Le général de brigade Jean Laurentin a pris la tête, le 17 juin, de la première division de l’armée royale britannique. Il succède – provisoirement – au commandant Maj Gen Charlie
Pour la deuxième fois dans l’histoire de l’armée britannique, un militaire français prend le commandement d’une division. Qui plus est, la première division, considérée par le Ministery of Defense comme la force la « plus létale » du Royaume-Uni. Jean Laurentin s’est dit « honoré » par cette promotion, bien qu’elle soit provisoire, le temps qu’un nouveau commandant soit promu.
Jean Laurentin, une carrière militaire des deux côtés de la Manche
Tout commence en 1993, lorsque Jean Laurentin sort diplômé de la prestigieuse école militaire de Saint-Cyr. D’emblée officier, il fait son cursus honorum au sein de l'armée de Terre. Il intègre peu à peu les cercles de commandements, en commençant par être chef de camps du président de la République Nicolas Sarkozy, en 2009. Il est alors chargé d’assister le chef de l’État.
En plus, Jean Laurentin accède à l’État-major français. Il est donc témoin du rapprochement militaire franco-britannique, acté par le traité de Londres en 2010. D’où sa propulsion, en 2021, dans les effectifs outre-manche de la première division. Il y assume d’office le statut de commandent adjoint, sous les ordres de Maj Gen Charlie. Celui qu’on devine bon soldat est aujourd’hui ovationné par Maj Gen qui le décrit de « leader respecté et incroyable ».
Brigadier General Jean Laurentin ?? today assumed command of the Division from Major General Charlie Collins DSO OBE ??
— 1 (UK) Division (@1UKDivision) June 17, 2022
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La première division britannique : « Première arrivée, premier choix, première solution »
C’est par cette humble description que le ministère de la Défense britannique conçoit l’importance de la première division. Cela reste pourtant un euphémisme. À l’image de la force Scorpion en France, c’est une unité centrale de l’armée de Terre d’outre-manche. Elle compte 25.000 soldats permanents, dont un millier assure des missions d’intervention autour du globe.
Outre cette importance stratégique, la première division possède un héritage historique. Créée en 1809, elle traversa deux siècles marqués par de grands conflits internationaux. D’abord les campagnes napoléoniennes – nostalgiques, passez votre chemin – où elle joua un rôle non négligeable durant la bataille de Waterloo. Ensuite, elle fut déployée pendant les deux Guerres Mondiales, des tranchées de la Somme à l’évacuation par Dunkerque en 1940, par exemple. Elle n’a pas rouillé depuis.
Témoignage d’une collaboration franco-britannique
Au regard de ce passé, la première division porte un lien avec la France. La promotion de Jean Laurentin à sa tête est donc significative et relance les accords franco-britanniques de sécurité commune. Ils furent enclenchés par deux traités signés à Lancaster House en 2010. David Cameron, alors premier ministre du Royaume-Uni, et le président de la République Nicolas Sarkozy, s’engageaient à investir 50 M d’euros par an dans une coopération militaire. L’échange d’officiers en est une facette, à l’image d’Hervé Bizeul en 2016, premier commandant français d’une force anglaise dans … la première division.
L’axe franco-britannique a pourtant du plomb dans l’aile. En 2021, la crise des sous-marins – capotage d’une vente entre la France et l’Australie – actait l’intégration du Royaume-Uni dans l’alliance AUKUS, partagée avec les États-Unis. Les relations diplomatiques s’étaient progressivement dégradées, ce qui ne joua pas en la faveur des accords militaires. Plus récemment, la guerre en Ukraine a soulevé la possibilité d’une coopération défensive dans l’Union Européenne ; la même qui avait pâtit du traité de Londres en 2010. Elle ne semble pas compatible avec l’accord Paris-Londres et la présidence d’Emmanuel Macron a montré un clair penchant pour l’Europe.
La promotion de Jean Laurentin à la tête de la première division de l’armée britannique, apporte alors un peu de lumière aux relations franco-britanniques. Espérons qu’elles ne passeront pas l’arme à gauche.