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Les inégalités scolaires, talon d’Achille du système français

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Écrit par Selma Djebbar
Publié le 8 décembre 2019, mis à jour le 10 décembre 2019

Une récente enquête PISA classe la France parmi les mauvais élèves dans la lutte contre les inégalités scolaires. Etat des lieux et tour d'horizon parmi les pays de l'OCDE.

Une école «marqueur social»

L'un des enseignements de cette dernière enquête PISA (Programme for International Student Assessment), est que la France se révèle êtrechampionne des inégalités scolaires. Cette évaluation internationale,sous l'égide de l'OCDE, compare tous les trois ans les performances des élèves de 15 ans dans 80 pays du monde.

La France s'en tire avec un score global de 493 points, légèrement au-dessus de la moyenne des pays de l'OCDE (487 points), mais est également le pays où le lien entre le statut socio-économique et la performance scolaire est le plus fort. A titre d’exemple, il y a 107 points d'écart entre un enfant issu d'un milieu favorisé et un enfant issu d'un milieu défavorisé en ce qui concerne la compréhension de l'écrit. Un écart nettement supérieur àcelui observé en moyenne dans les pays de l'OCDE.

Les pays nordiques, modèles de réussite

Parmi les pays qui parviennent à lutter contre les inégalités scolaires età obtenir de bonnes performances au test Pisa 2018, on retrouve des pays nordiques, la Finlande, le Danemark, la Norvège, ou d'autres tels que l'Estonie, l'Australie, l'Irlande, le Royaume-Uni et le Canada. "Tous ces pays ont des systèmes éducatifs avec chacun leurs caractéristiques, mais l'une des tendances générales, c'est un investissement important dans le primaire", ajoute Pauline Givord, analyste à la direction de l'éducation de l'OCDE.

Le Royaume-Uni est à la pointe à ce propos. Sous l'impulsion de Tony Blair dans les années 1990, le pays a institutionnalisé une heure de lecture quotidienne en plus de recruter des professeurs. Ainsi, au Royaume-Uni, 13% des élèves défavorisés sont dits "résilients", c'est-à-dire qu'ils se placent parmi les meilleurs élèves d'une classe. En moyenne pour l'OCDE, ce taux est de 11,4% et seulement 9,5% pour la France.

Plus de mixité et une meilleure formation

L'autre «enseignement» de l'étude est l'importance de mettre en place des politiques qui favorisent la mixité sociale. L'étude révèle que les pays les plus performants dans la lutte contre les inégalités entre les élèves, sont ceux où on remarque peu de différences entre les résultats des établissements. La sociologue Marie Duru-Bellat met aussi en avant laformation des professeurs.

"L'aspect pédagogique du métier est moins développé en France que dans d'autres pays en tête du classement", fait-elle valoir. L'Hexagone est ainsi l'un des pays où les élèves ressentent le moins de soutien de la part de leurs enseignants pour progresser dans leurs apprentissages. Seuls 57% des élèves français estiment que leurs professeurs s'intéressent à leurs progrès, contre 70% des élèves dans le reste de l'OCDE.

Mais si des lignes de force apparaissent chez les pays de l'OCDE caracolant en tête du classement Pisa, la transposition de mesures venues de systèmes scolaires étrangers n'est pas toujours évidente,soulève Marie Duru-Bellat avant de conclure : "C'est plus compliqué qu'un jeu de mécano, où il suffit de prendre ce qui nous plaît".