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Éric Miné : « Le Rassemblement National n’est pas un mouvement fermé »

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Écrit par Aurélie Billecard
Publié le 20 janvier 2021, mis à jour le 22 février 2021

À l’approche des élections des conseillers des Français de l’étranger en mai 2021, les partis politiques s’activent dans leur campagne électorale. Éric Miné, conseiller pour la circonscription de Thaïlande-Birmanie et responsable des élections pour la fédération des Français de l’étranger du Rassemblement National (RN), nous confie comment son parti s’organise pour le prochain scrutin.

 

Pourquoi est-il important pour les Français de l’étranger de prendre part à ces élections consulaires ?

Le taux de participation des Français de l’étranger aux élections en général est plutôt faible et il le fut en particulier en 2014 quand eut lieu le premier scrutin pour désigner ceux qu’on nommait encore « conseillers consulaires ». Présenter comme on le fait les mandats en jeu comme ceux de simples « élus de proximité » est la source, probablement, d’une ambiguïté démobilisatrice. Le « conseiller des Français de l’étranger », tel qu’il est appelé désormais, est certes un élu qui délibère sur les questions sociales, l’attribution des bourses scolaires et intercède lorsqu’un compatriote est en difficulté, mais, en pratique, les dossiers d’assistance sont préparés et présentés par les services consulaires, l’administration ayant seule la capacité de le faire, comme d’ailleurs elle décidera seule, in fine, de l’attribution des subventions aux associations qui auront été discutées par les conseillers en réunion dites STAFE.

Réduire donc le mandat proposé à l’électeur à ce rôle, c’est un peu comme appeler à voter pour un conseil municipal dont le maire serait inamovible. On comprend que ce type de scrutin ne passionne pas les foules et on omet selon moi l’essentiel : ces élections sont avant tout un scrutin politique.

Politique, une élection au suffrage universel l’est toujours. Celle-ci notamment puisqu’il n’est pas donné souvent à nos compatriotes résidant à l’étranger d’exprimer leur sentiment sur l’état de la France.

Politique aussi la désignation un mois plus tard par ces conseillers fraîchement élus de 90 d’entre eux appelés à siéger à l’Assemblée des Français de l’Étranger (AFE). Ces « super conseillers » auront, eux, la possibilité d’interpeller le gouvernement, de l’informer et de lui faire des propositions sur les sujets propres à l’expatriation, par groupes partisans formés selon les couleurs qu’ils afficheront dès lors.

Politique enfin l’élection des 12 sénateurs des Français établis hors de France, puisque leur mandat de 6 ans est renouvelé par moitié tous les trois ans par le collège électoral formé précisément pour l’essentiel par les conseillers qui seront élus en mai prochain.

C’est ainsi par exemple qu’en 2017, M. Grangeon, un proche du président Macron, fut empêché d’entrer au sénat, la liste LREM qu’il menait ne parvenant pas à engranger un nombre suffisant de voix des grands électeurs.

Outre un vote de proximité, les élections consulaires de mai 2021 seront aussi une rencontre politique du peuple français du lointain avec ses représentants. Elles méritent qu’on y prenne part.

 

Ce contexte n’est pas propre à rassurer les électeurs

Pensez-vous que le vote en ligne permettra une mobilisation plus importante des électeurs ?

En 2014, le vote en ligne était déjà en place pour ce scrutin. Il favorise en principe la participation des Français de l’étranger aux élections puisqu’ils ont la possibilité de voter de chez eux. Il peut toutefois générer une certaine méfiance, sur la qualité des prestataires et le contrôle des votes entre autres. Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères avait mandaté la société SCTYL, qui était sous administration cet été et, à l’heure où je vous réponds, ce système de vote est aussi l’objet de nombreuses contestations aux USA. Ce contexte n’est pas propre à rassurer les électeurs et il serait souhaitable qu’une totale sécurité de ce procédé soit établie.

Il semble que son usage sera toutefois incontournable en mai prochain dans le cadre de la crise sanitaire globale que nous connaissons.

 

Comment s’organise cette campagne au sein du Rassemblement National ?

Avec aujourd’hui 3 élus sur 440, le Rassemblement National part de loin. Nous avions en 2014 un handicap de notoriété et la course reste difficile pour un parti qui ne dispose pas comme d’autres de représentants de longue date à l’étranger.

