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LES JEUDIS DE L'HISTOIRE – Victor-Emmanuel II, premier Roi d’Italie

Écrit par Lepetitjournal Milan
Publié le 5 juin 2013, mis à jour le 13 août 2023

Pour ce rendez-vous des Jeudis de l'Histoire, c'est un monument que la rédaction vous propose de découvrir. Tous les Milanais connaissent la Galerie Vittorio-Emanuele II mais connaissent-il pour autant le personnage qui lui a donné son nom ? Premier Roi du Royaume d'Italie après l'unification des régions, il a fait entrer la péninsule dans l'Histoire. Portrait d'un acteur italien, voire européen du XIXe siècle.

La défaite contre l'Autriche

Né le 14 mars 1820 à Turin, Victor-Emmanuel passe une partie de son enfance à Florence où il reçoit une éducation militaire. Dès les premières années de sa vie, il fait l'objet d'une polémique. En raison de sa différence physique d'avec son père, le roi Charles-Albert de Savoie, beaucoup disent qu'il serait un enfant d'origine populaire qui aurait remplacé le véritable descendant mort au berceau lors d'un incendie. Certains historiens modernes ont donné du crédit à cette hypothèse en s'appuyant sur des procès verbaux de l'époque au sujet de l'incendie qui a eu lieu dans une pièce du palais de Florence où il se trouvait avec sa nourrice. Selon eux, l'incendie, dans lequel est morte la nourrice a aussi tué l'héritier du trône.
En 1831, lorsque son père Charles-Albert succède à Charles-Félix de Savoie, Victor-Emmanuel rentre à Turin pour y poursuivre ses études. En 1842, il épouse sa cousine, Marie-Adélaïde de Habsbourg-Lorraine mais entretient une liaison avec Laura Bon de laquelle naît Emanuela qu'il fait comtesse de Roverbella.
Le 23 mars 1849, son père, à la tête du Royaume de Sardaigne, subit une défaite contre l'Autriche lors de la bataille de Novare. Il abdique dans la nuit et se rend à Nice, alors possession italienne, d'où il part en exil pour le Portugal. Dans le même temps, Victor-Emmanuel II part traiter la reddition avec les Autrichiens. Il s'agit là de sa première action en tant que souverain. Il assure aux vainqueurs qu'il agira contre le parti démocrate, favorable à l'unité italienne et à la reprise de la guerre contre l'Autriche.

La question italienne

Le 29 mars 1949, le nouveau roi se présente devant le parlement pour jurer fidélité. Le lendemain, il dissout l'assemblée et provoque des élections. Les "démocrates" obtiennent la majorité mais se refusent à approuver la paix avec l'Empire Austro-Hongrois que le roi a déjà signé. Qu'à cela ne tienne ; il dissout de nouveau le parlement et s'assure que les nouveaux élus aient des idées moins libérales. Le traité de paix avec l'Autriche est ratifié le 9 janvier 1850.
Dans le même temps, Cavour entre au gouvernement. Il devient même Premier ministre du royaume le 4 novembre 1852 bien que détesté par le roi Victor-Emmanuel II. La guerre de Crimée est l'occasion pour Cavour de porter la question de la nationalité italienne au niveau international lors du traité de paix. Le roi l'autorise à négocier et il obtient de la France et de la Grande-Bretagne la garantie que la question sera abordée. La condition des Français et des Anglais est que le Piémont s'engage dans la guerre. Après une nuit agitée au parlement, Cavour confirme la participation du royaume de Sardaigne à la guerre de Crimée. En octobre 1855, comme prévu, le Piémont se sert du Congrès de Paris, qui officialise la fin de la guerre de Crimée pour mettre sur la table le cas de l'Italie. C'est l'occasion de condamner l'absolutisme du roi Ferdinand II de Naples et l'oppression de l'Autriche. Cette déclaration sonne le glas dans les relations avec l'Autriche.

L'unification en marche

Napoléon III entame un rapprochement franco-piémontais sous la houlette de Cavour, fin négociateur. Ce dernier le convainc que la
situation italienne critique nécessite une prise en main par le royaume sarde. Cavour se rend à Plombière, dans les Vosges où il rencontre secrètement Napoléon III. Il est question de la cession de la Savoie et de Nice à la France en échange de son aide militaire en cas d'attaque autrichienne. La condition émise par l'empereur français dans la création d'un royaume de la Haute Italie est de ne pas y intégrer les Etats Pontificaux du centre de la péninsule. Dans le même temps, le mariage du prince Napoléon et de Marie-Clotilde de Savoie, fille du roi Victor-Emmanuel II est annoncé. Cette rencontre entre les deux souverains fuite et Victor-Emmanuel II

s'adresse au parlement piémontais le 10 janvier 1859 parlant de "cris de douleur". Le roi masse des troupes sur la frontière lombarde afin de déclencher la guerre contre l'Autriche. La guerre éclate finalement le 29 avril 1859. Napoléon III prend le commandement de l'armée franco-piémontaise qui entre dans Milan le 8 juin 1859. Des troupes finissent par occuper toute la Lombardie et l'Autriche se retire.
Dans le même temps, des mouvements insurrectionnels éclatent un peu partout en Italie et amènent au rattachement de l'Emilie-Romagne et de la Toscane au Piémont. L'armistice avec l'Autriche est signée le 5 juillet 1859. Malgré la rupture des rapports diplomatiques entre Victor-Emmanuel II et le Pape Pie IX, tout s'accélère. L'occasion de l'unification de la péninsule dans son ensemble se présente lorsque Garibaldi part en Sicile et la fait tomber. Il l'offre à Victor-Emmanuel qu'il nomme délibérément "Roi d'Italie". Forts de leurs victoires, les troupes piémontaises envahissent les Etats Pontificaux et prennent Naples ainsi que les Marches.
La rencontre entre Garibaldi et Victor-Emmanuel II, connue sous le nom de "rencontre de Teano" a lieu le 26 octobre 1860. Le royaume des Deux-Siciles passe sous la souveraineté de Victor-Emmanuel II.

