Après la mort tragique de George Floyd, Afro-Américain, asphyxié par un policier à Minneapolis, la colère et l’indignation ont envahi les rues des grandes villes du monde. Sur les pavés mais aussi sur les réseaux sociaux, les habitants du monde entier se sont unis contre le racisme avec le #Blackouttuesday.
Les Américains révoltés contre l’injustice
Les manifestations se sont déclenchées aux Etats-Unis après l’apparition d’une vidéo montrant l’arrestation d’un jeune homme noir. Plaqué au sol, le cou de George Floyd, Afro-Américain âgé de 46 ans, est bloqué par le genou du policier pendant de longues minutes. Il le supplie : "S’il vous plaît, je ne peux pas respirer" mais l’officier de police ne bougera pas. Le corps de l’homme finit par s’immobiliser.
Le jour du décès de George Floyd, la colère des Américains s'est faite entendre dans plusieurs grandes villes. Les manifestations ont pris de l’ampleur après l’inculpation pour homicide involontaire du policier blanc le 29 mai. Ce vendredi, devant la Maison-Blanche à Washington, des centaines de personnes s’étaient réunies scandant "Arrêter de nous tuer".
Ce mardi 2 juin, après huit à neuf jours de manifestations, les Américains ont protesté dans 140 villes. À Houston, la ville où a grandi George Floyd, près de 60 000 personnes lui ont rendu hommage. D’après l’AFP, le maire de la ville a déclaré "Nous voulons qu’ils sachent que George n’est pas mort en vain." Dans les rues new-yorkaises, on pouvait lire sur des panneaux "Black Lives Matter !"
Les Français présents aux États-Unis ont eux aussi affiché leur indignation contre cette oppression à l’égard de la communauté noire. Parmi eux, Caroline Aragon, vivant à Brooklyn raconte pourquoi elle a voulu participer aux marches protestataires. Selon elle, "être non-raciste n’est pas suffisant."
"D’Adama Traoré à Georges Floyd, même institution, même lutte !"
Selon la préfecture de police de Paris, 20 000 personnes étaient mobilisées devant le tribunal de Paris, ce mardi 2 juin, pour répondre présent à l’appel du comité de soutien à la famille d’Adama Traoré.
Il y a quatre ans, Adama Traoré, alors âgé de 24 ans, décède après avoir été plaqué au sol par plusieurs gendarmes lors d’une interpellation. Depuis, la famille du jeune homme noir, notamment sa soeur, Assa Traoré, cherche à obtenir justice après une enquête concluant à un problème cardiaque. Assa Traoré, micro en mai a pris la parole devant la foule : "C’est un combat que l’on doit remporter. Peu importe d’où tu viens, peu importe ta couleur de peau, peu importe ta religion, peu importe ton orientation sexuelle, tu ne dois pas rester spectateur face à l’injustice, face au meurtre, face à l’impunité policière !"
Les propos tenus, il y a plusieurs semaines, par Camélia Jordana dans l’émission "On n’est pas couché” font aujourd’hui écho à l’actualité. La chanteuse a dénoncé un "système s’en prenant toujours aux mêmes". Elle a expliqué "ne pas se sentir en sécurité face à un flic en France" à cause de ses origines. Camélia Jordana a répondu présente à la manifestation de ce mardi 2 juin en soutien à Adama Traoré et lui a rendu hommage en chantant un hymne des Black Panthers, "la révolution est venue, il est temps de prendre les armes".
Près de 2 000 personnes ont conquis les rues lilloises, dénonçant les violences policières envers la communauté noire. Ils ont notamment répondu à un appel lancé sur les réseaux sociaux et relayé notamment par le "collectif Sélom et Matisse" après la mort en 2017 à Lille de deux jeunes de 20 et 18 ans, percutés par un TER alors que la police intervenait dans le quartier. Sur les pancartes brandies par les manifestants étaient inscrits "Justice pour Adama, Selom et Matisse !", "D’Adama Traoré à Georges Floyd, même institution, même lutte !" ou encore "La police assassine !"
S’unir contre le racisme, mots d’ordre des habitants du monde
Quelques jours après la mort de George Floyd, les Italiens se sont donné rendez-vous à Milan, près du consulat des États-Unis pour manifester. Les Berlinois ont fait de même, le dimanche, en se réunissant devant l’ambassade des États-Unis pour scander "Black lives Matter !" D’autres rassemblements ont eu lieu à Dublin et à Copenhague à proximité des ambassades des États-Unis.
Les Canadiens ont, eux aussi, sillonné les grandes villes du pays, à Vancouver, Montréal et Toronto, en proclamant "No justice no peace" ou "I can’t breathe". La police de Montréal a notamment dénoncé, dans un tweet, les circonstances de la mort de George Floyd : "Autant le geste posé, que l'inaction des témoins présents, vont à l'encontre des valeurs de notre organisation." Les Torontois ont également réclamé justice pour Regis Korchinski-Paquet, morte en 2020, à seulement 29 ans après avoir chuté d’un balcon situé au 24e étage au cours d’une intervention policière.
À Amsterdam, des centaines de manifestants se sont retrouvés à Dam Square, lieu central de la ville le 1er juin 2020. Les Londoniens ont eux protesté aux alentours de Trafalgar Square "Pas de justice, pas de paix !" et "Notre couleur de peau n’est pas un crime."
À Perth, les Australiens ont exprimé leur solidarité aux manifestations américaines, lundi, dans le Central Business District et en ont profité pour dénoncer le traitement des minorités et des aborigènes en Australie.
#BlackLivesMatter, #BlackOutTuesday : la manifestation digitale
Le slogan "Black Lives Matter" apparu aux États-Unis, suite aux décès de plusieurs personnes de couleur, devient le slogan antiraciste des habitants du monde entier. Roland Lescure, député LREM de la 1re circonscription des Français établis hors de France a déclaré "#blacklivesmatter doit nous guider". Le slogan de ralliement a été repris plus de 17 millions de fois dans des publications Instagram, illustrants sous forme de dessins ou de mots choc les récentes violences policières faites aux Noirs.
Les murs des comptes Instagram et Twitter ont tous été remplacés par des carrés noirs pour protester contre le racisme et l’injustice. Plus de 28,5 millions de posts mentionnent le hashtag #blackouttuesday. La protestation venue des États-Unis consiste à "publier un monochrome noir en protestation de la mort de George Floyd." Le #blackouttuesday s’inscrit dans la continuité du mouvement Black Lives Matter et repose sur le fait de ne rien publier pendant toute une journée. Le Black Tuesday, a été initié par de grandes maisons de disques et les Rolling Stones, David Guetta ou Massive Attack ont manifesté un soutien unanime. Véritables lieux de protestation, les réseaux sociaux deviennent un moyen puissant pour dénoncer les injustices de notre société, notamment les violences envers la communauté noire.