Je n’écris pas cet article dans le but de vous conter le mal-être des étudiants du monde entier et de me proclamer porte-parole. Je suis tout simplement venue vous exprimer la réalité, ma réalité.
J’ai 22 ans et je subis la pandémie du coronavirus. Alors votre réaction sera sûrement de rétorquer : « comme tout le monde ». La réponse est non, et je vais vous expliquer pourquoi. Nos ancêtres ont combattu sur des champs de bataille, oui. Les personnes en première ligne traversent cette épreuve ardemment, oui. Mais moi, étudiante et jeune adulte, je subis également. L’euphorie de rejoindre mes amis dans un bar me manque, mon insouciance me manque, ma vie d’avant me manque.
Les plus belles années de ma vie
« Les plus belles années de ma vie », disent-ils. Mais quels souvenirs j’en garderai, de ces plus belles années ? Enfermée, privée, frustrée. Alors oui, mes chers lecteurs, j’ai appris à aimer être seule, je me défoule en faisant du sport à la maison ou encore j’explore Londres à travers ses films et séries télévisées. Mais rien ne vaut le goût de la vie. La vraie. Ma chambre est mon lieu de travail, de détente et parfois d’exutoire. J’ai fait le triste constat de l’année de mes 22 ans : sur 12 mois, deux mois pleins m’ont été profitables. Deux mois sur une année entière. Et ce calvaire, jusqu’à quand ? Pourquoi ? Dans quel but ? Pour le bien de tous ? Rien ne change. Nous instaurons un confinement, il y a des morts. Nous instaurons un couvre-feu, il y a des morts. Nous fermons les universités, il y a des morts. Nous fermons les bars et les restaurants et il y a toujours des morts. Comment continuer de garder espoir quand tous les voyants clignotent ?
Une expérience biaisée
J’ai eu la chance de pouvoir effectuer une partie de mon master de journalisme en présentiel. La chance de pouvoir rencontrer, échanger, partager, profiter. Pouvons-nous parler de la partie bousillée ? De cet avion qui ne décollera pas de l'aéroport pour partir effectuer mon stage dans la ville que j’affectionne tant depuis mon plus jeune âge. Le Tower Bridge, Camden, Covent Garden, Abbey Road ou encore Piccadily devront attendre. Mais attendre jusqu’à quand encore ? Attendre quoi ? Cette situation devient de plus en plus pesante et insupportable. Alors oui, le télétravail est une alternative relativement acceptable, mais l’aventure reste avortée. Et la pilule, amère, difficile à avaler. À ces rencontres que je ne ferai pas lors de mes nombreuses virées, à tous ces souvenirs que je ne construirai pas, à ces erreurs de jeunesse que je n’entreprendrai pas. Voilà ce que la crise du coronavirus m’a enlevé, volé, arraché.
Le futur, synonyme d’espoir ?
L'une de mes principales consolations est de m’imaginer les premières choses auxquelles je vais m’atteler une fois que tout cela sera derrière nous (qui sait…). Je me perds dans mes pensées en faisant des plans pour l’après. Vous savez, ce fameux « après covid » tant espéré. Je rêve de voyage et d’aventure. Je rêve de pouvoir arracher ce masque et me balader en inspirant profondément l’air qui m’est offert. Je rêve d’aller au café du coin et parler avec des inconnus que je ne reverrai sûrement plus jamais de ma vie. Alors s’il vous plaît, rendez-moi ma vie d’avant, rendez-moi mon insouciance, mes doutes et mes craintes de jeune femme de 22 ans.
Dans tout cela, une question me taraude. Quand est-ce que je vais pouvoir (re)commencer à vivre ? Aujourd’hui, mes très chers lecteurs, je suis venue vous parlez à coeur ouvert. Je suis venue vous conter le ras-le-bol d’une étudiante qui essaie toujours de voir le bon côté des choses mais qui a eu envie d’être honnête avec vous. Cela n’enlève pas mon indéfectible reconnaissance d’avoir un toit sur la tête, ou que ma famille soit en bonne santé. Mais je suis venue vous dire que j’ai 22 ans, que l’avenir me fait peur car il est de plus en plus incertain et que j’en ai plus qu’assez de la « conjoncture actuelle ».
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