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OLIVIER BROCHET - "L’enseignement français : l’excellence pour tous"

Olivier brochet AEFEOlivier brochet AEFE
Écrit par Damien Bouhours
Publié le 18 novembre 2019, mis à jour le 19 novembre 2019

Le plan de développement de l’enseignement français à l’étranger était l’un des plus attendus par les expatriés. Le directeur de l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger (AEFE), Olivier Brochet, revient avec nous sur les enjeux de ce plan et la stratégie de l’Agence pour mener à bien ce chantier titanesque.

 

Les ambitions du Président de la République sont de doubler le nombre denfants scolarisés dans les Lycées français dici 2030. Quelles sont les nouvelles organisations que l’AEFE met en place dans ce cadre ?

L’AEFE est la colonne vertébrale du réseau et a été chargée de porter cette expansion en lien avec les ambassades et le quai d’Orsay qui sont chargés d’identifier le potentiel  de développement. L’idée étant de déterminer la place du dispositif français par rapport à la concurrence et de voir comment les établissements existants peuvent grandir et quels établissements devraient se créer.  Nous accompagnerons donc tout ce travail d’analyse qui a été et sera réalisé.

 

Depuis le 1er janvier 2019, nous avons un service de l’appui au et du  développement du réseau au sein de l’Agence et nous envoyons ses responsables prendre contact avec ces nouveaux partenaires qui se manifestent et qui ont été validés par les ambassades comme ayant des projets solides et cohérents par rapport à la stratégie locale. Nous identifions avec ces nouveaux projets quels sont leurs besoins d’accompagnement pour aller le plus rapidement possible vers l’homologation. Depuis le début de l’année, nous avons déjà signé plus d’une vingtaine de conventions d’accompagnement avec des établissements et une vingtaine d’autres sont en négociations. Nous sommes là pour accompagner et stimuler cette dynamique et faciliter l’accès.

 

Nous devons valoriser l’inclusion au sein de nos établissements

 

Quels sont les enjeux de l’AEFE suite à l’annonce de la réforme de l’enseignement français à l’étranger ?

 

Le premier enjeu est la valorisation de l’enseignement français à l’étranger pour renforcer ses atouts et les faire connaître, pour créer l’intérêt des familles mais aussi des investisseurs. Nous sommes dans une compétition internationale en matière d’éducation. Le nôtre a une bonne renommée mais il faut garantir qu’elle s’accroisse. Il faut sortir du cadre de ceux qui connaissent l’enseignement français pour toucher des familles qui sont à la recherche d’un enseignement de qualité. A nous de montrer que l’on apporte une réponse aux besoins des familles.

 

La dimension plurilingue de nos établissements est également à mettre en avant. Nous avons 168 sections internationales dans les Lycées français à l’étranger, cela représente un tiers des sections internationales dans l’ensemble de l’enseignement français. Notre objectif est de doubler ces sections internationales dans les trois prochaines années, ce qui correspond à une véritable demande. Ces sections internationales existent depuis le primaire et en plusieurs langues : principalement en anglais mais aussi en espagnol, allemand ou encore arabe. Cela fait la différence notamment avec le système anglophone qui ne garantit pas le plurilinguisme des élèves, contrairement à nous.

 

Nous devons également valoriser l’inclusion au sein de nos établissements. L’enseignement français à l’étranger est un enseignement d’excellence pour tous. Nous allons accentuer ce travail de fond et lors de la semaine des Lycées français du monde nous avons justement un colloque sur l’inclusion pour approfondir la problématique et pour avoir pour l’année 2020 une véritable politique de l’inclusion et la généraliser au niveau de l’Agence.

 

 

Combien faudra-t-il d’établissements nouveaux et quelle sera la proportion entre élèves français et élèves étrangers ?

 

Les proportions sont déjà différentes entre établissements mais si on parle des chiffres tendanciels, on restera probablement sur une proportion de deux tiers d’élèves étrangers et un tiers d’élèves français. Aujourd’hui, il y a des grandes villes secondaires dans les pays qui n’ont pas d’établissement français et on ne pourrait pas en créer un pour les quelques familles françaises présentes sur place. Mais si on arrive à faire prendre cette dynamique auprès des publics locaux pour développer des établissements, cela bénéficiera aussi à ces Français.

Quant au nombre de nouveaux d’établissements, cela reste difficile à dire, même si on sait que l’on aura peu de créations de grands établissements et plutôt des petites structures qui sont vouées à grandir. La réflexion sur la stratégie de développement se fera localement avec tous les acteurs.

