Ce mois-ci, lepetitjournal.com de Rome vous entraîne dans l'univers de Caterina Bonvicini, et vous fait partager son coup de coeur pour Le pays que j'aime.
Le pays que j'aime est le destin d'un couple dans l'Italie berlusconienne. Élevés ensemble dans une villa magnifique, Olivia et Valério n'ont pourtant pas les mêmes cartes en mains : Olivia est l'héritière de la richissime famille Morganti, Valério est le fils du jardinier. Mais dans ces années tumultueuses, la vie n'est parfois qu'un vaste jeu de poker?
Enfants, Valério et Olivia sont inséparables. D'une intelligence vive, le fils du jardinier gagne l'affection de Manon, la grand-mère d'Olivia. Elle les éduque tous les deux à l'art et la beauté, mais ne leur épargne rien de l'actualité sanglante du début des années 80. Dans leurs souvenirs d'enfance se mêlent ainsi des récits de meurtres, qu'ils confondent parfois avec les romans d'Agatha Cristie dont ils raffolent.
Mais peu à peu, la violence s'immisce dans leur vie-même : le grand-père d'Olivia est assassiné, bouleversant la famille Morganti qui ne s'en remettra jamais vraiment. Et Valério est forcé de suivre sa mère, qui s'installe à Bologne avec un petit truand qui s'acoquine avec la Mafia et y laissera la vie.
Les enfants se perdent de vue, se redécouvrent jeunes adultes, s'aiment et se quittent. Valério fait de brillantes études, mais sur le point de devenir magistrat, fait un autre choix, plus périlleux : il reprend l'entreprise de BTP du père d'un ami, excelle dans « l'art des affaires », sans jamais se brûler les doigts. Olivia, elle, dissipe sans compter ses talents, suit les élans de son c?ur et se trompe, souvent.
Et quand ils se retrouvent, adultes, émus de reprendre la partie là où ils l'avaient laissé, ils ne tardent pas à se rendre compte que les dés sont pipés...
Le pays que j'aime est le troisième roman de Caterina Bonvicini traduit en français et paru chez Gallimard, dans la collection « du monde entier », après L'équilibre des requins (pour lequel elle a reçu de nombreux prix) et Le lent sourire.
Le titre français choisi par la traductrice est tiré d'un discours de Berlusconi, qui intervient en arrière-plan sonore lors d'une des disputes du couple? L'une des forces de ce roman est ainsi de fournir des clés pour mieux comprendre l'histoire italienne contemporaine sans alourdir l'intrigue. En 2011, Caterina Bonvicini confiait dans une interview qu'il « est plus facile de parler de la mafia que de l'Italie de Berlusconi, puisqu'on ne peut pas écrire sur la vulgarité sans être vulgaire ». Il semblerait qu'elle ait changé d'avis depuis, pour notre plus grand plaisir?
Caterina Bonvicini est une écrivaine italienne. Originaire de Bologne, diplômée en Lettres Modernes, elle a travaillé dans la maison d'édition Einaudi, à Turin. Elle vit et travaille actuellement à Rome.
Bénédicte Bazaille (Lepetitjournal.com de Rome) - Vendredi 3 février 2017.
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