Alors que le premier tour de la présidentielle 2022 approche, nous sommes allés à la rencontre des 12 prétendants à l’Elysée. Services publics à l’étranger, droit à mourir, retour en France,… Anne Hidalgo, candidate du Parti Socialiste, a répondu à nos questions.
Je veux être la présidente qui relance la construction de l’Union européenne
Quelle présidente voulez-vous être pour les Français ?
Je veux être la présidente qui apaise la France et qui la réunisse dans la justice. Je veux être la présidente qui permette à la France de s’engager résolument dans la transition écologique. Je veux être la présidente qui relance, avec mes amis sociaux-démocrates, la construction de l’Union européenne, pour qu’elle soit plus unie, plus forte, plus démocratique et plus juste.
Le droit à mourir dans la dignité sera la grande réforme de mon quinquennat
Quelles sont les trois priorités de votre projet présidentiel ?
Je souhaite que les Français puissent vivre dignement de leur salaire. Pour cela, j’augmenterai le SMIC de 200 euros net par mois.
L’hôpital est tous les jours un peu plus en danger depuis 2017. Je souhaite que nous tournions la page de l’hôpital-entreprise, un lit occupé n’est ni un coût ni une source de profit, c’est un Français qui souffre et dont nous devons prendre soin. Nous partirons de l’état de santé et des besoins des Français pour définir le budget annuel de la santé en France.
Le droit à mourir dans la dignité sera la grande réforme de mon quinquennat. C’est une réforme attendue par les Françaises et les Français qui veulent pouvoir choisir leur fin de vie. Cette grande loi de liberté s’inscrira dans la ligne de la loi sur l’IVG, sur l’abolition de la peine de mort ou sur le mariage pour tous.
J’ai une pensée particulière pour nos compatriotes expatriés touchés par les crises qui se multiplient. Je souhaite renforcer nos aides et notre accompagnement notamment avec un retour en France facilité pour ceux qui le souhaitent.
Les Français de l’étranger ont été les premières victimes de la désorganisation des services de l’Etat
Quel regard portez-vous sur la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement actuel et notamment sur les mesures prises pour les Français de l’étranger ?
Le gouvernement n’a rien retenu en deux ans d’épidémie. À chaque nouvelle vague les décisions ont été prises sans aucune concertation avec les acteurs de terrain. Alors que les Maires demandent davantage de confiance de la part de l’État, ils n’en reçoivent jamais. Et on en a régulièrement vu les conséquences. Par exemple, la communauté éducative nous dit toute l’inefficacité des dispositifs proposés tout au long de la crise.
Ce gouvernement a mis l’hôpital en danger en refusant d’écouter les demandes des personnels médicaux. Quel cynisme de les applaudir à 20h pendant quelques mois pour mieux supprimer 5.700 lits par la suite.
Les atermoiements sur les règles de retour en France ont également pénalisé fortement les Français vivant à l’étranger. Ils ont été les premières victimes de la désorganisation des services de l’Etat dès la fin de l’année 2019. Beaucoup d’entre eux n’ont pu obtenir un vaccin reconnu par la France. D’autres ne peuvent toujours pas rentrer en France pour voir leur famille, leurs proches.
Il aura fallu attendre un arrêt du Conseil d’Etat pour que les Motifs impérieux mis en place par le gouvernement pour les Français de l’étranger qui retournent en France, soient suspendus et que leur droit au retour soit rétabli. Je m’engage à accompagner celles et ceux qui souhaitent revenir en France.
Il faut pouvoir réussir son installation à l’étranger et il faut pouvoir se réinsérer facilement en France à son retour
Quels sont, selon vous, les principaux défis rencontrés par les Français de l’étranger ?
Sur le plan personnel, l’expatriation est compliquée car c’est l’appréhension d’une nouvelle culture et d’une nouvelle langue, c’est pourquoi l’accompagnement administratif, éducatif et culturel constitue une aide importante à l’intégration. Les Français de l’étranger doivent s’insérer le plus facilement et rapidement possible dans leur pays de résidence. Au moment du retour en France, le principal défi est la prise en compte de l’expérience acquise à l’étranger par les services publics et les entreprises. Les défis sont donc doubles : il faut pouvoir réussir son installation à l’étranger et il faut pouvoir se réinsérer facilement en France à son retour.
