Un squelette de soldat, miraculeusement conservé, a été découvert mercredi 13 juillet à Waterloo. Avant cela, les historiens ne disposaient que d’une seule et unique dépouille.
200 ans nous séparent de Waterloo, l’affrontement qui a scellé le sort de l’Empire napoléonien. Un événement qui coûta la vie à 11.000 soldats, mais dont il ne reste que très peu de traces humaines : un squelette intact déterré en 2015. Mercredi 13 juillet pourtant, l’équipe du professeur Tony Pollard, directeur du Centre d'archéologie des champs de bataille de l'Université de Glasgow et la ‘charity’ Waterloo Uncovered, ont fait la découverte historique d’un deuxième squelette.
Le deuxième squelette de Waterloo
« C’est du jamais vu », affirme Tony Pollard, depuis le plateau du Mont-Saint-Jean, où la découverte a été faite. Le corps est globalement intact, mais dévoile les sévères blessures qui ont été fatales pour l’homme. Il est enterré aux côtés des trois chevaux, ce qui rapproche sa sépulture d’un enfouissement hâtif, plutôt que d’une tombe. Pour l'instant, l'identification est impossible, mais des hypothèses peuvent être formulées, notamment grâce à une dentition encore intacte, l’émail étant un puits de connaissance pour le corps humain.
La dépouille de ce soldat appartient probablement au camp coalisé - opposants européens aux armées françaises - comme le suggère le plateau du Mont-Saint-Jean, d’où le général Wellington déploya ses troupes. Seulement, un fossé rempli de membres amputés est visible à proximité du corps. Une information qui, si elle concorde avec les sources, acte la présence sur la colline d'un hôpital de campagne et donc de blessés des divers camps, jusqu’à celui tricolore.
Le professeur en est convaincu, « Ce squelette nous donne un aperçu significatif de la réalité de la bataille, loin des idéaux romantiques qui entourent Waterloo ». Une riche trouvaille, au milieu d’un désert de preuves.
Où sont passé les corps de Waterloo ?
« L'un des mystères de la bataille a longtemps été de savoir où sont passés les corps (car) très peu de restes humains ont été retrouvés », explique le lieutenant-colonel Charles Foinette, cofondateur de Waterloo Uncovered. Et ce, malgré le bilan effroyable de Waterloo mesuré à 48.000 victimes.
L’explication la plus probable reste l’incinération massive des cadavres par les vainqueurs de la bataille, un moyen d’écarter d’éventuelles épidémies et de dissiper les odeurs liées à la putréfaction. Mais le bûcher avait aussi une connotation néfaste puisqu’il efface la trace de la victime, sans lui offrir une sépulture symboliquement importante à cette époque.
Les soldats gradés sont pourtant plus à même d’être enterrés. Des épitaphes d’officiers anglais ont par exemple été inscrits à l’intérieur de l’église du village de Waterloo. Par contre, les dépouilles ont été déterrées et, aussi macabre que cela puisse être, les dents furent visiblement le premier choix des pilleurs. Une fois arrachées, elles devenaient les pièces de dentiers, renommés alors « Dents de Waterloo ». Ces dernières furent vendues aux couches sociales aisées souffrant de pourrissements buccaux, liés à un régime alimentaire généralement trop riche. Un système fonctionnant au moins jusqu’en 1860, pour être ensuite remplacé par des fausses dents en porcelaine.
Même Napoléon en tirerait son chapeau !