Édition internationale

SYMBOLISME – Spiritualité et érotisme

Écrit par Lepetitjournal Milan
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 6 janvier 2018

 

De Gustave Moreau à Odilon Redon en passant par Giovanni Segantini ou encore Fernand Khnopff, l'exposition “Il Simbolismo” au Palazzo Reale jusqu'au 5 juin est ambitieuse par son ampleur et par la question à laquelle elle propose de répondre : « Qu'est ce que le Symbolisme ? ». Contrastant avec les plafonds aux teintes fanées du Palazzo Reale, les oeuvres – certaines parmi les plus emblématiques du mouvement – se succèdent à l'infini.


Gustave Moreau, Hésiode et la Muse, 1891,
Huile sur toile, 59x34.5cm, Musée d'Orsay, Paris
Copyright : RMN / Hervé Lewandowski / RMN – Réunion des Musées Nationaux / dist. Alinari


Une « forêt de symboles »
Héritière du Romantisme et de la poésie Baudelairienne, la vague Symboliste qui se propage dans toute l'Europe – depuis l'Angleterre aux confins de la Pologne et de la Finlande – s'inspire notamment de la mythologie, de la nature et du spiritualisme.
Des prémices du mouvement à son éclosion tardive en Italie, l'exposition « Il Simbolismo » entend rendre compte de cette diversité en révélant une immense « forêt de symboles ».
Une telle accumulation de symboles et de mythes pourrait refroidir plus d'un visiteur. « Au contraire, révèle Emma (26 ans), c'est une exposition qui mérite d'être vu plusieurs fois, pour vraiment être appréhendée dans sa totalité. En attendant de pouvoir y retourner, je pense relire Les Fleurs du Mal, de Baudelaire ».

Malgré son ampleur, l'exposition n'en demeure pas moins « digeste », car la forêt n'est pas un labyrinthe, mais un parcours bien orchestré. Le spectateur se laisse patiemment guider parmi les montagnes imposantes et froides et les paysages rêvés et mélancoliques. A bout de souffle devant l'intensité et la variété des Passions humaines qui s'expriment devant lui – amour, extase, folie, agonie, mort – le visiteur découvrira les grands thèmes du Symbolisme.

Giovani Segantini, L'Amore alla fonte della vita, 1896,
Huile sur toile, 72x100cm, Milan, Galleria d'Arte Moderna
Copyright : Galleria Civica d'Arte Moderna, Milano
 
La quête d'un art total
Profondément ancré dans son temps, le Symbolisme revendique une fusion entre les arts : la musique, la poésie, la peinture, la sculpture, l'architecture, etc. Un dialogue que l'exposition propose d'explorer.
Alors que les murs sont scandés de citations de Shakespeare, Baudelaire ou Poe (les principales références littéraires du mouvement), sculptures et peintures dialoguent.
La musique prolonge l'impression et le rêve. Le spectateur transporté par une sélection d'oeuvres de Wagner, découvre la puissance du tableau du polonais Wladyslaw Podkowinska : « La marche funéraire de Chopin » (1894). Le geste du musicien au centre de la toile - apparaissant dans un désordre de taches et de couleurs - est comme sublimé par la puissance de la musique. Le dialogue y est maitrisé et harmonieux.  
Enfin, le spectateur pourra également admirer le raffinement des cadres – parfois véritables architectures miniatures – de certaines œuvres, véritable témoignage d'un échange profond entre la peinture et les arts décoratifs.

Luigi Bonazza, La leggenda di Orfeo, 1905,
Huile sur toile, 146x318.5cm,
Rovereto, MART-Museo di Arte Moderna e Contemporanea di Trento e Rovereto
Copyright : Archivio Fotografico e Mediateca MART, Rovereto

Austérité des corps ou volupté, délicatesse des drapés ou formes stylisées, les artistes symbolistes ne sont pas unis par une vision esthétique commune. Au contraire, le Symbolisme est un courant pluriel, reflet du contexte particulier dans lequel il s'épanouit et des thématiques dont il s'inspire. L'exposition « Il Simbolismo », témoigne, à travers un nombre incroyable d'oeuvres, de la diversité des réponses et des langages adoptés, entre modernisme et classicisme.

Une scénographie suggestive
Si la scénographie s'efface devant la charge émotionnelle des œuvres, elle sait aussi être suggestive. Ainsi, la fameuse série « Les Sataniques » du dessinateur Félicien Rops – d'un érotisme à la limite du sadisme – est présentée dans une petite pièce sombre et intimidante dont l'entrée est soulignée par de lourds rideaux noirs. La théâtralisation de l'espace ici est subtile mais efficace. De la même manière – mais avec moins de succès cette fois – les œuvres décoratives de Vittorio Zecchin sont encadrées de baldaquins aux lourdes courbes orientalistes.
Alors que l'Europe de la fin du XIXe siècle est divisée entre unité nationale, enthousiasme et anxiété, prospérité et décadence, le Symbolisme apparaît ainsi comme une parenthèse. Une quête d'évasion face à une réalité devenue trop concrète et vulgaire, un rêve que l'exposition au Palazzo Reale parvient à capturer.

Vittorio Zecchin, Principessa e guerriero, (cycle : Le Mille e una Notte), 1914
huile et stuc doré et argenté sur panneau, 171x154cm,
Venzia, Fondazione Musei Civici di Venezia, Galleria Internazionale d'Arte Moderna di Ca'Pesaro
Copyright : 2016. Archivio Fotografico – Fondazione Musei Civici Venzia

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Laura Drouet, (lepetitjournal.com de Milan) Jeudi 18 février 2016


INFOS PRATIQUES
Palazzo Reale 
Piazza Duomo 12, Milan
Horaires:
Lun: 14:30 - 19:30
Mar - Mer - Ven - Dim: 09:30 - 19:30
Jeu - Sam: 09:30 - 22:30
Tarifs: 
adulte : € 12,00 
tarif réduit : € 10,00 
Famille : € 10,00 adultes et € 6,00 enfants (de 6 à 14 ans)
Audioguide gratuit

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Publié le 18 février 2016, mis à jour le 6 janvier 2018
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