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A. Chateau-Ducos : « EELV veut redonner l’accès aux services publics »

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Écrit par Némo Empis
Publié le 7 janvier 2021, mis à jour le 29 janvier 2021

À quelques mois des élections des conseillers des Français de l’étranger, Alexandre Chateau-Ducos, responsable des Français hors de France pour Europe Écologie - Les Verts (EELV), revient avec nous sur la préparation de la campagne du parti vert.

Pourquoi est-il important pour les Français de l’étranger de prendre part à ces élections consulaires ?

Les Français de l’étranger sont les premiers à être témoins du changement climatique à l’échelle mondiale. Ce sont en quelque sorte des lanceurs d’alertes qui se rendent compte que nous ne pouvons plus continuer comme ça et qu’il faut changer de modèle. C’est pour cela qu’il est très important et même primordial pour EELV d’être représenté lors de ces élections consulaires. Nous souhaitons qu’il y ait le plus de votants possibles pour que le scrutin soit un minimum représentatif de la population française à l’étranger. En ce sens, nous ne voulons pas que cette élection soit une élection de « réseaux », mais plutôt une élection citoyenne, où chacun ait son mot à dire.

Beaucoup voient en ces élections, des élections locales. Mais elles ont aussi des portées nationale et internationale puisque tous les expatriés français sont concernés par les mêmes problématiques, surtout ceux situés en dehors de l’Union Européenne. Ce scrutin a d’ailleurs d’autres enjeux, liés aux sénatoriales et aux législatives notamment, puisque le fait d’avoir des élus permet à un parti d’avoir une certaine assise locale et donc de pouvoir relayer des messages et des programmes politiques.

Pensez-vous que le vote en ligne permettra une mobilisation plus importante des électeurs ?

D’abord il faut savoir que je suis pour le vote électronique mais contre le système tel qu’il est proposé actuellement. Nous en avons constaté les limites et les déboires avec la société qui a fait faillite et qui en plus ne correspondait pas du tout à des critères techniques de sécurité nécessaires. C’est un progrès, c’est indéniable, mais s’il y avait bien quelque chose à ne pas faire avec ce projet, c’est un PPP (partenariat public-privé). Il aurait fallu développer ce système en interne, au sein du ministère de l’Intérieur, afin qu’il puisse être géré par l’État.

En plus, la pandémie nous prouve que nous allons même y être contraints. Seulement il reste pas mal de problèmes à régler : beaucoup d’expatriés n’ont pas de réseau stable là où ils sont ou alors certains ne sont pas suffisamment équipés. Ce n’est pas une révolution, ça pourra l’être mais pour le moment c’est compliqué et donc l’augmentation du taux de participation ne passera pas par là.

J’ai d’ailleurs proposé une alternative au secrétaire d’État Jean-Baptiste Lemoyne à ce sujet, celle d’augmenter le nombre de procurations autorisées par personne, en le faisant passer de trois à cinq. Cela démultiplierait la possibilité de vote pour les citoyens et dans un souci sanitaire, moins de personnes se déplaceraient aux urnes.

Comment s’organise cette campagne au sein de votre parti ?

Nous avons fait un très gros travail de programmation. Ce n’est pas un bureau à Paris qui a décidé du programme mais bien l’ensemble des candidats locaux qui ont participé à son élaboration. Nous avons mis en place un groupe de travail d’une quinzaine de personnes qui s’est concentré sur cinq thématiques principales. Nous sommes encore dans le processus de consolidation, de construction des propositions. Avec la situation actuelle, beaucoup de nos inscrits sur les listes se sont retirés ou ont d’autres préoccupations que de se lancer dans une campagne électorale. Nous travaillons pour boucher quelques trous et surtout pour monter des listes là où nous ne sommes pas encore présents.

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Alexandre Chateau-Ducos

 

Quel est selon vous le plus grand défi auquel font face les Français de l’étranger aujourd’hui ?

Nous voulons redonner aux expatriés un accès correct aux services publics. Ce sera vraiment le coeur de notre campagne. Ces élections sont à consonance locale, nous devons donc nous approprier des sujets qui tiennent à coeur aux Français de l’étranger. Nous gardons évidemment nos idées d’écologie politique puisque notre fer de lance, c’est quand même la solidarité. Mais cette solidarité, elle doit se faire via les services publics. Ils sont les derniers recours en cas d’urgence, nous l’avons constaté pendant la pandémie : tous les ressortissants se sont tournés vers les consulats pour obtenir de l’aide et avoir des réponses. Le désengagement de l’État il y a 15 ou 20 ans concernant ces services, nous le ressentons aujourd’hui ! Nous l’observons aussi dans le réseau éducatif, nous arrivons au bout de ces logiques d’économie libérale et d’économies à tout prix.

Il nous paraît donc nécessaire de remettre le service public au coeur de nos politiques des Français de l’étranger. Il faut rouvrir certains consulats, redéployer notre diplomatie à la fois politique et culturelle. La France doit retrouver sa place dans la diplomatie mondiale et cela passera évidemment par les trois millions de Français qui vivent à l’étranger.

Pouvez-vous nous détailler les grands axes de votre programme pour ces élections ?

Nous avons décidé de cinq principaux axes de campagne. L’éducation est l’un d’eux, c’est une priorité pour les expatriés de pouvoir scolariser leurs enfants. Il ne faut absolument pas que ce soit un obstacle au fait de se déplacer dans le monde entier. Nous ne voulons pas non plus qu’il y ait de rupture républicaine entre les enfants français. L’un de ces autres axes est la culture, à laquelle nous attachons beaucoup d’importance.

Évidemment l’écologie est également au coeur de notre programme. Nous avons des propositions liées à la sauvegarde du climat. Nous estimons que les politiques publiques françaises doivent intégrer des principes de base à propos de la biodiversité, et surtout porter un regard neuf sur l’évolution du climat. Au-delà de ça, nous nous concentrons sur l’action sociale et consulaire, nous voulons remettre de l’humain derrière tout cela. Si la France veut avoir cette ambition de rayonnement international - via les ressources et les personnes présentes dans les différents pays -, il faut y mettre les moyens et surtout la volonté. Aujourd’hui il y a des vraies demandes sur le terrain, notamment de Français qui veulent s’engager et faire bouger les choses avant que le drame écologique n’arrive.

En 2014, nous n’avions que deux listes à présenter à travers le monde, aujourd’hui il y en a 50 ! Notre volonté politique n’est pas d’être le plus possible mais plutôt de pouvoir être présents sur place et surtout de peser.