Les attaques des Houthis en mer Rouge pèsent lourdement sur le commerce maritime mondial, et principalement sur l’Italie, qui perd 95 millions par jour.


L’inquiétude monte dans de nombreux secteurs de l’industrie transalpine. La crise en mer Rouge, où les navires commerciaux traversant le détroit de Bab el-Mandeb, à destination ou en provenance du canal de Suez, risquent d'être attaqués par les rebelles Houthis au Yémen, pèse déjà lourd sur le commerce italien. Quelque 95 millions sont perdus chaque jour. Selon Confartigianato (Confédération italienne représentative des artisans, des micros et des petites entreprises), c'est le montant des dommages accumulés entre novembre 2023 et janvier 2024 à cause de la crise, soit un total de 8,8 milliards.
Rappelons qu'en temps normal, environ 12 % du commerce maritime international transite par le canal de Suez. Pour l’Italie, c’est 40 % de son trafic marchand à destination, ou au départ, du Moyen-Orient, de l’Asie et du sud-est de l’Afrique, qui passe par le canal. Un trafic essentiel, qui a représenté 154 milliards d’euros d’import-export pour 2023.
Crise en mer Rouge : le Made in Italy en danger
Confartigianato a calculé l'impact de la diminution du trafic des navires marchands entre l'océan Indien et la mer Rouge sur les flux commerciaux de l'Italie avec l'Asie, l'Océanie, les pays du Golfe Persique et l'Afrique du Sud-Est. Résultat, au cours des trois derniers mois seulement, l'Italie a perdu 3,3 milliards (35 millions par jour) en raison de l'échec ou du retard des exportations et 5,5 milliards (60 millions par jour) en raison du défaut d'approvisionnement de produits manufacturés.
Outre les produits manufacturés, le textile et le cuir, c’est aussi l’énergie, les métaux, les produits pharmaceutiques et agro-alimentaires qui sont pénalisés par la crise en mer Rouge.
L'impact sur les ports italiens
L'impact de la crise en Mer Rouge est déjà évident dans les ports italiens. Selon les données de la plateforme Portwatch, dans les six principaux ports du pays, à savoir Venise, Trieste, Gênes, Gioia Tauro, Augusta et Livourne, le trafic a diminué de plus de 20% par rapport à novembre dernier.
Concernant les exportations de chacune des régions italiennes, la Lombardie figure comme la plus affectée avec en temps normal des produits transportés par voie maritime à travers la mer Rouge pour une valeur de 12,9 milliards, puis l’Émilie-Romagne à hauteur de 9,4 milliards, la Vénétie avec 5,7 milliards, la Toscane avec 4,7 milliards, le Piémont avec 4,2 milliards et le Frioul-Vénétie-Julienne à hauteur de 2 milliards.
La crainte est désormais que la crise en mer Rouge retombe sur les consommateurs. L'Ispi, l'Institut d'études politiques internationales, a calculé qu'un choc similaire pourrait faire augmenter les prix en Italie et en Europe de 1,8%.
La mission européenne
Lundi 22 janvier, les ministres des Affaires étrangères de l’UE se sont mis d’accord sur la mise en place nouvelle mission pour défendre les navires commerciaux, appelée “Aspides”. Mais la date du lancement de la mission doit encore être confirmée.
En attendant, le Conseil des ministres a approuvé la semaine dernière un projet de loi qui modifie les dispositions sur la participation de l'Italie aux missions internationales, avec des mesures qui pourraient faciliter le déploiement des forces en vue de la nouvelle mission européenne en mer Rouge.
Le ministre italien de la Défense Guido Crosetto, a toutefois souligné que la nouvelle mission européenne en mer Rouge n'a rien à voir avec ce changement. Ce serait le contexte géopolitique actuel en général qui rend nécessaire un outil de prise de décision plus rapide.
