Autres territoires : au Centre culturel canadien, cinq artistes explorent la diaspora

Autres territoires, cinq artistes issus des diasporas africaine et caribéenne — Marie-Josée Gustave, Moridja Kitenge Banza, Emmanuel Osahor, Moses Salihou et Michaëlle Sergile — se rassemblent autour d’une question essentielle : que signifie appartenir à un lieu, quand nos trajectoires sont faites de déplacements, d’héritages multiples et de mémoires fragmentées ? Installés entre Montréal et Toronto, ces créateurs livrent une exposition vibrante, politique, profondément humaine.

Peinture, installation, photographie, textile ou cartographie réinventée : ici, chaque œuvre est un territoire en soi, un fragment d’histoire incarné.

 

 

Créer pour habiter le monde

Marie-Josée Gustave, née en France et d’origine guadeloupéenne, parle d’un ancrage qu’elle fabrique de ses mains.

« Mon territoire, je le crée dans l’espace de création », confie-t-elle.

À travers le tricot, la céramique ou le tissage, elle relie les gestes ancestraux aux enjeux identitaires d’aujourd’hui.

 

 

 

Tisser les absences, réveiller les mémoires

La mémoire, souvent absente ou éclipsée, est au cœur du travail de Michaëlle Sergile. En s’appuyant sur ses archives familiales, elle tisse des silhouettes noires anonymes, familières, dans lesquelles chacun peut reconnaître une part de soi.

« Les histoires que je pensais connaître finissent toujours par se transformer. »

 

 

L’imaginaire comme territoire de résistance

Autres territoires est aussi une exposition sur la projection. Emmanuel Osahor imagine des jardins utopiques où la beauté, le soin et la violence coexistent. Il revendique l’imaginaire comme acte politique :

« Si aucun lieu ne permet à mon corps d’exister tel qu’il est, alors je dois en créer un. »

 

Un art en mouvement, entre exil et réinvention

Loin d’un discours unifié, l’exposition met en avant des voix singulières, des récits personnels, portés par une réflexion commune sur l’identité, la migration, et les symboles hérités. Elle bouscule les représentations, dépasse les frontières, et donne à voir l’art comme un lieu d’ancrage, mais aussi de mouvement constant.

Plus qu’une exposition, Autres territoires est une invitation à écouter autrement. À se laisser traverser par des histoires d’exil, de réinvention, de transmission. Une exposition nécessaire, profondément actuelle.