Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 novembre 2012
La première loi signée Barack Obama sur l'égalité salariale, consacrant le combat mené par Lilly Ledbetter afin d'obtenir la même rétribution que ses collègues masculins, a ravivé le débat en Italie sur le phénomène du ?plafond de verre?, cet obstacle invisible mais bien réel qui pénalise les femmes dans leur évolution de carrière et leur rémunération
Les données fournies par le rapport annuel d'Eurispes* sont éloquentes. Malgré les progrès accomplis, en Italie l'écart salarial entre hommes et femmes reste important : cette différence, de l'ordre de 16%, représente en moyenne 4.000 euros en moins par an sur le salaire brut des femmes par rapport à celui de leurs homologues masculins? Bien entendu, l'écart est sujet à variations : très marqué dans le domaine des professions techniques et dans le monde des ouvriers spécialisés, il diminue de façon considérable quand il s'agit du travail des employés et des postes de direction. Il faut reconnaître, toutefois, qu'au sein de l'Europe les femmes de la Péninsule ne sont pas les seules à subir cette discrimination : l'égalité professionnelle a beau être inscrite dans les directives de l'UE depuis le Traité de Rome de 1957, son application dans le monde du travail reste encore aléatoire dans la plupart des pays de l'Union.
Emma Marcegaglia, véritable symbole d'une présence féminine qui s'affirme dans les postes de responsabilité, a été élue Présidente de Confindustria, le Patronat italien, en 2008 (photo Confindustria de Sondrio lors du congrès du 9/10/07)
Egalité entre les sexes pour l'âge de départ à la retraite En dépit des difficultés rencontrées par l'UE dans l'application du droit communautaire, une sentence de la Cour de Justice européenne a récemment eu le mérite de relancer en Italie le débat sur le respect des droits des femmes dans le monde du travail. La sentence, prononcée le 13 novembre dernier, stigmatisait en effet la différence d'âge (65 ans pour les hommes et 60 ans pour les femmes) prévue pour le départ à la retraite dans le secteur public italien : cet écart a été considéré comme une forme de discrimination à cause de ses répercussions sur l'évolution de carrière des femmes et sur le montant de leur pension de retraite. Pour aller dans le sens des directives européennes, le ministre de la Fonction publique Renato Brunetta a donc proposé de fixer pour tous l'âge du départ à la retraite à 65 ans. Les réflexions concernant les discriminations et les difficultés des femmes dans le monde du travail ont toutefois contribué à montrer le problème dans toute sa complexité.
D'après un sondage effectué au premier semestre 2008, 65,7% des femmes italiennes pensent que le travail et la carrière sont à l'origine du choix de repousser la maternité ou d'y renoncer (photo LPJ)
Au c?ur du problème
Les revendications concernant aussi bien les salaires que les retraites se heurtent à une conception traditionnelle encore profondément ancrée - surtout (mais pas uniquement) dans le sud de l'Italie - du rôle social de la femme, à l'origine du déséquilibre dans la répartition des tâches dans la gestion familiale. Le résultat ? La journée de travail d'une femme est généralement plus longue que celle de son homologue masculin, même si elle passe moins de temps au bureau, ce qui la pénalise dans son parcours professionnel. Sans oublier une difficulté supplémentaire pour les femmes de la Péninsule : le réseau d'infrastructures se révélant trop souvent insuffisant, elles se trouvent dans l'obligation de combler les vides laissés par l'Etat. La voie qui mène à l'égalité dans le monde du travail semble alors toute tracée : le changement culturel devrait être possible grâce à des actions concrètes menées par les gouvernements (mi-temps et congés parentaux, plus de crèches, assistance à domicile pour les personnes âgées?) pour que ce fameux soffitto di cristallo puisse enfin se briser? Luisa GERINI (www.lepetitjournal.com - Turin - Rome) mardi 24 février 2009