Dans le cadre du Next Generation EU destiné à relancer les économies des pays membres, l’axe France-Italie apparaît comme une opportunité à structurer au niveau européen.
Mais comment les entreprises peuvent-elles relever le défi et obtenir les possibles financements ?
« Le Next Generation EU est réponse extraordinaire à des circonstances extraordinaires. Nous avons une opportunité à ne pas perdre pour chaque pays, chaque entreprise, mais aussi pour la coopération entre la France et l’Italie », a déclaré Christian Masset, ambassadeur de France en Italie, lundi 17 mai, lors d’un webinaire organisé par la Chambre de commerce France Italie. Le premier volet d’une série de rendez-vous destinés à informer concrètement les entreprises des possibilités à saisir pour relever le défi.
Entre transition écologique et innovation digitale
Le plan Next Generation EU, qui a affirmé la notion de solidarité européenne, sera opérationnel en juillet avec le versement de la première tranche des fonds. Le montant de 750 milliards de subventions et de prêts est sans précédent. L’Italie, premier pays bénéficiaire, recevra 80 milliards de subventions et plus de 130 milliards de prêts. Alors que la France a choisi de ne pas recevoir de prêts, elle se verra attribuer 40 milliards de subventions pour aider à la transition écologique et numérique notamment.
« Chaque pays a élaboré son plan de relance, mais il est fondamental qu’il y ait la recherche d’une coordination au niveau européen pour mieux se préparer à la compétition de demain », a réaffirmé Christian Masset.
Les partenariats franco-italiens sont le point de départ de projets européens
Et pour cela, l’axe France-Italie apparaît comme une opportunité à structurer au niveau européen.
Rappelons que les deux pays sont des partenaires économiques majeurs et historiques en Europe : la France est le premier investisseur en Italie, et le troisième pays d’implantation des filiales italiennes.
Aussi, la coopération franco-italienne a donné naissance à de grands groupes tels que STMicrolecttronics dans le secteur des composants électroniques, Fincantieri et Navalgroup, Luxottica-Essilor et Stellantis.
« Les partenariats franco-italiens sont l’occasion de regarder ensemble comment réduire nos dépendances et nos vulnérabilités. Ils sont aussi le point de départ de projets européens », a confirmé Caroline Mischler, directrice de la mission de l’action européenne auprès de la Direction générale des entreprises, tout en insistant sur la nécessité de se placer à l’échelle européenne.
Les PIIEC, à l’appui de la création de champions européens
Dans ce cadre, le dispositif européen des PIIEC (projets importants d’intérêt européen commun) poursuit son développement sur l’innovation et la recherche industrielle. Leur but : renforcer la compétitivité et le leadership de l’Europe dans les secteurs choisis par l’Europe en donnant la possibilité aux entreprises de se mobiliser. « Il s’agit d’un vecteur qui sera très important pour réussir à bien dépenser les investissements du Next Generation EU », selon Caroline Mischler.
C’est d’ailleurs dans ce cadre que le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire a rencontré son homologue italien Daniele Franco, ainsi que les ministres du Développement économique Giancarlo Giorgetti et de l’Innovation technologique, Vittorio Colao, à Rome, en mars dernier.
A ce jour, des projets PIIEC ont déjà été lancés, notamment dans les domaines des microprocesseurs et les batteries électriques (en 2018), domaines dans lesquelles la France et l’Italie sont engagées. Les autres secteurs ciblés concernent l’hydrogène, domaine phare pour la transition écologique ; la santé afin de soutenir l’innovation dans ce secteur et construire une Europe de la Santé, et l’Espace. La micro-électronique fera en outre l’objet d’un deuxième PIIEC afin de suivre l’évolution de la technologie.
Au programme également, un PIIEC dédié au Cloud souverain européen.
Concrètement, pour favoriser les synergies, Confindustria (Mouvement italien qui regroupe près de 150.000 entreprises) travaille notamment avec ses homologues français du Medef. « En Italie, dans le cadre des PIIEC, nous avons sensibilisé tant les grandes entreprises que les PME, et défini un plan avec des règles permettant aux entreprises qui veulent participer de se manifester et créer des synergies », a expliqué Stefan Pan, délégué du président de Confindustria pour l’Europe
Appels à manifestation d’intérêt (AMI)
Pour mettre en œuvre les projets portés par les entreprises, il existe des Appels à manifestation d’intérêts Etat par Etat. Dans chaque pays, il existe un référent au ministère de l’Economie pour orienter et conseiller les entreprises. Il revient donc à chaque pays de définir sa participation pour sélectionner les projets qui seront ensuite agglomérés de façon transnationale.
Dans l’hexagone, BPI France va gérer l’argent pour financer les projets qui ont été sélectionnés en collaboration avec le ministère de l’Economie. La banque publique d’investissements a en charge de lancer les AMI relatifs à certains PIIEC, comme celui du Cloud.
« L’objectif est de mettre en place une infrastructure et des services pour générer de la valeur à partir des données industrielles et de l’IT », explique Christian Dubarry, responsable des affaires européennes pour BPI France. Aussi, le PIIEC Cloud vise toutes les applications innovantes en matière de conduite autonome, de logistique intelligente ou encore de distribution d’énergie.
« Pour être validés par la Commission européenne, les projets doivent nécessairement être innovants et avoir un impact économique et/ou sociétal significatif au sein de l’UE », ajoute Christian Dubarry.
Pour son deuxième volet le 20 mai, la CCI France Italie et son partenaire FI Group analyseront dans le détail le plan de relance italien afin d’aider les entreprises à identifier les opportunités de financement en matière de recherche et d’innovation.