Catherine Sagnelonge, Consule générale adjointe à Londres, revient sur ses grandes missions au Royaume-Uni. Forte d’un parcours exceptionnel au sein du ministère des Affaires étrangères, elle se confronte aujourd’hui à des défis uniques outre-Manche. Gestion des ressortissants français, importance de maintenir des liens solides à travers tout le pays ; elle nous livre un aperçu de ses nouvelles responsabilités : “Certes nous sommes basés dans la capitale, mais il faut aussi que nous puissions apporter un service public de qualité à nos ressortissants qui sont installés en région.”


Parlez-nous de votre parcours avant d’arriver ici à Londres.
J'ai commencé mon parcours au ministère des Affaires étrangères en passant un concours, ce qui m'a permis d'intégrer la fonction publique en tant que catégorie B (fonctionnaire de niveau intermédiaire, ndlr). Je me suis vite spécialisée dans la filière consulaire. J’ai occupé le poste de cheffe de chancellerie à Mexico, à Hong Kong, à Istanbul et ensuite à Montréal. À l’issue de mon poste à Montréal, j’ai bénéficié d’une promotion et je suis rentrée à l’administration centrale.
Par la suite, comme je souhaitais vivement rester dans la filière consulaire, j’ai pu occuper les fonctions de consule à Athènes pendant quatre ans. Ainsi, depuis le 2 septembre 2024, j'occupe le poste de consule générale adjointe à Londres.
J’ai aussi pu acquérir des compétences en matière de ressources humaines et en matière juridique au cours de mes différentes affectations à l’administration centrale. Ce que j’apprécie dans ce ministère est de pouvoir acquérir des expériences très variées et exercer des métiers très différents, au gré de nos affectations.
Ce que j'apprécie particulièrement dans mes fonctions, c’est mon rôle de conseillère, où je supervise et coordonne l’activité des différents services, en m'assurant du respect des instructions.
Justement, quelles sont vos missions actuelles ?
Ma mission consiste à seconder le chef de poste. Grâce à mon expérience consulaire, j’occupe un rôle davantage opérationnel. Ce que j'apprécie particulièrement dans mes fonctions, c’est mon rôle de conseillère, où je supervise et coordonne l’activité des différents services, en m'assurant du respect des instructions. J'assure aussi des fonctions d'officier de sécurité, ce qui implique de veiller et de suivre de près toutes les questions liées à la sécurité.
Actuellement, nous avons un gros enjeu : la sécurisation des entrées et des sorties du consulat. L’objectif est d’améliorer la sécurité des usagers, mais aussi celle des agents. Je dois aussi suivre les dossiers que peut me confier le consul général et je coordonne l’action des différents consuls honoraires sur tout le territoire britannique, qui sont pour nous de précieux relais. Certes, nous sommes basés dans la capitale, mais il faut aussi que nous puissions apporter un service public de qualité à nos ressortissants, qui sont installés en région. Enfin, je remplace le consul général quand il est absent, en assurant la gérance du poste.

Comment se passe la coordination avec ces consuls honoraires ?
Depuis mon arrivée, nous avons mis en place des visioconférences avec les consuls honoraires, que nous organisons aussi régulièrement que possible. Nous les encourageons vraiment à nous contacter dès qu’ils ont des questions, car ils ne sont pas forcément spécialistes du domaine. Certains consuls honoraires exercent depuis longtemps et ont acquis de l’expérience, mais d’autres sont complètement nouveaux.
Par ailleurs, nous faisons notre possible pour nous déplacer en région, afin de les rencontrer et d’en profiter pour aller à la rencontre de nos ressortissants. C’est ainsi que nous parvenons à être les plus efficaces possible auprès des Français qui ne vivent pas à Londres.
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Avec le recul et l’expérience de vos postes précédents, quelles sont les particularités du consulat de Londres ?