Soutenue désormais par la « Droite Populaire », de l’ancien député des Français de l’étranger Thierry Mariani, notre campagne s’organise donc autour de la recherche de candidatures nouvelles, pour les soumettre au plus vite à l’investiture de notre mouvement. L’objectif est de présenter des listes dans le plus de circonscriptions gagnables sur les 130 en jeu afin d’obtenir davantage d’élus. Plusieurs sont finalisées, elles avaient été déposées en mars dernier, d’autres restent à compléter. Certaines circonscriptions, je pense à la Belgique ou d’autres en Europe, nécessitent plus de 20 candidats pour constituer une liste électorale. Les dames y sont particulièrement recherchées car ces listes doivent être composées en parité et cette condition légale est souvent une gageure pour le RN à l’étranger, difficulté paradoxale il est vrai pour un mouvement présidé par une femme, Marine Le Pen.

J’invite donc les Français – et Françaises – de l’étranger, où qu’ils soient, à nous contacter pour participer à cette élection. Le Rassemblement National n’est pas un mouvement fermé, au contraire. Si nous voulions le qualifier par  une image, nous pourrions dire qu’il est une marque – pas au sens commercial du terme mais au sens de l’affirmation publique de valeurs immuables – avec une vision des Français dans le monde sous forme d’adage : pour aimer les autres et vivre avec eux hors de chez soi, s’aimer soi-même, se connaître et savoir d’où l’on vient.

 

Le plus grand défi des Français de l’étranger est la crise sanitaire et ses conséquences

Quel est selon vous le plus grand défi auquel font face les Français de l’étranger aujourd’hui ?

Le plus grand défi des Français de l’étranger est la crise sanitaire et ses conséquences. C’est un défi immédiat, pouvant avoir des répercussions sur le long terme. Avec toutes les mesures prises par les gouvernements à travers l’Europe et hors d’Europe, ils se retrouvent dans l’impossibilité de voyager, avec des familles divisées. Même les diplomates sont aujourd’hui contraints dans de nombreux pays d’effectuer des quarantaines plus ou moins longues dans des hôtels, ce qui est pourtant contraire aux conventions signées par les États. Nous sommes dans une situation très particulière où de nombreux accords, traités et usages sont remis en cause.

Alors qu’on nous vend depuis des lustres la « mobilité internationale » ou autres « citoyennetés du monde », cette crise engendre aussi un questionnement plus durable, sur la notion même d’expatriation. Je n’aime pas beaucoup ce mot, il donne l’impression que l’on devrait perdre sa patrie dès lors que l’on part s’établir ailleurs. C’est pour moi tout le contraire et c’est quand l’on est loin de son sol qu’on conserve en son cœur ce qui s’y rattache, ça s’appelle le patriotisme. Mon espérance est que ce sentiment nous aidera à surmonter cette rude épreuve.

 

Nos compatriotes de l’étranger ne sont pas des Français de seconde zone

Pouvez-vous nous détailler les grands axes de votre programme pour ces élections ?

Le rôle stricto sensu des conseillers des Français de l’étranger ne permet pas de présenter un vrai « programme » pour leur élection puisque, on l’a vu, si leur pouvoir politique est réel, il ne s’exerce qu’indirectement.

À défaut donc de définir des grands axes, la campagne électorale permettra aux candidats de rappeler les principes qui nous animent, l’attachement au service public pour nos compatriotes de l’étranger et la vigilance sur les questions fiscales notamment. On voit bien qu’en ces domaines le parti présidentiel – LREM – regarde les Français de l’étranger comme le loup lorgne l’agneau, alimentant la suspicion que ce sont des personnes favorisées qui s’installent à l’étranger. Il est alors tentant pour le gouvernement de réduire les budgets alloués aux consulats au prétexte d’une « dématérialisation » soi-disant moderne ou de vouloir taxer, comme il en avait été question, les revenus de source française au premier euro perçu, sans une pensée pour les petites retraites. Je rappelle quand même que plus de 50% de nos compatriotes sur le territoire français ne paient pas d’impôts sur le revenu…

Le programme du RN, s’il en est pour ces élections, sera ainsi de rappeler que nos compatriotes de l’étranger ne sont pas des Français de seconde zone.

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