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ENRICO BERLINGUER - Le communiste réformateur

Écrit par Lepetitjournal Milan
Publié le 28 février 2012, mis à jour le 15 novembre 2012

A l'approche du 90ème anniversaire de la naissance d'Enrico Berlinguer, la commune de Milan souhaite lui rendre hommage en consacrant une place à son nom. Retour sur le parcours de l'une des plus grandes figures de l'histoire politique italienne.

Né le 25 mai 1922 d'une famille de la petite noblesse sarde, Enrico Berlinguer s'engage dès son plus jeune âge dans la politique lorsqu'il adhère au parti communiste italien en 1943. La guerre terminée, il rejoint Milan où le secrétaire général du parti en personne, Palmiro Togliatti, l'a nommé responsable des jeunesses communistes italiennes. Un tremplin qui lui permet d'accéder en 1956 à la tête de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique (FMJD). Repéré par les dirigeants du parti pour son potentiel, il entre deux ans plus tard au cabinet de Luigi Longo, vice secrétaire général du parti. Le commencement d'une longue carrière politique?


L'affrontement avec le bloc soviétique
Pacifique et fervent défenseur de la liberté politique, Berlinguer prend très vite ses distances avec le bloc de l'Est. En 1956, suite au massacre de 2.500 Hongrois lors de l'insurrection de Budapest, il décide, "en représailles", de supprimer l'obligation pour les membres du PCI de se rendre en URSS. 12 ans plus tard, il prend de nouveau le parti des réformateurs communistes, à Prague cette fois-ci, et fustige ouvertement lors d'un congrès à Moscou l'invasion de la Tchécoslovaquie par l'armée rouge.



Alliant les paroles aux actes, Enrico Berlinguer crée dès 1975 avec les dirigeants communistes espagnols et français un mouvement politique autonome vis-à-vis du bloc soviétique : L'eurocommunisme est né. L'année suivante, il rompt définitivement avec le PCUS et la doctrine Jdanov lorsqu'il réclame l'instauration d'un "système pluraliste de socialisme". De l'invasion de l'Afghanistan en 1979 au coup d'Etat polonais de 1981 en passant par la crise des euromissiles des années 80, Berlinguer condamne toutes les tentatives d'expansion du bloc communiste. En 1981, il déclare même au cours d'une interview  que "la force progressiste issue de la Révolution d'Octobre est définitivement épuisée".


L'échec du compromis historique
Nommé secrétaire général du parti en 1972, Berlinguer se concentre dès lors sur un seul objectif : faire du PCI une force politique incontournable et écoutée par la classe dirigeante. Pour cela, il est convaincu que les communistes doivent réaliser un recentrage et coopérer davantage avec la démocratie chrétienne qui dirige le pays depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Ainsi, suite aux élections de 1976 où le PCI recueille 34,4% des suffrages, Berlinguer entame des négociations avec le président de la DC, Aldo Moro, afin que les communistes accèdent au gouvernement. Ce dernier, séduit par l'idée, prépare le terrain pour leur prochaine entrée dans l'exécutif. C'était sans compter sur l'opposition farouche du Vatican, des Etats-Unis et de l'aille droite de la démocratie Chrétienne qui ?uvreront de tout leur poids pour faire échouer les négociations.
Le 9 mai 1978, l'assassinat d'Aldo Moro par les brigades rouges entérine tout espoir de réalisation d'un compromis. Dans le même temps, les dirigeants communistes français et espagnols se rapprochent de nouveau de l'URSS : l'eurocommunisme est mort. Berlinguer a échoué. Le PCI est contraint de retourner dans l'opposition.


Fin de vie et postérité
7 juin 1984, Piazza della Fruca dans la ville de Padova. Alors qu'il prononce un discours devant la foule vénitienne, Berlinguer est brusquement atteint d'une attaque cérébrale. Transporté en urgence à l'hôpital, rien ne peux empêcher son décès quatre jours plus tard. Ces dernières paroles, il les a prononcées en suffocant : "Compagni, proseguite il vostro lavoro... casa per casa... strada per strada..." (Camarades, continuez votre travail, maison par maison, rue par rue)  comme le symbole d'un homme qui n'aura eu jusqu'au bout de cesse de faire aller de l'avant son pays. Les Italiens lui ont d'ailleurs toujours été reconnaissants. En atteste le million de personnes qui se sont rassemblées Piazza San Giovanni lors de ses funérailles à Rome. Du jamais vu dans l'histoire politique italienne.

Le PCI ne survivra pas à la disparation prématurée de son leader. Le communisme italien non plus. Mais aujourd'hui encore, Berlinguer reste une référence, un exemple à suivre pour les dirigeants de la classe politique de gauche. Car en ces temps de crise économique et sociale, l'Italie a besoin plus que jamais d'un homme clairvoyant et courageux comme pouvait l'être Enrico Berlinguer. Espérons que d'ici quelques années, nous parlerons de Mario Monti dans des termes semblables.



Repères
1922 : Naissance à Sassari en Sardaigne
1943 : Adhésion au PCI
1956 : président du FMJD
1968 : Elu député PCI pour la circonspection de Rome
1972 : Secrétaire général du PCI
1984 : Mort à Padova

Laurent Maurel (www.lepetitjournal.com/milan) mardi 28 février 2012

photos:site.officiel.www.enricoberlinger.it



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Publié le 28 février 2012, mis à jour le 15 novembre 2012

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