Giorgio Napolitano est mort ce vendredi à l’âge de 98 ans. Premier élu communiste à devenir président de la République, il laisse derrière lui 70 ans de vie politique italienne et européenne.
L’Italie dit adieu à Giorgio Napolitano, mort le 22 septembre à Rome. Agé de 98 ans, l’ancien président de la République incarnait l’Italie politique de l’après-guerre, qu’il a marqué par sa longue carrière. Il a été député, député européen, président de l’Assemblée nationale, ministre de l’Intérieur, chef de l’Etat pendant 9 ans - et le premier président de la République à être réélu pour un second mandat -, sénateur à vie… Un siège qu’il avait déserté depuis le mois de juin dernier, en raison de son âge avancé et de son état de santé.
Son engagement politique commence durant ses années étudiantes à Naples, où il rejoint la résistance contre le régime dictatorial. A l’âge de 20 ans, il adhère au Parti communiste italien (PCI) dont il devient par la suite un dirigeant historique. L’homme de gauche est élu député en 1953, il restera au Parlement jusqu’en 1996 (hormis durant une législature). Ouvert au dialogue avec les socialistes italiens, et avec les démocrates outre-Atlantique, Giorgio Napolitano est considéré comme l’un des acteurs majeurs de la transition du Parti communiste italien vers l’Occident et l’Europe. En 1978, il est le premier communiste à être reçu à Washington.
Fervent partisan de la sociale-démocratie européenne, il est membre du Parlement européen de 1989 à 1992, puis de 1994 à 2004, où il est également président de la commission des Affaires constitutionnelles. Entre temps, il rentre en Italie pour être ministre de l’Intérieur sous le gouvernement de Romano Prodi.
Entre crise économique et tempête politique, deux mandats au Quirinal
Après Bruxelles, en 2005, Giorgio Napolitano est nommé sénateur à vie par le président de la République de l’époque Carlo Ciampi. L’année suivante, il est élu à la tête de l’Etat italien. C’est la première fois qu’un ancien communiste se voit élu au Quirinal.
En 2011, en pleine crise financière, il s’arroge le rôle d’arbitre : il prend acte de l’échec du centre-droit et obtient la démission de Silvio Berlusconi à la tête du gouvernement. L’Italie est au bord de la faillite, Giorgio Napolitano sort de ses pouvoirs principalement honorifiques pour le remplacer, sans passer par la case électorale, par l’ancien commissaire européen et économiste Mario Monti, alors chargé de former un « gouvernement de techniciens ». Considéré comme un « modèle institutionnel » pour certains, Giorgio Napolitano mécontente néanmoins une partie de la gauche pour avoir pris une décision à la frontière de ses pouvoirs.
En 2013, Giorgio Napolitano est aussi le premier président à être réélu pour un second mandat, et qui plus est à un âge avancé (près de 90 ans). Un mandat qu’il accepte, mais à contrecœur, en tant que garant de la stabilité de l’Italie alors que le pays traverse une nouvelle crise politique, avec des élections législatives et un scrutin présidentiel qui n’ont donné aucun vainqueur. Un choix exceptionnel donc, pour donner à l’Italie le temps de se réformer et de repartir.
Giorgio Napolitano tire sa révérence moins de deux ans plus tard. En janvier 2015, il quitte la Palais du Quirinal pour rejoindre de nouveau celui du Sénat, le Palais Madame, sa dernière résidence politique.