 

Beaucoup de gens ont retenu que l’idée que la réforme est un plan d’intégration de nouveaux établissements, ce qui est vrai. L’effet d’annonce a permis pendant l’été d’augmenter le réseau de 31 nouveaux établissements et de 15.000 le nombre d’élèves scolarisés. Une part de la croissance se fera donc par cela, mais l’existant n’est pas oublié et il bénéficiera de cette dynamique.

 

Il nous faut des enseignants bien formés et qui garantissent la qualité de l’enseignement

 

Quelle est la stratégie de l’AEFE quant au recrutement et à la formation des nouveaux enseignants nécessaires suite à cette réforme ?

 

Si on veut doubler le nombre d’élèves, il faudra certainement doubler le nombre d’enseignants. Il nous faut donc des enseignants bien formés et qui garantissent la qualité de l’enseignement. Pour ce faire, il y a plusieurs ressources. L’Agence pour l’enseignement français à l’étranger a plus de 6000 personnels  enseignants titulaires. Il y a environ 2500 titulaires de l’Education nationale qui sont des détachés directement auprès des établissements partenaires. Et  le ministre de l’Éducation nationale a annoncé que 1000 nouveaux titulaires partiront dans le réseau auprès des établissements partenaires.

 

Dans le cadre du Master MEEF, la mise en place d’un certificat  d’aptitude à l’enseignement français à l’étranger permettra aussi à des étudiants de partir dans des établissements français à l’étranger. Il faudra s’assurer que ces jeunes diplômés puissent monter en compétence rapidement. Dès 2021, nous commencerons d’ailleurs à avoir des étudiants en stage dans nos établissements.

 

La croissance se fera aussi par le développement du recrutement local de Français ou de ressortissants locaux. L’enjeu est donc la formation. Nous travaillons à la mise en place dès le 1er janvier prochain de 16 instituts régionaux de formation pour permettre de renforcer la politique de formation, notamment auprès des néo-recrutés locaux. Cette offre de formation sera développée avec toutes les structures disponibles, les nôtres mais également celle du Ministère de l’Éducation nationale et des opérateurs qui ont leur propre dispositif comme la MLF.

 

 

Quelle est la stratégie de l’AEFE envers ses anciens élèves et notamment envers l’ALFM ?

 

Il y a beaucoup d’établissements qui avaient leur propre association, c’est pour cela que l’ALFM est née. Après  presque 10 ans (création avril 2010), il est apparu que l’ALFM devait prendre pleinement son essor. Nous continuerons de soutenir l’ALFM et le travail de sa présidente Madame Tchimbakala et de ses équipes. Il est prévu de doubler le nombre de représentants des parents d’élèves au sein du Conseil d’administration de l’AEFE, mais également de créer un siège au CA pour les anciens élèves du réseau, ce qui n’existait pas auparavant.

 

De notre côté, pour ce qui est des jeunes anciens élèves, nous conservons Agora, qui continue de se développer avec plus de 80.000 membres et qui met en place de nombreux projets dont le dispositif ADN-AEFE. Plus de 500 échanges scolaires ont eu lieu l’année dernière et nous prévoyons en 2020, 1000 échanges scolaires entre établissements à l’étranger mais aussi avec des établissements en France.

 

La maternelle est là où on pose les bases de la réussite

 

La 3e édition de la Semaine des lycées français du monde est programmée du 18 au 22 novembre 2019. Elle propose de rassembler tous les établissements du réseau autour de la thématique : « De la maternelle au baccalauréat : l’enseignement français pour réussir ». Pourquoi cette thématique ?

 

Monsieur Blanquer est le parrain de cette 3e édition. Nous organisons un certain nombre d’évènements à Paris et à Londres, qui seront diffusés sur nos différents réseaux et qui donneront aussi des éléments de communication à nos établissements, qui vont présenter les attraits de l’enseignement français à l’étranger. Plus de 200 établissements se mobilisent également durant cette semaine à travers différents évènements locaux.

 

Si nous avons voulu faire un focus sur la maternelle et le baccalauréat, c’est pour montrer ce qui fait la force de l’enseignement français à l’étranger. La maternelle est un produit phare de l’enseignement français à l’étranger. C’est le point d’entrée dans le système. Pédagogiquement parlant, la maternelle est là où on pose les bases de la réussite et c’est aussi ce qui nous différencie des autres systèmes éducatifs internationaux. Nous devons également valoriser le nouveau baccalauréat, qui est le point d’orgue de ces 15 années d’études. Les parents doivent être rassurés par ce baccalauréat qui permet des débouchés à leurs enfants dans les meilleurs établissements supérieurs français mais aussi étrangers.

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