On entend souvent dire que la maternité à Londres est “différente” de celle en France. Mais en quoi consiste réellement cette distinction ? Quels sont les points essentiels à connaître sur la grossesse et l’accouchement au Royaume-Uni ? Pauline Fétu, sage-femme et fondatrice de 9moisetplus, nous éclaire sur les particularités et défis de la maternité outre-Manche.
Entre suivi de maternité expéditif, accouchements plus naturels et organisation rodée, la maternité à Londres bouscule souvent les repères des patientes habituées au système français. Pauline Fétu, sage femme de profession et entrepreneuse à la tête de 9moisetplus vous explique tout !
Qu’est-ce qui rend la maternité à Londres si unique et complexe ?
La maternité en soi n’est pas forcément complexe à Londres, mais ce qui peut l’être, ce sont les différences culturelles et organisationnelles auxquelles font face les femmes françaises, ou étrangères en général. À Londres, la maternité est perçue de manière plus naturelle et moins médicalisée qu’en France. Le suivi des patientes est basé sur une catégorisation des risques : faible, moyen ou élevé. Cette approche inspirée des systèmes nordiques implique que les médecins se concentrent principalement sur les grossesses à risque, tandis que celles jugées “sans complications” reçoivent un suivi plus léger, mais adéquat.
Cela peut perturber certains couples habitués à un suivi plus médicalisé en France. À Londres, la grossesse et l’accouchement sont perçus comme des processus physiologiques naturels, avec une proportion importante de femmes accouchant dans des birth centers (maisons de naissance) sans péridurale. Les suites de couches sont également rapides, avec un retour à domicile souvent en moins de 24 heures. Cette approche est accompagnée par un suivi du NHS (National Health Service). D’ailleurs une proportion élevée de femmes allaitent, favorisée par des congés maternité plus longs. Plus généralement la place accordée à la femme dans la société britannique est aussi différente de ce qu’il se fait en France.
Quels sont les problèmes les plus importants liés à la maternité au Royaume-Uni aujourd’hui ?
Comme en France, les hôpitaux publics britanniques souffrent d’un manque criant de personnel, qu’il s’agisse de sages-femmes ou de médecins. Les rendez-vous prénataux sont souvent expéditifs, se concentrant sur des vérifications essentielles sans offrir le temps nécessaire pour aborder les préoccupations des patientes.
Cette approche un peu au cas par cas peut donner l’impression que les besoins émotionnels et humains des femmes ne sont pas suffisamment pris en compte, dans une période aussi primordiale qu’est la maternité. De plus, des contraintes budgétaires peuvent limiter certaines interventions, comme la péridurale, même si cela est parfois justifié par des raisons médicales.
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Le système de santé à Londres coordonne-t-il bien les hôpitaux, les cliniques et les services de sages-femmes ?
La coordination entre les hôpitaux et les services de sages-femmes est un, si ce n’est le vrai, point fort du système londonien. Grâce au numéro NHS, les dossiers médicaux sont centralisés et accessibles en ligne par les professionnels de santé, ce qui facilite la communication entre les différents acteurs.
Après l’accouchement, le relais est bien pris par les sages-femmes du NHS qui assurent un suivi postnatal, à domicile. Encore une fois, ce système n’est pas exempt de petits problèmes techniques, principalement dus au manque de temps et de personnel.
Comment le NHS arrive-t-il à répondre aux besoins spécifiques des femmes enceintes, surtout dans une ville comme Londres ?
À Londres, la diversité des hôpitaux et la répartition géographique des patientes permettent de répondre aux besoins, sans réellement rencontrer de problèmes de capacité. Il y a de la place dans les services de soins. Ceci, pour le coup, est bien différent de la France où il est parfois nécessaire de s’inscrire dans une maternité avant même de confirmer sa grossesse. Puis à Londres, les patientes peuvent s'orienter en fonction de leur secteur de résidence, ce qui simplifie l’accès aux soins.
Il y a-t-il de grandes différences dans la qualité des soins selon les quartiers de Londres ?
Les différences tiennent davantage aux spécificités des maternités, plutôt qu’aux quartiers. À Londres, certaines maternités sont bien notées et adaptées à une population internationale, et notamment les patientes françaises étant donné leur nombre dans la ville. Certains services mènent même des essais cliniques offrant des échographies supplémentaires pour évaluer leur impact sur le bien-être des patientes. Cependant, les protocoles sont globalement uniformes entre les différents hôpitaux du Royaume-Uni.
Les hôpitaux londoniens sont-ils suffisamment préparés pour gérer la demande croissante ?
L’approche assez minimaliste et expéditive du suivi permet aux hôpitaux de gérer efficacement la demande croissante. Cependant, des périodes de crise, comme pendant la pandémie de COVID-19, ont montré les limites du système. Les femmes enceintes, n’étant pas considérées comme malades, peuvent alors voir leurs besoins relégués au second plan. Malgré cela, il n’y a pas de problème systémique concernant la gestion de la maternité.
Les sages-femmes à Londres ressentent-elles une pression particulière ?
Oui, les sages-femmes à Londres subissent une pression considérable. Leur charge de travail est énorme, et les patientes perçoivent parfois leur attitude comme distante ou précipitée. Nous avons parfois des retours de patients qui nous disent : “les sages femmes n’ont pas été sympathiques ou n’ont pas pris le temps…” mais elles n'ont juste pas le choix. Cette perception s’explique souvent par le manque de temps et de ressources dont elles disposent. Cette pression est comparable à celle ressentie par leurs homologues en France.
As-tu un exemple illustrant les réussites du système de maternité à Londres ?
Ce n’est pas un exemple, mais il faut savoir que les sages-femmes à Londres sont extrêmement bien formées à la physiologie de la grossesse et de l’accouchement. Pour les patientes souhaitant accoucher naturellement ou allaiter, le suivi est souvent exemplaire.
Cependant, il est essentiel d’être bien préparée, de s’informer sur le fonctionnement du système et de s’entourer de bonnes personnes. Le système fonctionne bien, mais il ne faut pas rester passif et se laisser flotter. Il faut aller au-devant et rechercher l’information, ainsi la grossesse se passera merveilleusement bien !