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Film français à Milan : SOFIA ou La sagesse d’une jeune mère marocaine

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SOFIA, à partir du 14 mars 2019 au cinéma en Italie @Wiame Haddad
Écrit par Monica La Rivière
Publié le 14 mars 2019, mis à jour le 18 février 2021

Autour de l’histoire d’une fille-mère, la réalisatrice Meryem Benm’Barek tisse son premier long métrage à rebondissements, SOFIA, qui lui a valu le prix du meilleur scénario au Festival de Cannes dans la catégorie Un certain Regard. Une analyse de la société marocaine où les relations sexuelles hors mariage sont encore passibles d’incarcération. A voir à Milan en version originale (français/arabe), sous-titrée en italien.

Sofia, 20 ans, vit avec ses parents à Casablanca. Suite à un déni de grossesse, elle se retrouve dans l’illégalité en accouchant d’un bébé hors mariage. L’hôpital lui laisse 24h pour fournir les papiers du père de l’enfant avant d’alerter les autorités…
Encore aujourd’hui au Maroc autant la mère que le père de l’enfant sont susceptibles d’écoper d’une peine de prison. Le mariage devient la seule issue possible. « Mon histoire est née tout naturellement en me demandant comment un drame comme celui-ci pouvait être le révélateur du fonctionnement d’une société dans tous ses aspects », explique la réalisatrice Meryem Benm’Barek, née en 1984 à Rabat au Maroc. Elle a étudié l’arabe à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales à Paris avant de rejoindre en 2010 l'INSAS à Bruxelles pour y étudier la réalisation.

 

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Sofia est une histoire de femmes où la solidarité féminine, la maternité, les convenances rentrent en jeu. De l’intime à l’universel. C’est le personnage de Sofia qui offre au film son cachet original et unique. Tout en étant ancrée dans la tradition la jeune Sofia refuse son rôle de victime et saura nous surprendre ; elle va démontrer sa force et sa maturité en devenant mère.
Autour d’elle il y a sa cousine émancipée, Lena, issue d’un milieu très privilégié, de père français et mère marocaine. Elle parle mieux français qu’arabe, elle fait des études de médecine et soutient Sofia tout au long du film. Il lui manque cependant la lucidité de Sofia sur les enjeux sociaux et économiques de leur pays liés à sa grossesse. Il y a aussi les mères des jeunes filles, préoccupées de sauver les apparences, tandis que la future belle-mère, une veuve de souche modeste, voit en ce mariage une opportunité d’ascension sociale providentielle pour son fils Omar, présumé père de l’enfant, dans une société figée.

Le cinéma sobre et fascinant de Meryem Benm’Barek s’inspire de celui du réalisateur de Une séparation : « J’aime le cinéma d’Asghar Farhadi. Il a ce talent de savoir raconter la société iranienne à travers les angoisses de ses personnages », nous confirme-t-elle. De plus le choix de Casablanca comme lieu de tournage vient enrichir sa propre analyse sociale : « Les différents quartiers qui composent la ville sont un parfait résumé de la société marocaine. J’ai filmé ceux qui étaient à mes yeux les plus adaptés à mon sujet : Derb Sultan où habite la famille d’Omar est un des quartiers les plus anciens et les plus populaires, le centre-ville où réside la famille de Sofia est dominé par une architecture coloniale qui raconte l’histoire du pays, Anfa où vivent Lena et ses parents est l’endroit qui concentre les villas et les grandes propriétés. »

 

Monica La Rivière
Publié le 14 mars 2019, mis à jour le 18 février 2021

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