Rome capitale

Avec la prise de Naples et la capitulation de François II, un slogan retentit dans tout le nord de l'Italie contre l'Autriche. "Viva Verdi" pour " Victor-Emmanuel Roi D'Italie" semble amorcer l'unification imminente. Le roi laisse le soin à Cavour de remplacer le parlement en place le 18 février 1861. La première séance intègre des députés de toutes les régions annexées. Le 14 mars 1861, le parlement proclame officiellement la naissance du Royaume d'Italie et Victor-Emmanuel II prend le titre de Roi d'Italie. Mais l'unité italienne n'est pas complète. Rome doit en être la capitale. Dans un premier temps, il est décidé de la transférer à Florence. Mais des émeutes éclatent à Turin le 21 septembre 1864 lorsque la ville perd sa primauté. Victor-Emmanuel reçoit les honneurs des Florentins pour cette décision.
Le 21 juin 1866, le jeune royaume d'Italie passe une alliance avec la Prusse contre l'Autriche. Victor-Emmanuel part à la conquête de la Vénétie. Après la victoire prussienne, l'Autriche concède la Vénétie à la France de Napoléon III en paiement de sa neutralité dans ce conflit. Ce dernier la rétrocède immédiatement à l'Italie.
Avec le Frioul et le Trentin, qui ne repasseront sous le giron italien qu'en 1918, Rome reste l'un des derniers territoires à conquérir. Napoléon III soutient corps et âme les Etats Pontificaux où ses troupes sont stationnées. Il faudra attendre 1870 et la chute de l'Empire de France au profit de la IIIe République pour que Rome soit prise. Le 2 octobre 1870 , le Latium est officiellement intégré au Royaume d'Italie et le parlement propose Rome comme capitale le 9 novembre.
La proclamation de Rome comme capitale du Royaume d'Italie sonne la fin du Risorgimento (processus d'unification de l'Italie, NDLR) même s'il manque encore le Frioul et le Trentin. Bien que le pape soit reconnu comme chef d'Etat, l'Italie contrôle le Vatican. Pie IX refuse de reconnaître l'Etat italien et interdit même aux catholiques de participer à la vie civile du royaume. Victor-Emmanuel II et ses descendants sont excommuniés jusqu'à la mort du roi. Ce que l'on appelle la question romaine ne sera réglée qu'en 1929 avec la signature des accords de Latran entre le Vatican et Benito Mussolini, alors président du Conseil italien. Le Vatican restera confiné dans ses 44 hectares au cœur de Rome mais gardera son statut d'indépendance.
En janvier 1878, Victor-Emmanuel a tous les symptômes d'une fièvre paludéenne. La nouvelle se répend dans toute la péninsule. Il meurt le 9 janvier 1878 à Rome. Alors qu'il avait exprimé le désir d'être enterré dans le Piémont, son fils Humbert 1er, alors nouveau Roi d'Italie accepte qu'il soit inhumé à Rome dans le Panthéon.

La Galerie Vittorio-Emanuele II


Construite en 1865 par Giuseppe Mengoni, la Galerie Vittorio Emanuele II était à cette époque une des premières galeries commerçantes du genre. Elle comprend deux rues en croix, entièrement couvertes d'un toit en verre et acier, donnant à la galerie une luminosité extraordinaire. Elle relie les deux sites touristiques les plus importants de Milan, à savoir la place du Duomo et la place de la Scala. Ses fresques, sa verrière, ses coupoles et son parterre sont de vrais chefs d'œuvre de l'architecture du XIXe siècle. Elle a été inaugurée par le Roi Victor-Emmanuel II lui-même, peu avant sa mort. Aujourd'hui, de nombreux restaurants, bars et cafés se sont installés dans la galerie, ainsi que des boutiques aux célèbres marques comme Gucci, Prada ou Vuitton. Le luxueux hôtel de Milan Park Hyatt y a une entrée privilégiée. N'oubliez pas de poser le pied sur les "palle del toro" (les testicules du toro) sur le sol et de faire trois tours sur vous-même le talon droit enfoncé dans ces attributs. La légende dit que ça porte chance et fortune, qui sont traduites par le même mot en italien : "fortuna".

 

Aurélien Bureau (LePetitJournal.com de Milan) – jeudi 6 juin 2013

photos:
- Portrait de Victor-Emmanuel II (Museo nazionale del Risorgimento, Torino)
- Carte de l'Italie 1815-1870 (Atlas historique)
- Galerie Vittorio-Emanuele II (A.B pour lepetitjournal.com)

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Publié le 5 juin 2013, mis à jour le 13 août 2023

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