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Censis : L’Italie, une « société irrationnelle » en 2021

gens pris en photo dans la rue avec un smartphonegens pris en photo dans la rue avec un smartphone
@Ilaria De Bona on Unsplash
Écrit par Lepetitjournal Milan
Publié le 5 décembre 2021, mis à jour le 5 décembre 2021

La photographie socio-économique de l’Italie, dressée par le 55ème rapport de l’Institut Censis, recense une vague « irrationnelle » croissante durant la seconde année de pandémie en Italie.

Comme chaque année, l’Institut de recherche Censis dresse un rapport sur la situation sociale de l’Italie, reconnu comme la photographie socio-économique la plus influente du pays. Publié le 3 décembre, le 55ème rapport met en lumière la façon dont la société italienne s’est muée à travers la crise et l’urgence. Et pour caractériser la société italienne en 2021, le Censis retient un mot-clé : l’irrationalité. Durant la deuxième année de Covid, « l’irrationalité a infiltré le tissu social », écrit le Censis.

L’Italie, une « société irrationnelle »

L’Institut pointe du doigt deux chiffres en particulier : pour 5,9% des Italiens (environ 3 millions) le Covid n’existe pas, et pour 10,9% le vaccin est inutile. Autant sont convaincus sur la Terre est plate (5,8%) et que l’Homme n’a jamais débarqué sur la Lune (10%).  « Aux côtés d’une majorité raisonnable se lève une vague d’irrationalité », constate ainsi le Censis.
La pandémie a aussi engendré des peurs. Pour 12,7% la science produit plus de dommages que de bénéfices. L’irrationalité se retrouve également dans le domaine de la technologie : près de 20% des Italiens considère que la 5G est un instrument sophistiqué qui vise à contrôler les individus.

Pour le Censis, « l’irrationalité qui se manifeste aujourd’hui n’est pas seulement une distorsion liée à la pandémie, mais elle a des racines socio-économiques plus profondes qui évoluent vers un refus du discours rationnel, soit des instruments qui ont construit le progrès et le bien-être : la science, la médecine, les innovations et la technologie ».

Risque d’érosion du patrimoine des familles italiennes

Si l’Italie a connu un rebond de son PIB de 6% en 2021, seuls 15,2% des Italiens pensent qu’après la pandémie, leur situation économique s’améliorera. A fortiori, 51,2% estiment qu’ils ne retrouveront leur bien-être passé et 28,4% s’attendent même à voir leur situation empirer.
En attendant, au cours de la dernière décennie (2010-2020), le compte patrimonial des Italiens s’est réduit de 5,3% en termes réels, à cause de la chute de valeur des biens réel (-17%) non compensée par la croissance des activités financières (+16,2%). Et la réduction du patrimoine, résultant de la diminution de revenu brut des familles (-3,8% en termes réels sur la dernière décennie), traduit la capacité affaiblie des Italiens à former de nouvelles richesses, rappelle le rapport.

Les inconnues quant à la consommation

A la fin du confinement, la consommation des ménages a connu une forte hausse de 14,4% (entre le 1er trimestre 2020 et le second trimestre 2021). Sur l’année 2021, la croissance de la consommation est estimée à 5,2%, soit moins que l’augmentation du PIB, et donc pas assez pour replacer le pays au niveau pré-pandémie de 2019 quant aux dépenses des ménages.
La reprise de la consommation a notamment été pénalisée par la prudence des familles qui ont augmenté leur épargne. En 2021, la liquidité des familles a augmenté de 5%.
Pour autant, le Censis voit une lueur d’espoir : en septembre dernier, l’indice de confiance des Italiens a atteint 119,6 (après une chute à 92,6 en 2020), et surtout une valeur supérieure à 2018.

La faiblesse du capital humain

L’Italie s’apprête à affronter le défi de la reprise économique avec une faiblesse de taille : le manque de capital humain. En cause avant tout, l’hiver démographique que traverse l’Italie. Entre 2015 et 2020, le nombre de naissances a baissé de 16,8%. L’année 2020 a même connu une chute historique. Pour la première fois, le nombre de naissances pour 1.000 habitants est passé sous le seuil de 7 (à 6,8). Il s’agit de la valeur la plus basse de tous les pays de l’Union européenne, dont la moyenne enregistrait 9,1 naissances pour 1.000 habitants.
La population diminue d’année en année donc. Et selon les prévisions, la population active (15-64 ans) équivalente aujourd’hui à 63,8%, chutera à 60,9% en 2030 et à 54,1% en 2050.

 

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