Entre deux voyages pour la Finlande ou la Lettonie, Vincent Caure nous a accordé un entretien. Élu député dans la 3ᵉ circonscription des Français établis hors de France en juillet 2024, il revient sur les débuts de son mandat, ses chantiers, mais aussi ses grands axes de travail : “Aller à la rencontre des communautés françaises et voir les projets sur le terrain est indispensable.”
Comment se passe votre mandat depuis vos débuts, le 7 juillet 2024 ?
Je suis très heureux depuis mon élection. Le temps passe très vite, et généralement en politique, cela veut dire que les choses se déroulent bien. Nous sommes heureux dans ce que nous faisons. L’élection, en juillet, a été mouvementée pour tout le monde, parce qu’elle résultait d’une dissolution que personne n’avait anticipée. Depuis, c’est une activité à 200 %, à la fois à Paris, à l’Assemblée nationale, et en circonscription.
Il y a beaucoup de Français dans ma circonscription qui vivent au Royaume-Uni, à Londres, mais je me déplace beaucoup dans les autres pays. J’ai eu la chance de visiter sept des dix pays de ma circonscription. J’ai voulu commencer par les pays baltes, souvent un peu oubliés. Ils sont plus éloignés et comptent 400 ou 500 Français, comparé aux 150 000 à Londres. J’ai commencé là-bas dès la fin août, et j’espère terminer ce tour d’ici début 2025. Il me reste encore à visiter l’Islande, la Lettonie et la Finlande.
Quelles surprises avez-vous rencontrées en prenant votre poste ?
Il y a eu deux surprises. La bonne nouvelle est que, malgré l’éloignement et leur intégration dans les pays où ils vivent, les Français de l’étranger suivent très bien l’actualité française, qu’elle soit politique, économique ou sociétale. Cela favorise des discussions intéressantes et qualitatives.
La découverte la plus difficile concerne la manière dont fonctionne l’Assemblée nationale. Il s’agit parfois d'un environnement violent, heurté, où nous assistons à des scènes indignes de notre institution. Quand nous comparons avec d’autres parlements, notamment ceux d’Europe du Nord, les différences sont flagrantes. Dans ces pays, les débats parlementaires sont bien plus apaisés. Lorsqu’une réforme arrive devant leur Parlement, cela signifie qu’il y a eu un travail de consensus préalable entre les partis. En France, ce n’est pas ou très rarement le cas : les propositions sont souvent présentées sans dialogue en amont, ce qui ne favorise pas le débat.
Dans le contexte politique actuel, il serait dramatique que la France se retrouve sans gouvernement avant Noël ou sans budget avant les fêtes. Il faut donc que chacun accepte de dialoguer et fasse un pas vers l’autre pour le bien commun.
Avez-vous constaté une dissonance entre vos attentes et la réalité du travail de député ?
Je n’ai pas été surpris par les grands dossiers et chantiers à traiter. Ils concernent des problématiques très légitimes, communes à toutes les communautés françaises, quelle que soit leur taille : scolariser ses enfants, revenir sereinement en France, accéder aux soins facilement, ou renouveler ses papiers sans complication.
Ce qui m’a davantage surpris est la nécessité de continuer à expliquer à Paris (et à l'Assemblée Nationale) que, non, les Français de l’étranger ne sont pas des exilés fiscaux. Nous devons encore nous battre contre des amendements, souvent portés par La France insoumise ou le Rassemblement national, visant à remettre en cause certaines exemptions fiscales, comme la CSG ou la CRDS. Ces dispositifs ne sont pas des privilèges, mais des simplifications adaptées aux réalités des Français de l’étranger.
Expliquez-nous : à quoi ressemble concrètement une journée dans la vie d’un député ?
À Paris, une journée commence par des rendez-vous ou une réunion de groupe, suivis d’un déjeuner avec des journalistes ou des acteurs politiques. L’après-midi, il y a les questions au gouvernement, puis du travail en hémicycle ou en commission, souvent jusqu’à minuit.
En circonscription, je participe à des rendez-vous avec des associations, des établissements scolaires, ou des entreprises françaises. Depuis le début de mon mandat, j’ai mis en place un système permettant à chacun de réserver une visio avec moi, d’une durée de dix à vingt minutes, pour échanger sur des sujets précis ou partager des idées. J’essaie de consacrer deux heures par semaine à ces échanges, ce qui permet de dialoguer aussi avec des personnes vivant dans des zones plus éloignées, que je ne peux pas toujours visiter lors de mes déplacements.
Quels sont les grands chantiers que vous menez actuellement ?
Le dossier principal a été la hausse de la TVA sur les frais de scolarité au Royaume-Uni. Avec l’ambassade, le consulat, les établissements scolaires comme le lycée français Charles-de-Gaulle, Winston Churchill, ou le CFBL, et les associations de parents d’élèves, nous avons travaillé ensemble pour défendre ces établissements.
Je me suis aussi mobilisé à Paris, notamment avec l’AEFE, qui joue un rôle clé dans la gestion des établissements français à l’étranger. Nous avons sensibilisé plusieurs politiciens britanniques et notamment le Premier ministre Keir Starmer, pour expliquer la situation particulière de ces écoles. Maintenant que cette réforme a été adoptée par le Royaume-Uni, l’enjeu est d’accompagner ces établissements pour éviter qu’ils ne perdent des élèves, et de soutenir les parents face à cette hausse, notamment les boursiers.
Pourquoi ces déplacements sur le terrain sont-ils essentiels pour vous ?
Ils le sont pour deux raisons. D’abord, même si les visios, mails et appels sont devenus incontournables, ils ne remplacent jamais le contact humain direct. Aller à la rencontre des communautés françaises et voir les projets sur le terrain est indispensable.
Ensuite, ces déplacements sont une bouffée d’air pour moi. Après trois jours à Paris, dans l’effervescence politique, rencontrer des personnes qui agissent pour leurs proches ou leurs concitoyens est très enrichissant. Cela permet aussi de s’inspirer des initiatives locales et des bonnes pratiques.
Quel message souhaitez-vous adresser à vos électeurs ?
Je tiens à remercier toutes celles et ceux avec qui j’ai échangé, que ce soit lors de réunions publiques, par téléphone ou en visio. Pour celles et ceux que je n’ai pas encore rencontrés : je suis à votre disposition.
Vous pouvez réserver un créneau pour une visio, et nous pourrons échanger directement. J’ai hâte de continuer ces rencontres et de construire ensemble des solutions pour l’avenir.
Le lien pour discuter avec Vincent Caure : https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSfili7fR7Rm9FwbP68ny3W0IuHj8KPmN25lmOJqsDnMym0gSg/viewform