne. Tandis que mon père me préparait ses fameuses crêpes au caramel au beurre salé, ma mère me cuisinait son tiramisu avec de l’amaretto. Depuis tout petit, j’ai mangé de l’amaretto ! En grandissant, alors que mes copains buvaient de la bière, du gin frelaté et du mauvais whisky (rires), je buvais de l’amaretto. Ma femme est originaire des Pouilles, je suis rapidement tombé amoureux de cette région. En découvrant la production d’amandes des Pouilles qui, contrairement aux noix californiennes, sont très sèches, goûteuses, 100% bio et cultivées par des petits producteurs, un ami m’a suggéré de créer ma propre liqueur d’amaretto : ça a été le déclic et, en septembre 2019, on s’est lancés !

 

Quelle est la particularité de votre amaretto ? Cette liqueur est traditionnellement originaire de la Lombardie, dans le nord de l’Italie, or vous produisez le vôtre dans les Pouilles…

Pour la petite histoire, la recette originelle de l’amaretto se composait d’amaretti (les petits biscuits faits à partir d’amandes, de blanc d’œuf et de sucre), trempés dans de l’alcool. Mais il n’y a pas de “discipline” de l’amaretto. Contrairement au whisky, qui nécessite au minimum trois ans de vieillissement, ou au gin London Dry, qui doit avoir une certaine gradation d’alcool et de sécheresse, la seule condition pour faire un amaretto est d’avoir “un goût d’amande”. Par conséquent, beaucoup d’amaretto sont élaborés avec des arômes - naturels ou de synthèse -, ou avec des infusions de noyaux d’abricots dont la capacité organoleptique  rappelle le goût des amandes… Avec Adriatico, nous avons voulu premiumiser cette liqueur. Pour ce faire, nous utilisons une espèce d’amandes endémique des Pouilles qui s’appelle la “filippo cea” mais également du sel d’une des plus vieilles salines italiennes encore ouverte : la Salina di Margherita di Savoia. Pourquoi le sel ? En clin d'œil au caramel au beurre salé ! Nous toastons les amandes avec le sel dans un four à pizza, nous les distillons puis nous faisons infuser un mélange de cannelle, de café et de cacao pour donner plus de corps à la liqueur. Notre recette est 100% produite et embouteillée dans les Pouilles.
 

Bouteilles Adriatico


La particularité d’Adriatico se retrouve jusqu’au design de la bouteille, une histoire toute italienne. Racontez-nous.

Notre logo représente les trulli, ces maisons typiques des Pouilles. En ce qui concerne la forme de la bouteille, je me suis inspiré du château Castel del Monte, situé à 70 km de Bari. Il s’agit du seul château médiéval au monde avec un toit plat. Frédéric II de Hohenstaufen l’a conçu ainsi, au XIIIe siècle, pour récupérer des eaux de pluie en cas de siège, mais également pour observer le ciel. Cet édifice est étudié en école d’architecture car le numéro d’or - ou séquence de Fibonacci -, a été utilisé pour le bâtir. Nous avons réutilisé cette séquence pour designer notre bouteille d’amaretto.

Cinq ans après le lancement de votre liqueur, le succès de l’Adriatico est-il au rendez-vous ?

Aujourd’hui, nous vendons plusieurs centaines de milliers de bouteilles par an, avec une croissance de près de 20% en 2024. Nous sommes désormais présents dans plus d’une quarantaine de pays, en Europe mais également en Corée du Sud, en Chine, aux Etats-Unis… Notre premier marché reste la France. Nous sommes distribués dans plus de 900 caves de l’Hexagone - parmi lesquelles, le Repaire de Bacchus, Nysa, la Maison du Whisky… - mais également auprès des mixologues. On peut nous retrouver au Ritz, au Bulgari Hôtel etc. C’est étonnant car la France n’a jamais eu une grande culture de l’amaretto. Cette liqueur a longtemps été considérée comme un ingrédient cantonné aux desserts ou aux glaçages, ou en shot gratuit à la fin du repas, à l’instar du limoncello.

 

château au toit plat dans les Pouilles


Quels sont vos projets à venir ?

Nous réinventons constamment nos recettes. Chaque année, nous sortons une édition spéciale de notre amaretto vieilli en fût de rhum Caroni ou de bourbon par exemple. Cette année, nous avons commercialisé 2 500 bouteilles d’amaretto vieilli en fût de rhum planteray des îles Fidji. Nous avons aussi développé le tout premier lait d’amandes alcoolisé : l’amaretto bianco. C’est tout simplement le produit de départ de l’amaretto, mais sans torréfaction. Peu alcoolisé (16 degrés), il se marie très bien en cocktail tel que le Puglia Paloma. Enfin, une version sans alcool de l’Adriatico – Adriatico Zero - vient d’être lancée.

Adriatico, c’est aussi du Limoncello. A-t-il également une particularité, une histoire du terroir à raconter ?

Outre l’amaretto, nous vendons du limoncello depuis 2021, appelé “Mamma Mia”. Nous le produisons à partir de citrons cultivés dans le parc de Gargano, dans la province de Foggia (Pouilles). C’est la même famille qui les cultive et récolte à la main depuis 1860, ils ont même fourni la Maison Blanche en citrons ! Nous les pelons à la main et les faisons infuser pendant trente jours. Notre limoncello est moins sucré, et moins alcoolisé. En général, cette liqueur tourne autour des 30 à 40 degrés mais Mamma Mia est à 24 degrés. Notre spécificité, c’est d’y ajouter une infusion de menthe poivrée.

 

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