Dans de plus en plus de pays, l'enjeu de la sécurité prend également de plus en plus d'importance : ils sont en première ligne pour assister aux guerres, aux famines, et aux conséquences de la crise climatique ou de l'affaiblissement diplomatique de la France.
N'oublions pas aussi tous ces jeunes qui souhaitent rentrer étudier dans leur pays d'origine, mais ne peuvent plus. Parcoursup a non seulement créé des inégalités en France, mais également à l'étranger. Qu'ils soient issus des systèmes éducatifs français à l'étranger ou de leur pays d'accueil, d'écoles européennes ou de lycées internationaux, tous se heurtent au même mur : l'algorithme de Parcoursup. Il est temps d'y mettre fin, et de donner la priorité à leurs aspirations.
La priorité est de donner à nouveau des moyens à nos services publics à l’étranger
Quelles sont les mesures que vous aimeriez mettre en place en faveur des Français de l’étranger ?
Les binationaux représentent une part de plus en plus importante des Français de l’étranger et il est important de faciliter leurs liens avec la France et de valoriser leur double culture, le bilinguisme, les échanges et le partage. Pour cela, il est indispensable de soutenir financièrement le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, d’autant plus que des économies lui sont demandées depuis 20 ans. La diminution de 10% de la masse salariale durant le quinquennat Macron a entraîné la suppression de plus de 250 postes en 3 ans avant que cette tendance ne soit interrompue en 2020 par la pandémie. Les personnels de nos postes diplomatiques sont en grande souffrance et travaillent à flux tendus. La délivrance des visas et titres d’identité prend du retard en raison du manque de personnel pour traiter les demandes. De même, 512 postes ont été supprimés dans le réseau d’enseignement français à l’étranger.
La priorité est donc de donner à nouveau des moyens à nos services publics à l’étranger afin que les Français de l’étranger bénéficient d’un traitement identique à celui des Français résidant en France.
Notre influence diminue au fur et à mesure que nos activités culturelles se réduisent
Comment voyez-vous le rôle de la France et son rayonnement sur la scène internationale ?
La France est le pays des Lumières, une terre d’accueil, la patrie des droits humains. A ces différents titres, elle constitue une référence pour de nombreux pays. Elle doit rester fidèle à ses valeurs mais son rayonnement à l’international est en danger. En effet, la privatisation à marche forcée de notre réseau d’enseignement va rapidement se faire ressentir sur la qualité de l’enseignement français à l’étranger qui repose sur notre excellence pédagogique.
La fermeture des Instituts français d’Oslo et de Valence, la suppression des postes des directeurs des Instituts français de Tanger, Agadir et Fès sont de très mauvais signaux. Notre influence diminue au fur et à mesure que nos activités culturelles se réduisent et ceci a des conséquences néfastes pour nos intérêts économiques. Notre attractivité pour les étudiants étrangers diminue également en raison de notre politique restrictive de visas et nous nous privons ainsi de liens privilégiés avec des personnes qui constituent l’avenir de leur pays. La France a un rôle important à jouer sur la scène internationale mais elle ne pourra le remplir que si elle s’en donne les moyens.
Les difficultés que les Français de l’étranger rencontrent actuellement pour réactiver leurs droits sont inadmissibles
Quelle est, selon vous, la place des Français de l’étranger dans la société française ?
Les Français de l’étranger sont une chance, à la fois pour leur pays de résidence mais aussi pour la France. Ce ne sont pas des Français de second ordre, ils ont toute leur place dans la société française et il faut leur faire savoir, c’est pourquoi je ferai tout pour qu’ils vivent au mieux leur expérience à l’international et surtout pour faciliter leur retour et leur réinsertion en France. Les difficultés que les Français de l’étranger rencontrent actuellement pour réactiver leurs droits sont inadmissibles, de même que la non prise en compte de leurs acquis à l’étranger, qui doivent au contraire être valorisés.