

L'industrie du cinéma pornographique vit-elle ses dernières heures en Italie ? Avec l'instauration de la taxe dite porno de 25 %, de nombreux producteurs préfèrent travailler depuis l'étranger.
Le marché du porno italien en crise
Il y a eu la fuite des cerveaux, place désormais à la fuite des travailleurs de l'industrie porno ! Les chiffres sont pourtant bons : l'Italie est le pays européen qui enregistre le plus de visites sur des sites hard et d'abonnements à des chaines de films pour adultes. Le site Xvideos par exemple, reçoit par mois 4.4 milliards de visiteurs pour une durée estimée entre 15 et 20 minutes. Milan et Rome battent des records sur le site YouPorn, pour un total national de 391.475.719 visites par an.
Mais ne vous fiez pas aux apparences ! La réalité est toute autre. Une Porno-tax, adopté en 2009, menace en Italie, une des industries les plus rentables au monde. Cette taxe prévoit un impôt sur le revenu (Irpef) supplémentaire et une taxe de 25% sur la rémunération de la production, de la distribution, de la vente et la représentation du matériel pornographique. A cela s'ajoute une loi en matière de prostitution qui mettrait le sexe sur internet dans la même catégorie que l'exploitation de la prostitution.
De quoi faire fuir bon nombre de réalisateurs en Allemagne, en France, en Espagne ou encore en République Tchèque. Là, la production de films pour adulte est facilitée, des prestations de soins existent pour lutter contre les maladies sexuellement transmissibles et les taxes sont beaucoup moins lourdes?
Le marché du hard représente 1, 5 milliards d'euros
La part du gâteau est beaucoup trop grosse pour la laisser filer ! Selon, le rapport de la Fondazione Ente dello Spettacolo de 2008, le marché du hard représentait 1,5 milliard d'euros. Environs 700 millions proviennent uniquement du groupe de télévision Sky. En 2008, sur 1.500 films italiens, seulement 300 auraient été produits sur le territoire national. En 2012, la situation ne s'améliore pas. Le chiffre tombe à 200 pour un marché total de 1,1 million d'euros.
La Porno-tax et la menace constante d'être accusé de proxénétisme semblent avoir découragé les envies de production pornographique sur le territoire italien. Ce marché prospère est devenu un marché de l'ombre. Les paiements au noir sont devenus coutumiers dans le métier.
Bref, pour le porno made in Italy, même virtuelle, le seul moyen semble être le même que la prostitution, continuer tranquillement de prospérer dans l'illégalité. Car, à part Sky, qui paiera la taxe tant redoutée ?
Sarah Cohen (Lepetitjournal.com de Rome) ? mardi 15 juillet 2014
Crédits photos : Corbis LD
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