Premièrement, la particularité principale du poste est sa taille ! La communauté française est immense. Avec Genève et Bruxelles, Londres fait partie des trois plus gros consulats. Le volume d’activité y est impressionnant, notamment pour la délivrance de passeports et de cartes d’identité, avec plus de 50000 titres délivrés chaque année.
Le poste joue un rôle majeur en matière d’état civil et de nationalité : premier au niveau européen pour l’état civil et premier au monde pour le nombre de dossiers de nationalité traités. Le service des visas est également très important, dans un pays où résident des nationalités très variées.
La sécurité du site est-elle devenue une priorité, notamment avec l’important flux de visiteurs au consulat ?
Absolument. La sécurisation du site représente un enjeu majeur, compte tenu du nombre de personnes accueillies. Cela fait partie de mes responsabilités, et j’y accorde une attention particulière. Je suis de près l’avancée des travaux, attendus depuis longtemps, et nous sommes satisfaits qu’ils aient enfin commencé.
Ces aménagements entraînent quelques désagréments pour les usagers, avec la nécessité de réorganiser les circuits au fil du chantier. Les agents sont également impactés : travailler dans un environnement de travaux, avec la poussière et le bruit, reste complexe. Nous faisons en sorte de limiter les perturbations, en programmant certains travaux le week-end, par exemple.
Depuis le Brexit, recevez-vous encore beaucoup de questions des Français concernant leur statut de résidence au Royaume-Uni ?
Oui, il y en a eu énormément après le Brexit, mais aujourd’hui, la situation de nos ressortissants installés ici semble bien stabilisée. Les dernières statistiques montrent que 254.500 Français se sont vu attribuer un statut de résident, ce qui place la France en huitième position ici, au Royaume-Uni.
Le consulat a longtemps accompagné et soutenu les familles qui se retrouvaient dans des situations compliquées pour régulariser leur résidence. Mais honnêtement, aujourd’hui, ces situations sont devenues très marginales.
L’inscription au registre des Français de l’étranger reste-t-elle un message clé que vous souhaitez faire passer ?
Effectivement, nous le répétons en permanence, car il est essentiel. Il faut que nos compatriotes comprennent que cette inscription détermine directement nos moyens d’action. Le consulat est dimensionné en fonction du nombre de personnes inscrites (ceux qui ne le sont pas ne sont pas comptés dans nos potentiels usagers). Nous pouvons faire des estimations, mais sans inscription, rien n’est concret. Et forcément, le ministère ajuste les ressources qu’il nous attribue en fonction du nombre d’inscrits. C’est donc primordial pour garantir un service de qualité à nos ressortissants.
L’enjeu est aussi sécuritaire. Même si le Royaume-Uni n’est pas considéré comme un pays particulièrement à risque, des événements peuvent toujours survenir. Si nous ne savons pas qu’une personne est présente sur le territoire, nous ne pouvons pas nous assurer de sa situation en cas de crise ou de problème. Enfin, l’inscription permet également de participer aux élections, de bénéficier des bourses scolaires pour ceux qui remplissent les conditions, ou encore, pour les jeunes, d’être recensés et d’obtenir les attestations nécessaires pour passer des examens en France.
Que pouvez-vous nous dire sur la communauté française au Royaume-Uni ?
Il est difficile de dresser un profil type de la communauté française ici, car elle est extrêmement diverse ! Nous avons des étudiants, des jeunes professionnels. Il y a aussi des familles installées depuis longtemps, ainsi que des retraités. Cette diversité est ce qui fait la richesse de notre communauté.
C’est pour cette raison que nos consuls honoraires, qui connaissent parfaitement les spécificités locales dans les régions, sont si précieux. À ce titre, nous valorisons les associations françaises également en région. Elles sont très importantes, car elles animent la vie de la communauté française par les événements et les rencontres qu’elles organisent. Ces associations constituent un tissu vivant et essentiel pour les Français à l’étranger.
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