En 2025, le monde du travail est confronté à une crise globale d’engagement et de bien-être, selon le rapport Gallup. Les salariés, en particulier en Europe, se disent de moins en moins investis, tandis que les managers, surmenés et peu formés, perdent en motivation. Dans ce contexte, l’essor de l’intelligence artificielle offre des opportunités, mais soulève aussi des risques pour les relations humaines au sein des entreprises.
En 2025, le monde du travail traverse une crise profonde marquée par un désengagement massif des salariés à l’échelle mondiale. Le rapport Gallup 2025 met en lumière une chute historique de l’engagement, particulièrement en Europe, ainsi qu’un déclin du bien-être des managers. Cette situation s’aggrave par le stress, l’isolement, le manque de formation et des conditions économiques difficiles. Parallèlement, la montée en puissance de l’intelligence artificielle bouleverse les modes de travail, soulevant des enjeux éthiques et relationnels. Face à ces défis, repenser le rôle du manager et recentrer les stratégies de relations humaines deviennent des priorités urgentes.
Le rapport State of the Global Workplace 2025 repose sur une méthodologie rigoureuse menée par Gallup, basée sur le World Poll : la plus vaste enquête mondiale continue des employés. Les données de 2025, ont été recueillies entre avril et décembre 2024 auprès d’un échantillon représentatif de plus de 227.000 travailleurs, issu de 160 pays, collectées selon des méthodes fiables. L’analyse s’appuie sur l’outil Q12 de Gallup, un questionnaire de 12 questions validé scientifiquement, permettant de mesurer avec précision l’engagement des salariés.
Où l’engagement des salariés est-il le plus faible ?
L'engagement des salariés est reconnu comme un levier stratégique essentiel : il améliore la productivité, la fidélisation et la satisfaction client. Les organisations engagées affichent des taux de performance supérieurs de 20%. À l’échelle mondiale, la situation est alarmante puisque 79% des salariés dans le monde sont non engagés ou sont activement désengagés. En Europe, l'engagement des employés est tombé à 13% et tandis qu’il atteint 31% en Amérique du Nord, des niveaux comparables à ceux observés pendant les confinements de 2020. Le manque d'engagement représente une perte majeure estimée à 438 milliards de dollars (US$438 milliards) en productivité.
Le rapport Gallup fournit également une lecture différenciée selon les régions : l’Europe présente taux d’engagement le plus faible (13 %) mais aussi les taux les plus bas de solitude et de colère au travail ; le Moyen-Orient et Afrique du Nord affichent un faible engagement, pessimisme sur l’emploi et colère élevée; l’Asie du Sud est la région la moins épanouie marquée par des niveaux élevés de colère et de tristesse ; les États-Unis et le Canada se distinguent par un engagement fort mais un stress quotidien élevé ; l’Amérique latine et les Caraïbes montrent les salariés les plus engagés et les plus épanouis ; enfin, en Asie de l’Est malgré une tristesse relativement faible, les intentions de départ sont élevées.
Le lien entre manager et engagement est central
Le rôle du manager apparaît ainsi comme un facteur central dans cette dynamique d’engagement. Les managers subissent une forte baisse de l'engagement qui a reculé de 3 points, avec des baisses plus marquées chez les jeunes (-5 points) et les femmes (-7 points). Le manque de formation accroît le mal-être et le stress managérial pouvant conduire à une perte de leadership essentiel à la cohésion d’équipe.
Dans le rapport, Abum, responsable marketing d’Arabie Saoudite illustre cette pression :
“Les décisions difficiles me mettent la pression psychologiquement, comme l'embauche. Et parfois il n'y a pas beaucoup de ressources.” Abum : responsable marketing d’Arabie Saoudite.
Le désengagement managérial entraîne celui des équipes. Cette crise managériale a un effet direct sur les équipes. 50% des travailleurs mondiaux cherchent activement ou surveillent les offres d'emploi, signe d’un fort désengagement.
En Afrique du Sud, un manager souligne que : "l'équipe fait le travail, mais sans aucune envie".
Le déclin du bien-être au travail mondialement constaté
Le désengagement ne se limite pas à la performance mais engendre aussi des émotions négatives. Il accroît tristesse, colère, isolement et anxiété. 27% des travailleurs à distance déclarent se sentir seuls chaque jour, un indicateur alarmant qui souligne l’urgence d’agir pour restaurer le lien social et managérial au sein des organisations. Gallup note une baisse du bien-être généralisé des salariés dans le monde. Le taux d'employés "s'épanouissant dans la vie" a reculé à 33%. Cela marque la fin d'une amélioration continue observée entre 2011 et 2021. Le mal-être touche toutes les générations, mais surtout les jeunes. Les moins de 35 ans sont les plus exposés au stress, à la solitude et à la tristesse. 60% des jeunes nord-américains disent ressentir du stress chaque jour.
L'inflation et les coûts du logement aggravent la situation. Les pays riches subissent une perte de pouvoir d'achat qui alimente l'insatisfaction. Les baisses les plus fortes du bien-être sont observées en Australie et au Canada.
L’urgence de revaloriser le rôle du manager
Un encadrement reconnu, responsabilisé et correctement formé constitue l’un des leviers les plus efficaces pour renforcer l’engagement des salariés. Le rapport Gallup suggère de se concentrer en priorité sur le réinvestissement dans la formation des managers en tant que principaux vecteurs de motivation et de performance. Le bien-être des managers passe de 28% à 50% avec une formation et un soutien actif. Abu Abdullah A., superviseur en Arabie Saoudite en témoigne dans le rapport :
“J'ai appris de nouvelles méthodes de travail et de nouvelles façons de traiter les employés, et cela m'a beaucoup aidé à relever les défis auxquels je suis confronté à mon poste et à relever les défis auxquels je suis confronté au travail.” Abu Abdullah A, superviseur en Arabie Saoudite.
Intégrer l'IA sans perdre l'humain
Dans ce contexte, l’intégration de l’intelligence artificielle au travail suscite à la fois des craintes et des opportunités. De nombreux salariés craignent que l’IA rende leur emploi obsolète, révélant une inquiétude croissante face à cette révolution technologique. Pourtant, l’IA peut libérer du temps aux managers pour renforcer les relations interpersonnelles, essentielles à l’engagement des équipes. Les managers qui accompagnent régulièrement leurs collaborateurs observent des taux d’engagement supérieurs. Toutefois, le rapport insiste sur l’importance d’un encadrement strict de l’IA pour éviter surveillance excessive et déshumanisation, afin de préserver la confiance et maximiser son potentiel au travail.
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