Massimo Carminati, ancien membre de l’extrême droite italienne, a été condamné mardi 9 mars à 10 ans de prison. L’homme, âgé de 62 ans, était au cœur d’un immense scandale de corruption nommé « Mafia Capitale ». Ce réseau avait contribué au discrédit d’une partie du personnel politique romain.
Cette condamnation s’inscrit dans un procès hors norme qui s’annonce comme l’un des plus importants depuis les grandes enquêtes lancées dans les années 1990 par le parquet de Milan. Une quarantaine de personnes sont amenées à comparaître pour avoir pris part à ce réseau de corruption. Il mêlait à la fois criminels, entrepreneurs et homme politiques. La majorité des audiences ont lieu dans la prison de Rebibbia, située au nord-est de la capitale.
Ce scandale a éclaté le 4 décembre 2014, lors de l’arrestation de 37 personnes. Les romains découvraint alors médusés l’existence du « Monde du milieu », avec à sa tête Massimo Carminati. Ce dernier est né à Milan, et est connu comme un ex-activiste d’extrême droite, membre des Noyaux armés révolutionnaires (NAR). Ce groupuscule terroriste a mené plusieurs attaques, dont la strage di Bologna (l’attentat de la gare de Bologne) en 1980. Considéré comme « le dernier roi de Rome », Massimo Carminati avait déclaré en 2012 à son bras droit Salvator Buzzi, « Il y a les vivants au-dessus et les morts en dessous. Et nous sommes au milieu, dans ce monde du milieu où tout le monde se rencontre ».
Les deux hommes ont régné sur la pègre romaine et géré un vaste réseau d’affaires criminels aux activités et horizons diverses. Les affaires allaient de la gestion des ordures au détournement de fonds destinés aux centres d’accueil pour réfugiés. Carminati déclara à Buzzi le « trésorier », de l’organisation :
« Tu as une idée, toi, de combien je gagne sur les immigrés ? Le trafic de drogue rapporte moins ».
Cette affaire a discrédité les élites politiques de la ville de Rome et certainement participé à la victoire historique aux élections municipales du Mouvement Cinq Etoiles en 2016. Après plusieurs rebondissements judicaires, Carminati et Buzzi ont été reconnus coupables d’association de malfaiteurs. Les autres crimes et accusations mafieuses aux peines plus sévères avaient été abandonnées en 2019. Les deux associés avaient déjà été libérés de prison en 2020. En effet, ils avaient purgé le délai maximum accordé aux détenus en attente d’une décision finale de Justice. Or, on ignore encore s’ils devront retourner en prison à la suite de ces jugements qui peuvent faire l’objet de procédures d’appels.